Marc Bourrier n’était pas le plus célèbre ni le plus titré des entraineurs qui ont jalonné l’histoire de l’Olympique de Marseille. Cependant, le cours passage de ce solide cévenol dans notre club, restera marquant à plus d’un titre.
Marc Bourrier s’en est allé le 12 août dernier, en plein coeur de l’été. C’est également dans la chaleur estivale, en 1993, qu’il prend les rênes de l’équipe Championne d’Europe, alors que le club marseillais se retrouve dans une tourmente sportive et médiatique sans précédent. Les flonflons de la fête se sont trop rapidement éteints et l’affaire VA-OM éclipse tout le reste. Y-compris les premiers pas du gouvernement Balladur qui entame la deuxième cohabitation sous l’ère François Mitterrand.
Et, pendant que certains journalistes jouent les « Fangios » et se chronomètrent sur le parcours entre Paris et Béthune, les autres cherchent sans succès, à établir la provenance et l’origine de l’enveloppe retrouvée dans le jardin de la grand-mère de Christophe Robert, avec 250.000 francs (38.000 €) à l’intérieur.
Raymond Goethals ainsi que plusieurs joueurs majeurs sont partis, mais l’effectif reste compétitif. Qui va remplacer « Raymond la science » ? À la surprise générale, Bernard Tapie choisit de nommer le peu médiatique Marc Bourrier. Ce natif de Ganges (34) a gardé de ses Cévennes natales, la discrétion, la solidité, l’austérité et l’amour du travail bien fait.
Et ça marche ! L’OM, injustement et arbitrairement privé de compétitions européennes, traqué par la presse, déstabilisé par la justice, défavorisé par les instances et l’arbitrage, réalise une très belle saison. Pourtant promis à une rétrogradation administrative en fin d’exercice, le groupe de Marc Bourrier termine à la deuxième place de D1, enregistrant seulement cinq défaites.
C’est donc comme prévu à l’étage inférieur, que l’OM entame la saison 94/95 et c’est bien entendu Bourrier qui s’y colle. Malgré la descente, plusieurs champions d’Europe sont restés et l’équipe garde une fière allure. Elle va le prouver au cours de confrontations européennes restées légendaires face à l’Olympiakos et le FC Sion, sous la direction de monsieur Bourrier.
Comment oublier les joueurs héroïques de cette saison restée dans toutes les mémoires ? Barthez, Jambay, Casoni, Wacouboué, Marquet, Durand, De Wolf, B. Germain, Dib, Ferrer, Ferreri, Cascarino, Libbra…
Pour l’anecdote (pas drôle), grâce au sinistre Le Graët et sa clique, l’OM restera à jamais le premier club français à rester en D2 malgré un titre de champion de… D2. Marc Bourrier lui, n’est pas resté. En effet, après quelques revers en Championnat et malgré la belle campagne européenne, il est remercié en décembre 1994. Son aventure dans le club provençal n’aura duré qu’un an et demi mais comme toujours chez nous, elle aura été folle et intense.
Avant d’arriver à Marseille, bien que quasiment inconnu du grand public, il était loin de l’être dans le milieu du football français. Après une honnête carrière de joueur durant laquelle entre 1957 et 1968, il évoluera à Montpellier, Lens et Toulon, il rejoindra quelques années plus tard le staff de l’équipe de France.
D’abord adjoint de Michel Hidalgo (76/84), puis d’Henri Michel (84/88), il participera à toutes les campagnes des Bleus qui, durant ces années là, auront marqué le renouveau du football français. Coupe du Monde 1982 (ah Séville !), Euro 1984 (premier titre international pour la France), Coupe du Monde 1986 (victoire inoubliable contre le Brésil à Guadalajara !).
Mais son plus beau succès, sa plus plus grande joie, Marc Bourrier va les connaitre deux ans plus tard, lors de l’Euro Espoirs 1988. Nommé quelques mois plus tôt, il va guider cette génération formidable vers la victoire finale. Emmenée notamment par Bruno Martini, Alain Roche, Franck Sylvestre, Franck Sauzée, Vincent Guérin, Christophe Galtier, Franck Passi, Eric Cantona, Laurent Blanc ou Stéphane Paille, ce groupe magnifique battra successivement en phase finale, l’Italie, l’Angleterre et la Grèce.
Après l’OM, Bourrier officiera quelques temps au SC Sète, avant de terminer une carrière bien remplie à l’Olympique d’Alès, dans ses Cévennes natales. La boucle était bouclée.
Tous ceux qui l’ont côtoyé gardent le souvenir d’un homme sérieux, affable compétent et très proche de ses joueurs. C’est donc un grand monsieur qui nous a quitté le 12 août dernier à près de 90 ans. Cet artisan (au sens le plus noble du terme) aura marqué l’histoire du football français et de son plus beau joyau, l’Olympique de Marseille.
Très bel hommage, merci de nous rafraichir la mémoire !