Amis footeux, bien le bonjour ! Vous aimez le ballon rond, vous rêvez de prendre en main les destinées des amateurs de l’US Pantoufle, voire de diriger un club aux ambitions plus élevées ? Le recrutement estival de l’OM vous semble un tantinet pittoresque ? Alors laissez vous guider dans cette nouvelle rubrique !
Avec ce tutoriel, nous vous proposons une méthode efficace contre les pièges du Mercato et fournissant tous les outils nécessaires à la construction d’une équipe de football à moindre coût, compétitive et agréable à voir jouer ! *
Grâce à nous, vous allez devenir jeunes, beaux, grands, riches, intelligents et p’têt même heureux !
Ouais, rien que ça ! Vous allez cependant constater que ce ne sera pas si facile.
* Jean-Philippe, si tu nous lis…
Première astuce : connaître le prix du marché !
Aussi vrai qu’un paquet de chips vaut moins de seize euros (sauf à Monaco peut-être), un footballeur a une valeur marchande qui varie en fonction de son poste, de son âge, de son statut, de son talent et de ses statistiques.
Forts de ces informations, nous allons exposer quelques principes simples, que même une cellule de recrutement défaillante serait en mesure d’appliquer.
• Au Football, les joueurs offensifs coûtent plus cher que les autres, car pour gagner des matchs, il faut marquer et c’est généralement ce qu’il y a de plus difficile à réaliser sur un terrain.
En Ligue 1, un attaquant de qualité mettra entre quinze et vingt buts par saison. Si on vous propose un avant-centre ayant stoppé huit penalties lors de l’exercice précédent ou un gardien de quarante ans, meilleur buteur du championnat tibétain, même pour quinze petits millions d’euros et « à prix d’ami », il existe une infime probabilité pour que ce soit tout de même un peu cher…
Notez bien que les pigeons morts n’étant pas comptabilisés lors du classement des buteurs, le recruteur peut toujours exiger une garantie « cadrage de frappe » avant d’entamer des négociations.
• Âmes sensibles s’abstenir !
Nous affirmons solennellement qu’un joueur qui sait faire une passe, un amorti poitrine ou un contrôle orienté… C’EST NOR-MAL !
A priori, ça n’augmente pas sa valeur marchande, même s’il maîtrise chacune des trois techniques susdites.
Pour autant, tout porte à croire, par exemple, qu’un journaliste soucieux du bon usage de la langue et jaloux de son indépendance professionnelle soit
vraisemblablement plus apte à rédiger un article intéressant au sujet d’un évènement ou d’une problématique liés au sport qu’un lèche-cul municipal
ou qu’un illettré mondain quand bien même s’agirait-il d’un ancien footballeur ou d’un entraîneur en recherche d’emploi !En appliquant cette logique implacable au football, le recruteur s’épargnera moult surprises désagréables en préférant le profil onéreux d’un
avant-centre complet, vif, adroit et intelligent à celui d’un formidable technicien de surface virtuose du balai-brosse du sceau et de la serpillière
et prêt à commencer dès le lendemain pour un SMIC…• De la même manière, il est de bon ton de vérifier qu’un défenseur central sache se placer, soit solide dans les duels et possède un bon jeu de tête
AVANT d’investir 70 % de son enveloppe budgétaire sur lui…Au passage, nous vous rappelons qu’un « bon jeu de tête » n’est ni une variante de la belote, ni un exercice de calcul mental.
Le bonus du tuto : le terme « plus-value » ne s’applique pas à un joueur acheté vingt millions d’euros — hors salaires et traitements — s’il part libre quatre saisons plus tard ; pensez-y !
Deuxième astuce : prudence avec le « Golazo » !
Nous gardons tous en mémoire le lob de quarante-cinq mètres de Saber Khalifa lorsqu’il portait le maillot d’Evian ou encore la percée ravageuse d’Ibrahima Bakayoko lors du mythique OM-Montpellier de 1998 (5-4 ; 0-4 à la mi-temps). Le point commun de ces deux buts ? Ils ont permis à leurs auteurs de signer à l’OM.
Si Bakayoko n’a marqué que vingt-sept fois en cinq saisons, que dire de Khalifa et son unique réalisation en vingt-huit rencontres, sans parler de son niveau de jeu que les meilleurs éleveurs caprins qualifient de « bucolique » ?
D’un point de vue purement statistique, le recruteur privilégiera donc la quantité à la qualité ! Pippo Inzaghi, lui-même, marquait du nez, de la main, du fessier du genou et parfois même, des cheveux ! S’il n’a jamais réalisé de ciseaux de 80 mètres, ses 313 buts en carrière parlent pour lui.
Attention également aux montages vidéo qui fleurissent sur YouTube ! On y voit parfois un phénomène dribbler l’équipe adverse, ses coéquipiers, l’arbitre, puis placer un ballon en pleine lucarne sans forcer.
Face à ce danger, notre consigne est simple : assurez-vous préalablement que ce ne soit pas une cassette vidéo remastérisée d’Alfredo Di Stephano en 1958, de Johan Cruyff en 1974, voire de Diego Maradona en 1986.
Le bonus du tuto : inscrire un quintuplé contre l’équipe « corpo » de la Poste, gagner la C1 sur FIFA 16, remporter treize euros de gains au Lotofoot ou posséder l’album Panini « Mexico 86 » au complet ne constituent pas des motifs valables de recrutement !
Troisième astuce : le mystère des noms en « Ao, Inho… »
« Vem dançar ! »
Ah le Brésil ! Son soleil, ses plages, ses sublimes cariocas en tenue légère et à la plastique parfaite. La patrie du football où même les chats savent faire l’« Elastico », où un buisson peut inscrire un but — après avoir dribblé Rolando… Le Brésil est magique !
Du reste les footix le savent bien : avoir un brésilien dans son équipe est synonyme de spectacle et de « Jogabonito » (traduisez, « Il est bon ton café gringo ! »). Cependant, il n’est pas rare d’avoir d’immenses surprises si l’on n’y prend garde.
Les coins de rue regorgent d’agents qui ont, soit découvert le nouveau Ronaldinho, soit qui possèdent une éprouvette contenant la semence de Pelé – le vrai – et qui se proposent de vous les céder à un tarif défiant toute concurrence.
Aucun recruteur digne de ce nom ne s’y laisserait prendre nous direz-vous ? Un club professionnel du sud de la France que nous ne nommerons pas, semble pourtant être le client idéal et déclenche des émeutes parmi les agents à chaque période de transferts. Citons pêle-mêle : Marcelinho, Fernandaõ, Brandaõ.
Attention toutefois ! Certains filous utilisent des variantes pour mieux vous spolier : Ferreira, Edson Da Silva, Lucas Silva, Dória, Eduardo Costa ou Dill (vous l’aviez oublié lui hein ?).
Les escrocs aguerris ont même réussi à faire croire que Romao et son strabisme convergent étaient « auriverde », c’est vous dire à quel point il faut être vigilant !
À valeur égale, le recruteur choisira plus facilement un joueur proche géographiquement dans le but d’éviter les erreurs de traduction, courantes dans le milieu, où parfois, une intonation mal interprétée peut coûter trois millions d’euros de plus par rapport aux négociations initiales…
Le bonus du tuto : tout joueur brésilien pisté par le Barça, le Real, Manchester, Chelsea, le Bayern, la Juve, mais qui préfère signer à l’OM « parce que c’est son club de cœur » est potentiellement… une escroquerie intergalactique !
Quatrième astuce : avoir du flair !
Un vrai dénicheur de truffes ?
Le fait de disposer d’un petit réseau domestique fiable* aidera le recruteur dans ses recherches, car un œil aguerri permet souvent de dénicher des pépites. Par exemple, quand un joueur réussit trente-six passes décisives sur une seule saison, y compris en National, il peut aisément en délivrer une dizaine en ligue 1… A contrario, un joueur incapable de cadrer en Ligue 2 Domino’s Pizza a peu de chances de vous faire gagner la coupe aux grandes oreilles.
Pagis, Ribéry, Valbuena — pour ne citer qu’eux — ont tous brillé dans les divisions inférieures avant d’atteindre le haut niveau
À supposer qu’il en possède, le recruteur s’appuiera également sur ses connaissances footballistiques afin de cibler les besoins de son équipe et appliquera cette règle mathématique très simple : si un défenseur défend, un milieu milite et un buteur bute (si, si) !
Dès lors nous pouvons affirmer :
– qu’au football, un attaquant qui joue le hors-jeu, c’est louche !
– qu’un joueur qui court vite doit aussi savoir le faire avec le ballon et lever la tête de temps à autre.
– que le record de cartons rouges et la pratique du Muay thaï ne sont en aucun cas des gages de qualités défensives.
– qu’un avant-centre qui met des coups de coude, qui tacle, qui n’est jamais dans la surface et qui marque deux buts par saisons, ça s’appelle un « milieu défensif » !
– qu’un gardien de but doit aussi savoir utiliser ses mains.
– que si le tricot était un critère de vote, Cabella serait probablement Ballon d’or !Le bonus du tuto : tout joueur, pris de spasmes coronariens à l’évocation des mots « Ligue 1, De Ceglie ou Stéphane Guy » est une recrue potentiellement intéressante, puisqu’il possède au minimum l’intelligence de jeu.
Cinquième et dernière astuce : être lucide !
Avoir les moyens de ses ambitions est primordial en matière de recrutement. Certes, vouloir gagner la C1 avec votre club vous honore. Cependant, faire signer un joueur dont le salaire avoisine le PIB du Japon, sans pouvoir payer le reste de l’équipe et mettre le département en faillite, risque de vous causer quelques désagréments.
De même, recruter cinq arrières gauche(s) pour garder ses cages inviolées toute la saison n’offre aucune garantie, sauf celle de ne plus avoir assez d’argent pour se payer un avant-centre… ou un latéral droit de complément.
Du reste, sachez que le fromage de chèvre et le loto dominical de la salle de fête ne seront pas des arguments suffisants pour que Messi signe dans votre club.
Nous rappelons également que les transferts se négocient en millions d’euros, et non en anciens francs. De fait, hm comment dire… Ce qui est inscrit sur le papier, c’est le vrai prix !
Enfin, si vous mentez aux supporteurs en leur annonçant la « recrue du siècle », n’oubliez pas que les réseaux sociaux existent et que ladite recrue s’empressera d’expliquer à quel point votre tendance mythomane est envahissante (enfin si la recrue en question dispose elle-même d’un peu de jugeote, ce qui est assez rare…).
Le bonus du tuto : gardez à l’esprit que construire une équipe nécessite du temps et des affinités afin que la fameuse mayonnaise prenne. Le recruteur et sa direction éviteront également de se répandre dans la presse, hurlant à qui veut bien l’entendre « qu’ils joueront le titre cette saison », alors que l’effectif a été renouvelé à 80 %… Avec une quinzième place à l’arrivée, ça risquerait de faire mauvais effet !
Voilà c’est terminé ! Vous vous sentez mieux ? Non ? Eh bien nous non plus à dire le vrai, mais nous espérons que ce tutoriel vous sera utile. Nous vous souhaitons une bonne fin de Mercato et une excellente reprise !
De notre côté, eu égard à la saison qui se profile à l’horizon, il nous reste trente-huit journées pour faire preuve d’humour et d’ingéniosité SANS sombrer dans la dépression ou tenter de nous pendre à l’aide d’un peu de fil dentaire par inadvertance, et ce jusqu’à ce que la Ligue 2… la liquidation judi… la mort s’ensuive… jusqu’à la prochaine saison. Ouf…
Souhaitez-nous bon courage !
5/5! Bravo Faycal, excellent tuto.
Quel sera le contenu du prochain? Comment réussir à gérer un club de football? 🙂
Merci JeanFred. Je me suis fixé minimum 1000 vues avant de songer à en faire un autre. Si personne ne le lit ça n’a aucun intérêt. Mais si ça fonctionne le prochain pourrait être plus « technique » disons 😉
Merci SMF ! On est reparti pour une saison de folie… enfin folie genre dépression !
J’ai l’impression qu’on est pas au bout de nos surprises
Bravo, vieux complice ! Ta prose nous manquait.
Bon sang, le temps file. Déjà, la championnat arrive et je n’ai pas encore commencé mes antidépresseurs.
Bonus aux bonus du tuto : demandez à vos femmes / compagnes / souffre-douleurs de bien vouloir mettre sous clé jusqu’en juin prochain tous instruments contondants, tranchants, rouleaux de corde et fils électriques dénudés, ainsi que de résilier l’abonnement au gaz de ville. Quelques troubles de l’humeur sont à prévoir pour la saison à venir.