Pure Marseillaise, Morgane Belkhiter affrontera le 12 octobre son club de cœur, l’OM – où elle a brièvement joué la saison dernière – avec le FC Metz. Elle était donc la candidate idéale avant ce choc entre deux équipes proches au classement et visant toutes deux avant tout le maintien dans l’élite. Long entretien avec une jeune femme chaleureuse et toujours ambitieuse – au bon sens du terme !
Q : Bonjour Morgane. Très heureux de t’avoir au bout du fil pour cet entretien à quelques encablures du match que tu viendras disputer à Marseille avec ton club de Metz contre l’OM.
R : Bonjour et merci. Ça me fait très plaisir.
Les débuts
Q : On démarre si tu le veux bien par la question classique : comment es-tu venue au foot ?
R : J’ai commencé à jouer à l’école, puis dans le quartier avec mes collègues. Ensuite j’ai signé dans un premier club, ça a commencé comme ça.
Q : C’était à Marseille ?
R : Oui. Je suis de Marseille, du 11e, je suis seulement née à La Ciotat.
Q : Tu avais quel âge lorsque tu as pris ta première licence dans un club ?
R : 13 ans. J’ai commencé tard.
Q : Comment ont réagi tes parents ? Ils t’ont encouragée ou étaient plutôt rétifs à l’expérience ?
R : Vu que mon petit frère faisait du foot dans un club, mes parents ont été d’accord avec mon désir, je n’ai pas eu de problèmes avec eux pour ça.
Q : Que s’est-il passé ensuite ? Peux-tu me faire un petit résumé de ta carrière jusqu’ici, nous reviendrons ensemble sur certains épisodes, bien sûr.
R : J’ai donc commencé à 13 ans à l’ES Pennoise, le club de La Penne sur Huveaune, dans les environs de Marseille. J’ai joué avec les garçons jusqu’à 15 ans. J’ai arrêté le foot pendant deux ans, puis j’ai signé à l’US Mazargues, en District, j’avais 17 ans.
Q : Pourquoi cet arrêt de deux ans ?
R : Ma mère ne voulait pas trop que je joue dans un club de filles, en fait. Elle voulait en priorité les études. Pour moi, à l’époque, le foot n’était pas encore quelque chose de très important, alors j’ai accepté.
Q : Ta mère acceptait mieux que tu joues avec des garçons qu’avec des filles ? C’est presque curieux…
R : (rires) Oui ! C’était par rapport à la bagarre au Celtic Marseille [1], alors elle ne voulait pas que j’aille jouer avec des filles. Une mère protectrice (rire) !
Q : Une histoire sordide que cette bagarre… Donc, arrêt deux ans, puis retour au foot à Mazargues.
R : Oui, ils m’avaient contactée. J’y ai joué un an, puis j’ai rejoint le FA Marseille en D2. Là aussi, je ne suis restée qu’un an avant de signer à Nîmes pour deux ans, en D1 puis en D2. Après, ça a été Albi en D1, un an. Puis l’OM, toujours en D1, pendant 6 mois, jusqu’à la trêve hivernale, où je suis partie au FC Metz où je joue ma 2e saison.
Q : Je note que tu es toujours restée assez peu de temps dans tes différents clubs. Pour quelles raisons ?
R : Quand j’étais à Mazargues et qu’un club de D2 (le FAM) vous appelle, je pense que vous ne refusez pas. Surtout que j’avais 18 ans. Quand on a une meilleure opportunité, il vaut mieux partir, car ce n’est pas tous les jours qu’on en a une bonne. Donc, j’ai à chaque fois préféré partir pour passer à un niveau supérieur, plutôt que de rester avec les copines ou quoi que ce soit. C’est la raison pour laquelle je n’ai fait avec chaque club qu’un ou deux ans.
Derby marseillais sous les couleurs du FAM pour Morgane face à l’OM d’Alicia Pourquiès
Passage éclair à l’OM
Q : L’OM, où tu n’es donc restée que six mois, c’est le club qui est venu te chercher, ou c’est toi qui as fait acte de candidature ?
R : C’est l’OM, que j’avais refusé en juillet parce que je voulais rester en D1 avec Albi. Malheureusement, j’avais un agent qui n’a pas fait correctement son travail, alors j’ai perdu beaucoup de temps. Alors, je suis revenue sur ma décision de départ, car l’OM a toujours été mon club de cœur, je suis 100% Marseillaise, et j’ai signé assez tard, en août.
Q : Donc, à l’OM, tu n’y restes que 6 mois et on ne peut pas parler de grande réussite, puisque tu ne joues que deux matchs en équipe première, un en championnat – contre Albi, d’ailleurs, ton club précédent –, et un en coupe. Et le reste du temps, tu as plutôt joué en DH avec la réserve, six matchs. Comment expliques-tu que ça n’ait pas marché comme tu l’aurais certainement souhaité ?
R : Le problème, en fait, est que j’avais été mutée hors période, et on était trois filles dans ce cas, et ça a compliqué les choses.
Q : Tu peux rappeler pour les lecteurs qui ne sont pas forcément au courant des tenants et des aboutissants de la règlementation sur les mutations en foot féminin, ce dont il s’agit ?
R : Les mutations sont hors période lorsqu’elles surviennent après le 15 juillet. Et le club n’a droit qu’à deux filles mutées hors période sur le terrain. Et nous, nous étions trois, avec Maëva Salomon et Marine Coudon. Donc, voilà, c’était compliqué… Après, Marseille, je n’ai pas de regrets. J’ai tout donné, j’ai beaucoup appris. Le coach m’a fait progresser. Mais vu que je ne jouais pas, j’avais perdu confiance en moi. Il fallait que je retrouve cette confiance, et le plaisir de jouer au ballon. C’est pourquoi je suis partie à Metz qui cherchait des joueuses en défense à la trêve. Et j’avais une copine jouant à Metz qui m’a contactée et m’a mise en relation avec le coach. Ça s’est fait comme ça.
Sous les couleurs de son club de cœur, l’OM
La guerrière du désert
Q : On reviendra dans un instant à Metz, mais il y a un autre aspect de ta jeune carrière que j’aimerais aborder, car tu es aussi une Fennec, une Guerrière du désert, autrement dit une internationale algérienne. Combien comptes-tu de sélections ?
R : J’en suis à 7 sélections et 2 buts.
Q : Deux buts déjà, pas mal pour une latérale droite ! Il est difficile de trouver des infos sur le foot féminin algérien, et encore plus de voir des matchs, y compris de la sélection qui figure au 85e rang du classement FIFA, derrière le Maroc, 82e, pour rester dans la région, et même le Bahreïn, 84e. Donc, que peux-tu me dire de la situation de la discipline dans le pays, au niveau global, comment elle est perçue généralement pas les gens, et puis de manière plus précise sur la sélection ?
R : Alors, en Algérie c’est très compliqué pour les filles. Elles n’ont pas de formation comme en France quand elles sont jeunes. Donc, le niveau n’est pas flamboyant. Après, ce n’est pas la même mentalité qu’en France ou dans un autre pays. L’Algérie est un pays assez fermé, malheureusement. C’est très dommage, car ça pourrait être une très bonne nation, mais ils ne mettent pas les bons ingrédients. C’est plutôt un problème sociétal. Peut-être dans dix ans ou plus tard… Déjà, nous, on essaie de donner le meilleur de nous-mêmes en étant des émigrées, puisqu’on joue en France. Nous sommes sept filles à jouer en Europe, et on essaie d’apporter un plus à cette équipe qui mérite beaucoup qu’on la regarde et qu’on la respecte.
Guerrière du désert, peut-être, mais attentionnée envers sa capitaine de la sélection algérienne, la vétéran Isma Ouadah (35 ans).
Q : Avec toi dans cette sélection, il y a une autre ex-Olympienne qui est Inès Boutaleb, passée par les sélections jeunes françaises avant de choisir l’Algérie.
R : Tout à fait, oui.
Q : J’ai lu qu’il y a un nouveau patron de la FAF (Fédération algérienne de football), assez jeune, et à qui l’on prête l’intention de développer le football féminin dans le pays, notamment par le retour de la sélection U20, la création d’une équipe nationale U17, ainsi que de quelques nouvelles compétitions nationales. Ce sont des signes positifs ?
R : Oui, bien sûr, ça montre que ça bouge.
Q : Si on élargit au-delà de l’Algérie, quel est ton regard sur l’évolution de la discipline en tant que telle depuis que tu joues, donc une dizaine d’années, et aussi médiatiquement ? Notamment après la Coupe du Monde que nous avons eue en France cet été ?
R : Je pense que le football féminin s’est vraiment développé, et les mentalités ont changé au niveau du regard porté sur lui. Après, le fait que le foot féminin passe à la télé est un gros pas en avant, et j’espère que ça va continuer comme ça, et plus encore. Car je crois qu’on mérite d’être vues, et… je ne dis pas « comme les garçons », parce que ce sont deux mondes différents, on ne va pas se comparer à eux, mais qu’on soit respectées. Ils aiment bien critiquer les filles, mais ils ne savent pas combien on a galéré pour atteindre le top niveau.
Q : Quels sont pour toi les points sur lesquels le foot féminin doit progresser, aussi bien au niveau du jeu que dans sa représentation médiatique, ou encore dans son organisation structurelle, afin qu’il passe encore un cap décisif ?
R : Que les filles jouant dans des clubs appuyés sur des structures pros puissent vivre du foot, ce qui n’est pas encore le cas. Et que ces structures pros se développent, qu’on soit bien entourées. Enfin, la médiatisation doit se poursuivre, pour améliorer l’image de la discipline.
Q : Il y a certains débats sur les réseaux sociaux sur le fait qu’à l’occasion de la Coupe du Monde cet été, l’accent a souvent été mis davantage dans les médias sur l’aspect féministe et revendicatif – notamment sur l’égalité hommes-femmes –, plutôt que sur le jeu lui-même. Le meilleur exemple en est Megan Rapinoe, sacrée Ballon d’Or de la Coupe du Monde et meilleure joueuse FIFA de l’année, mais sans doute plus pour toutes ses prises de position politique et sociétale – auxquelles j’adhère totalement, je tiens à le préciser –, son action disons militante, et non pas pour son jeu dont personne ne parle, et qui d’ailleurs ne lui aurait sans doute pas valu ses récompenses individuelles au titre de l’année 2019, avis qui n’engage que moi. Que penses-tu de cette approche, disons politique, au détriment de l’analyse du jeu ?
R : Quand une femme parle, on a l’impression que c’est grave, alors que tout ce qu’elle dit est bien. Nous, en tant que footballeuses, on a besoin de femmes comme ça dans le monde du foot pour faire avancer la discipline. Après, ça ne reste que mon avis, mais je pense qu’on a besoin de femmes comme Megan Rapinoe, de porte-paroles comme elle.
Le bonheur à Metz
Q : Parlons un peu de ton club actuel. Tu l’as rappelé, tu y es partie au mercato d’hiver. Pour avoir fait mon service militaire à Metz, et y être arrivé début février, je sais ce que peut représenter l’hiver lorrain pour une personne venant de la Méditerranée ! Alors, je voudrais un peu savoir comment tu as vécu ça, toi…
R : Je ne sais pas comment dire, mais quand je suis arrivée à Metz en janvier, il faisait – 5°, et… (rires) je n’y croyais pas, il faisait trop froid ! J’étais… Ah ! J’ai vraiment eu du mal au début à m’habituer au climat, la différence est tellement grande (rire) ! Mais maintenant ça va, je me sens bien à Metz. Même la ville, c’est une belle petite ville, je suis bien intégrée, ça va. Parfois le climat m’énerve un peu, mais bon… (rire)
Q : Maintenant, tu sors en t-shirt en plein hiver, c’est ça ?
R : (rire) Bientôt, bientôt !
Quand deux pures Marseillaises et ex-Olympiennes – Morgane et Anaïs « Adé » M’Bassidjé – se retrouvent lors de Metz-Soyaux…
Q : Et ton intégration au sein de l’équipe ? Comment as-tu été accueillie ? Tu as dit plus tôt que tu connaissais une joueuse ?
R : Oui, la deuxième gardienne, Joanna Viollaz qui est à Montauban aujourd’hui [D2]. Mon intégration s’est bien passée. Après, ce n’est pas facile d’arriver dans un groupe au mois de janvier, sachant que je n’avais pas fait la préparation. C’est très différent de quand on arrive en été et qu’on la fait avec le reste de l’équipe. Surtout que Metz jouait le maintien, alors ce n’était pas facile au début. Mais à l’heure d’aujourd’hui, je suis vraiment très, très bien avec ce club, avec les filles, le staff, tout, vraiment je n’ai rien à dire d’autre que je suis très contente.
Q : Quelques mots sur le club lui-même. Il s’agit d’un club professionnel très ancien qui, sans avoir l’aura ou le passé de l’OM, est tout de même très solide. Quelles différences as-tu pu voir au niveau des répercussions sur les sections féminines respectives de l’OM et de Metz ?
R : Je ne trouve pas vraiment de différences entre ces deux sections féminines. On a les mêmes structures pros, au niveau médical c’est la même chose, honnêtement je ne vois pas de différences.
Q : Quel est votre soutien populaire ? Avez-vous un public fidèle, un groupe de supporters ?
R : On a un groupe de supporters qui s’appelle « Kop grenat », spécifiquement dédié à la section féminine, et qui assiste régulièrement à nos matchs, fait quelques déplacements. C’est toujours bien d’avoir des supporters qui nous suivent tout au long de la saison.
Q : Cette section féminine est assez récente et découle d’une fusion à l’orée de la saison 2014-2015, en réalité et comme toujours dans ces cas-là une absorption, avec Algrange qui évoluait en D2 et venait juste d’accéder à la D1. Et puis ça a été l’ascenseur : D1, D2, D1, D2, D1 avec enfin un maintien ric-rac la saison dernière. Quels sont les objectifs aujourd’hui ?
R : De se maintenir le plus vite possible. Puis, selon comment se passe la saison, viser la 5e ou 6e place.
Q : Ah, quand même !
R : Oui, nous sommes ambitieuses, on ne le cache pas.
Q : Est-ce que tu sens le club prêt à mettre des moyens dans le futur si l’équipe parvient à pérenniser sa place en D1 ?
R : Oui, je pense qu’il le fera au fur et à mesure chaque saison si on se maintient. C’est sûr.
Q : Bon, là, ce n’est pas très bien parti, puisque après 4 matchs vous ne comptez qu’un point et êtes 11es au classement, c’est-à-dire en position de premières relégables. L’un des points noirs de ce début de saison, ce sont les deux cartons rouges pris dans ces quatre premiers matchs, contre Guingamp et Soyaux, à chaque fois assez rapidement, et à chaque fois ça a débouché sur une défaite 0-2. Vous en avez discuté dans le groupe, entre vous ?
R : C’est vrai qu’à chaque fois c’est arrivé vite et ça nous pénalise, mais une des grandes forces de cette équipe est la solidarité. Qu’on soit 10 ou 11 sur le terrain, on n’est pas en difficulté à chaque fois, mais on perd les matchs sur des petits détails, des erreurs individuelles, et ça on le paie directement. On manque aussi de maturité, car on a un groupe jeune [2], mais je pense que ça le fera au fur et à mesure de la saison, je ne me fais pas de souci, je suis très optimiste pour la suite.
Belkhiter est-elle morgane de Tatane alias Gaétane Thiney, légende du foot féminin français (Metz-Paris FC) ?
Q : Sur un plan personnel, tu as été titulaire lors du déplacement au Paris FC [2-2, après que Metz ait mené 2-0], en ayant du temps de jeu sur les trois autres rencontres [56, 43 et 58 minutes]. Je suppose que ton objectif est d’être titulaire plus régulièrement ?
R : Oui, de l’être à tous les matchs, je ne vais pas le cacher (rires) !
Q : Ça me semble bien normal. Comment juges-tu ton début de saison ?
R : Je suis satisfaite. J’ai beaucoup changé dans ma façon d’être, dans mon jeu, dans mes attitudes, le fait d’être plus positive, que ce soit aux entraînements ou en match, que je sois remplaçante ou titulaire. Avant, j’étais trop souvent négative par rapport à moi-même. Je baissais trop souvent la tête. Du coup, je ne jouais pas vraiment mon jeu, je n’étais pas libérée en fait. Donc, cette année j’ai fait un travail sur moi, et aujourd’hui ça paie.
Q : Nous parlions de la jeunesse de votre effectif. Il y en a qu’on a pris l’habitude de voir ces dernières années en sélections nationales jeunes U19 ou U20, je pense à la gardienne Justine Lerond, championne d’Europe U19 cet été, Hélène Fercocq, Christy Gavory ou Amélie Delabre, bien en vue lors de la Coupe du Monde U20 l’an passé. Des jeunes vraiment talentueuses.
R : Ah oui, tout à fait ! Elles ont du talent, ce sont de bonnes petites filles (rire) ! Non, franchement, ce sont de bonnes joueuses. Justine est une très bonne gardienne. Heureusement qu’elle est là (rire) !
Q : Et Amélie Delabre est une attaquante intéressante, car elle a un profil pas si courant en France : jeune, mais grande et puissante en plus de son talent (19 ans fin novembre, 177 cm, 75 kg).
R : Oui, c’est un beau bébé ! (rires)
Q : Vous avez aussi cette année le retour de l’internationale turque Melike Pekel, après une saison et demie au PSG et 6 mois à Bordeaux, et une joueuse qui vient des États-Unis, Sh’Nia Gordon. On sent que cette dernière a les qualités assez typiques des attaquantes US : physique, volontaire, n’ayant pas peur d’aller au contact, au charbon.
R : C’est ça, elle apporte vraiment ce plus dans l’équipe, et un côté fun aussi. Elle est puissante, va souvent en un contre un, est très intéressante dans ses déplacements. Elle apporte vraiment beaucoup à l’équipe. Elle est aussi très joyeuse, toujours le sourire. Ça fait plaisir d’avoir des filles comme ça dans l’équipe, ça apporte de la joie, c’est vraiment bien. Et Melike aussi apporte un plus cette saison, ce qui aide à créer un collectif.
Q : Et puis vous avez aussi recruté Charlotte Lorgeré, la défenseure de Guingamp appelée en Bleu la saison dernière par Corinne Diacre, et qui n’avait pu participer à la Coupe du Monde pour cause de blessure. Où en est-elle, à propos ?
R : Elle est en phase de réathlétisation avec le préparateur physique, et j’espère qu’elle reprendra avec nous d’ici un mois. Elle ne sera pas là contre l’OM. Elle nous fera du bien par son expérience et sa maturité, elle connaît la D1 depuis longtemps, l’équipe de France…
Q : … et elle va pouvoir vous chanter des chansons d’Adèle… [3]
R : (rire) C’est déjà fait ! Elle chante vraiment très bien.
Au temps de Nîmes, Morgane au sol, le foot est un sport de contact… Sous le regard de l’ex-capitaine emblématique de l’OM, Léa Rubio (à qui je fais une grosse bise).
Rendez-vous avec l’OM
Q : Donc, tu vas retrouver l’OM. Je suppose que c’est un rendez-vous que tu attends avec impatience.
R : Oui ! Ce sera la troisième fois que je joue contre l’OM en D1, après les deux matchs avec Albi [saison 2017-2018]. J’étais sortie sur civière au match aller… Et oui, pour être honnête, j’attends ce match avec impatience. Histoire de montrer que j’ai le niveau. De faire taire quelques personnes aussi. Mais après, je n’ai vraiment rien à prouver à qui que ce soit. Je serai là, je ferai mon match. J’espère jouer. Je n’ai aucune idée si je serai titulaire, je l’espère et je me donne à fond aux entraînements. Après, c’est le coach qui décide. Mais que je sois sur le banc ou sur le terrain, je serai là. Et si je joue, je donnerai tout, c’est sûr.
Q : Cette équipe de l’OM, tu la connais très, très bien, puisqu’il y a eu relativement peu de changements par rapport à l’effectif que tu as connu l’an passé. Tu vas retrouver tes anciennes coéquipières.
R : Oui, c’est ça, je vais retrouver mes copines, et j’en suis contente.
Q : Il y avait des filles dont tu étais particulièrement proche ?
R : Eva Sumo. Elle est vraiment ma collègue foot et hors foot. J’ai hâte de la retrouver !
Q : Comment juges-tu l’OM d’aujourd’hui ? Tu les as vues jouer cette saison ?
R : J’ai vu le match contre Reims [perdu à domicile 0-3, 3e journée]. Marseille, il y a toujours du jeu, la possession de balle, le déplacement. C’est une très bonne équipe, il ne faut pas se le cacher. Christophe fait du bon travail avec les joueuses. Ça joue vraiment bien au foot, ça ne balance pas devant…
Q : … tu trouves ? Moi, au contraire, et je ne suis pas le seul à le penser, je trouve que ça le fait beaucoup trop…
R : Contre Reims, ça jouait même trop « propre »…
Q : Je n’ai pas pu voir le match, alors je te crois volontiers sur parole pour ce match !
R : Il y a de bonnes joueuses à Marseille, comme Nora [Coton-Pélagie], Éva, Caro [Pizzala]…
Q : Il y a aussi la jeune Sarah Zahot, 18 ans, qui brille depuis le début de saison, elle a marqué les trois buts inscrits par l’OM jusqu’ici en championnat, alors qu’elle n’est pas attaquante.
R : Oui, Sarah est une excellente joueuse.
Q : Peux-tu me parler un peu de la toute dernière recrue de l’OM, puisqu’elle vient de Metz, l’internationale turque Selen Altuntulak ?
R : Je la connais un peu. Mais quand je suis arrivée à Metz, elle était blessée, puisqu’elle s’était fait les croisés. Je l’ai donc seulement vue jouer aux entraînements en fin de saison. Selen est une très bonne joueuse, qui joue simple et va faire du bien à Marseille, je pense. Une fille qui pose le jeu, bouge beaucoup, qui a une bonne frappe. Après, je ne l’ai vue qu’aux entraînements, pas en match. Elle jouait latérale gauche à Metz, mais elle est très polyvalente, elle peut jouer partout sans problème. Elle se donnera toujours à 100%. C’est bien d’avoir une joueuse comme ça, polyvalente.
Q : Quel est ton pronostic pour le match ?
R : (rire) Je ne sais pas… On va prendre les 3 points ! (rire)
« Je vous jure, madame l’arbitre, je ne l’ai même pas effleurée ! »
Q : Que souhaiterais-tu rajouter à l’intention des lecteurs et lectrices de cet entretien ?
R : Venez tous le 12 octobre à l’OM Campus ! (rire) Et soutenez le football féminin !
Q : Il ne me reste plus qu’à te remercier, Morgane, pour ta disponibilité et ta gentillesse.
R : Pas de souci, ça m’a fait très plaisir !
R : Le plaisir est partagé. Ainsi que celui d’avoir pu reparler avec toi, de voir que tu es toujours dans le circuit en D1, avec la sélection algérienne… Tu as des matchs prévus avec elle, là ?
R : On a un nouveau coach, et on devrait avoir un stage bientôt, mais je ne sais pas encore quand. Et en janvier, on commence les qualifications pour la CAN 2020. On a déjà joué le tournoi qualificatif pour les J.O. de Tokyo 2020, et on a perdu au 2e tour contre le Nigéria, 0-2 et 0-1…
Q : Scores honorables, parce que le Nigéria est LA grosse équipe du continent.
R : Oui, mais on méritait mieux. Techniquement, on était au-dessus, mais physiquement elles étaient plus fortes. Mais sur le contenu du match, c’est très encourageant pour la suite.
Morgane face à Ngozi Ebere, duel de vertes lors d’Algérie-Nigéria.
Q : Et bien je te souhaite bonne chance pour la suite en sélection, ainsi qu’avec ton club pour le reste de la saison, en te remerciant encore !
R : Merci, c’est très gentil, et ça m’a fait très plaisir. À bientôt !
[1] Le 4 mars 2007, une très violente bagarre avait eu lieu à la gare Saint-Charles où, après un match très houleux contre la VGA Saint-Maur au stade Le Cesne (2-0), des joueuses – mais aussi un dirigeant – du Celtic Marseille étaient venues agresser leurs adversaires qui s’apprêtaient à reprendre le train, après de premiers affrontements dans les vestiaires du stade. Huit joueuses parisiennes avaient été blessées, dont une grièvement à coups de casque. Neuf joueuses marseillaises et un dirigeant avaient été condamnés en justice à des peines allant de 5 mois à 2 ans de prison avec sursis (pour le dirigeant). Sur le plan sportif, le Celtic fut exclu du championnat de D2, des dirigeants de la VGA sanctionnés, et dix Marseillaises suspendues de un à trois ans (la plupart n’avaient pas joué le match). [Retour à l’ITW]
[2] En dehors de Mélissa Godard (28 ans), aucune des 26 joueuses de l’effectif n’a plus de 25 ans. Six sont de 2000, deux de 2001. [Retour à l’ITW]
[3] Pour son bizutage en équipe de France, Charlotte Lorgeré, alors à Guingamp, avait scotché tout le monde en interprétant superbement « Someone Like You » d’Adèle. Jugez par vous-même ici : https://www.dailymotion.com/video/x66fvl9 Le chanteur Corneille a souhaité enregistrer avec elle. [Retour à l’ITW]
Entretien réalisé par téléphone le jeudi 3 octobre 2019.
Merci à Morgane, au club de Metz et à l’entraîneur Manuel Peixoto qui l’a autorisé, ainsi qu’à Julie Decker, attachée de presse du club.
Crédits photo : les clichés reproduits ici viennent de https://www.toopics.com/morgane_belkhiter3/