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- Juste avant de commencer, Fabrice, vous pouvez transmettre, au nom de tous les journalistes. On voulait au nom de tous les journalistes féliciter Monsieur Bielsa et l'OM parce qu'on fête aujourd'hui le troisième mois consécutif à huis clos. C'est un record dans le championnat de France donc félicitations !
Cela vous plairait de voir l'entraînement d'aujourd'hui ? Et cela éviterait votre déception ?
- On aimerait le faire toutes les semaines.
Oui, mais... J'aimerais vous dire deux choses brièvement. A Bilbao, où j'ai exercé pour la dernière fois avant de rejoindre l'OM, où j'ai travaillé durant deux ans, il n'y a jamais eu d'entraînements fermés au public, ce qui témoigne de ma position envers le travail que vous faites. Mais j'aimerais aussi que vous compreniez que vous bénéficiez de suffisamment d'informations pour pouvoir interpréter ce qu'il se fait durant les entraînements.
La vérité est que ce qui se déroule durant les entraînements ne vous intéresse pas. Mais ce qui vous intéresse est de voir si vous pouvez observer les débuts d'un conflit pour l'amplifier, car le contenu des entraînements ne vous intéresse pas. Donc je vais faire le nécessaire pour que vous puissiez voir un entraînement par semaine.
Je vais vous raconter une brève expérience personnelle. Quand je travaillais au Chili, il m'a été fait la même demande. On m'a demandé cela car [les journalistes] souhaitaient s'informer sur le contenu de l'entraînement. C'est quelque chose qui n'est pas vrai [ici]. Parce que vous, cela ne vous intéresse pas de voir ce qu'il se passe durant les entraînements et de le mettre en relation avec le contenu des matchs.
Il est très utile que le public sache que vous, vous souhaitez voir les entraînements afin d'observer s'il y a un petit conflit pour pouvoir l'amplifier. Ce n'est pas un jugement, cela fait trente ans que je suis en contact avec les médias, et je sais parfaitement comment ils fonctionnent.
- Le public aussi Monsieur Bielsa...
Mais pardon, pardon, pardon.
- M.B. : Qu'a dit ce Monsieur ? (à Fabrice Olszewski)
Fabrice Olszewski : Que c'était aussi une demande du public qui ne pouvait pas non plus assister aux entraînements.
Marcelo Bielsa : Le public a une relation différente à propos des entraînements en comparaison de celle que vous, vous avez. Car eux, ils veulent toucher ou approcher leurs idoles. Le problème, je vais le résoudre. Mais je vais le résoudre seulement pour ne pas qu'il s'amplifie. Et non, parce que vous, vous le méritez. Parce que vous, vous avez à portée de main les vidéos des entraînements et ce dont vous avez besoin.
- Nous ne pouvons les utiliser.
Non, c'est vrai ?
- Nous ne pouvons les utiliser.
Ah, ok.
- C'est très important pour nous.
Vous avez raison, je n'avais pas connaissance de ce détail. Je vous en remercie. De toutes manières, à partir de la semaine prochaine, le problème va être résolu. Pour vous et pour le public, suivant mes dispositions. Qui ne sont pas les seules bien sûr, car je ne suis pas le propriétaire du club. Lors des entraînements d'une équipe, il y a toujours des petites altercations entre les joueurs et le staff technique, et si vous, vous observiez cela, nous ne pourrions parler librement. Parce que les effets d'une nécessaire dispute [à un meilleur fonctionnement de l'équipe] seraient annihilés/remis en cause par la répercussion que celle-ci pourrait avoir si vous étiez présents.
Pourquoi doit-il y avoir des différences de vues et des disputes qui sont nécessaires ? Parce que le travail des joueurs demande des efforts à 200 pulsations/minute, et que cela génère toujours des conflits. Mais celles-ci sont indispensables. C'est pour cela que nous évitons la présence de spectateurs. Si vous, vous étiez en capacité de le comprendre, vous partageriez mon point de vue.
Je vais vous raconter une autre histoire afin que le public sache que pour vous, ce sont les seules répercussions qui vous importent et non le contenu des entraînements. Au Chili, on m'a demandé la même chose. J'ai accédé à cette demande. Je suis allé à l'entraînement, et ceci, sans une prothèse dentaire que j'utilisais normalement, qui laissait l'avant de ma bouche sans une dent. Bien sûr, le jour qui a suivi, tous les médias ont commenté l'entraînement en fonction de ma bouche. Et ils n'ont fait aucun commentaire des exercices qu'ils avaient vus. Donc vous voyez, il n'y a jamais de commentaires dans les médias sur le contenu des entraînements.
On voudrait juste rappeler à Monsieur Bielsa, avec tout le respect que nous lui devons, qu'il n'a pas le droit de dire aujourd'hui que les entraînements ne nous intéressent pas, et que nous cherchons dans les entraînements que quelque chose qui pourrait nuire à l'équipe. Ca, ce n'est pas acceptable.
Pour que ce que vous dites, je puisse le considérer comme vrai, - et je ne souhaite que ce que vous dites soit vrai -, il faudrait prendre tout ce qui est publié sur le football durant une semaine et évaluer le pourcentage dans ces médias de ce qui se réfère aux entraînements et à leurs contenus, et rapporter cela avec le contenu des matchs. Et ce pourcentage n'est jamais supérieur à 3 ou 5 %. Comme moi, je suis très intéressé par l'entraînement, je lis les articles et je n'ai jamais trouvé un article où il y avait une corrélation entre ce qu'on fait pendant les entraînements et ce qu'il se passe en matchs.
- Et pour cause ! Ils [Les entraînements] ne sont jamais ouverts. Et pour cause ! (rires)
- Monsieur Bielsa, pour revenir là-dessus, quand vous nous avez ouverts, ce n'était que des décrassages, que des décrassages. On n'a jamais vu finalement une séance ici donc attendez avant de juger s'il vous plaît.
Fabrice Olszewski traduit : Non, non, moi j'ai trente ans d'expérience avec les médias.
Marcelo Bielsa à Fabrice Olszewski : - Non non, pas d'expérience, non. [Mais trente ans] de relation.
Les entraîneurs comme les journalistes ont une manière de se comporter universelle. Et je sais ce que je dis. Et de la même manière, je reconnais, dans la manière de se comporter qu'ont les gens qui font le même métier [que moi], qu'il y a beaucoup de spéculations qui sont dangereuses, et j'espère que vous pourriez décrire cela face à moi, de la même manière que moi je suis en train de le faire devant vous.
Moi, la seule chose qui m'intéresse est que le public soit plus cultivé. Et le journalisme a seulement enseigné au public,j de manière générale évidemment, [et, même si] bien sûr, il y a des personnes sages au sein de la profession des journalistes, et que je lis de manière hebdomadaire afin de pouvoir me tenir averti, je pourrais faire une liste de dix pays avec dix grandes plumes en leur sein. Je parle là d'un groupe de personnes qui, de manière hebdomadaire, publient les meilleures notes des comptes-rendus de matchs. Et moi, à ce niveau-là, je sais ce qu'il en est pour la France et l'Argentine.
Ce sont justement ces grands journalistes qui disent que les médias de manière collective enseignent seulement au public de la géométrie. 4-3-1-2, 4-4-2, 3-4-1-2, sont des schémas tactiques qui n'ont pas besoin d'être expliqués davantage que les numéros auxquels ils font allusion.
Mais, pour résumer, à partir de la semaine prochaine, tout ce qui est fonction de moi sera résolu de telle sorte à ce que vous puissiez assister aux entraînements. Je vous remercie pour m'avoir applaudi lorsque je suis entraîné et je remercie Monsieur de m'avoir expliqué le fait que vous ne receviez pas les images des entraînements.
- Monsieur Bielsa, on pourra faire un point sur l'effectif, sur le groupe ? Et sur la présence ou pas de Romain Alessandrini samedi face à Evian, s'il vous plaît.
Oui, l'équipe sera Mandanda, Brice [Dja Djédjé], Fanni, Morel, Mendy, Romao, Imbula, Payet, Thauvin, Gignac et Alessandrini.
- A quel moment espérez-vous récupérer Nicolas Nkoulou ?
En aucune manière, ce week-end.
- Quel est l'état d'Abdel[aziz] Barrada ?
Il n'est pas disponible.
- Est-ce que vous avez le sentiment d'être trop prévisible désormais ? C'est ce que pouvait dire Alaixys Romao à La Provence cette semaine, que les équipes savent comment vous jouez et ça vous oblige peut-être à aménager votre schéma tactique ?
Oui, c'est exactement ça.
- Et du coup, comment faire pour remédier à cela ?
Non ce n'est pas une situation qu'on peut modifier parce qu'elle ne dépend pas de nous. Lorsqu'un adversaire cède le terrain, ne prend pas en compte les minutes de jeu et cède le ballon à l'équipe adversaire, c'est la façon de jouer qu'ils ont choisi afin de nous neutraliser. C'est absolument légitime, absolument respectable, et c'est tout à fait dans son droit.
Par exemple, la dernière fois que nous avons joué à domicile, nous avons été surpris du faible de nombre de kilomètres que nous avons couru. Puis on a regardé pourquoi, et ceci était lié à la nette diminution du temps de jeu [de possession du ballon]. C'est-à-dire que tout ballon qui entre dans notre moitié de terrain amène à un arrêt de jeu qui est considéré par un adversaire de la même manière qu'un coup de pied arrêté. Ce qui se passait normalement dans les vingt-cinq/trente derniers mètres de terrain, se produit dorénavant à cinquante mètres du but adverse. Il en est ainsi de toute l'action qui se déroule lorsque l'adversaire doit faire un coup de pied arrêté vers notre but.
L'autre situation, tout aussi caractéristique de cet état, survient lorsque, pour la majorité des coups de pied arrêtés frappés dans le camp adverse, le coup de pied/dégagement est direct du gardien adverse vers notre but. Donc, dans les grandes lignes, ceci signifie... , et sans que cela ne soit une critique du jeu adverse.
C'est seulement une description d'une situation légitime et réglementaire, - je ne voudrais en aucun cas que cela soit considéré comme une critique ou un reproche aux personnes visées -.
Donc, comme le Monsieur se demandait comment résoudre cette situation, un chemin possible serait de faire la même chose. Jouer dans notre camp, mettre à chaque position le joueur le plus défensif possible, jouer de longs ballons, prendre le ballon au rebond ou le deuxième ballon, et transformer le match en une bataille où le plus important consiste à prendre le ballon à l'adversaire, mais, ceci, pour redonner le ballon à l'adversaire, car l'unique tâche de l'équipe consisterait seulement à prendre le ballon à l'adversaire. [Et ainsi] jouer la contre-attaque, réduire les espaces pour défendre et agrandir ces espaces pour attaquer. C'est le seul chemin qui existe comme antidote.
Moi, comme n'importe quel entraîneur, j'aime défendre dans des espaces réduits et attaquer dans de grands espaces. Mais, quand on perçoit le football avec grandeur et qu'on étudie l'équipe qu'on dirige, et surtout, lorsqu'on a de meilleurs joueurs que l'adversaire, de mon point de vue, on se doit d'adopter une attitude plus généreuse, et davantage liée à la beauté du jeu. C'est pour cela qu'on va continuer de tenter d'améliorer notre capacité à défendre dans de grands espaces, et d'attaquer dans des espaces plus réduits. C'est ce que font toutes les grandes équipes du monde.
Parce que, sinon, pour faire le contraire, il faut avoir en face de nous une équipe généreuse. Et cette situation ne se produit pas. Et je vous demande, s'il vous plaît, s'il est possible que vous mettiez en avant le fait que je ne critique pas une manière de jouer qui est réglementaire et qui ne relève pas d'un piège, mais qui consiste seulement en une stratégie. Et cela n'arrive pas dans tous les cas non plus. Et aussi, dans certains moments de la première mi-temps contre Nice, l'adversaire a essayé de nous empêcher de jouer, vous en avez ici l'exemple. La première mi-temps contre Nice, nous avons bien joué, on pourrait dire mieux que l'adversaire. Et on aurait pu réussir à transformer cette différence au tableau d'affichage mais nous n'y sommes pas parvenu. L'adversaire a essayé de nous empêcher de débuter nos actions de l'arrière, cela veut dire qu'il a commencé à défendre dans notre propre camp. Cette attitude de l'adversaire nous a permis de développer notre meilleur jeu. En deuxième mi-temps, comme ils ont inscrit un but très tôt et qu'ils ont joué avec un joueur en moins, ils ont défendu à neuf joueurs dans les trente derniers mètres de leur
camp. Et ceci nous a conduit à moins bien jouer.
- Monsieur Bielsa, est-ce que pour vous, il y a une explication importante au fait que vous gagnez à domicile en ce moment, et que vous perdiez à l'extérieur ? Est-ce que c'est un hasard, est-ce que vous avez déjà connu cette situation dans votre carrière, est-ce lié à un blocage éventuel à l'extérieur ? Que pourriez-vous nous dire là-dessus ?
La seule chose pour laquelle on est tous capables de donner notre opinion se rapporte au fait de savoir si l'équipe joue de manière différente à domicile qu'à l'extérieur. De mon point de vue, on joue de la même manière. Et comme j'essaye toujours de trouver les explications dans le jeu, je ne trouve pas d'argument qui explique cette différence.
Quand on analyse, on n'analyse pas ce qu'on mérite mais ce qu'on obtient réellement. [Mais] le centre de l'analyse [devrait] se rapporter à ce que chaque équipe a méritée et non à ce que chaque équipe a réussie à obtenir*. Et ceci, tel que je le présente ici, peut paraître critiquable, mais pour moi, c'est indiscutable. Et si vous pensez d'une manière différente, ceci est sujet à polémique, parce que selon que l'on soit pragmatique ou que l'on considère les choses de manière utilitariste, il y a beaucoup de choses qui amènent à penser que la seule chose qui est importante est ce qu'on arrive réellement à obtenir. Ceci est vrai, si l'on situe les choses de manière numérique ou mathématique.
Mais pas s'il y a une intention d'analyse. Parce que ce qu'on arrive à obtenir est seulement plus important que ce qu'on mérite lorsqu'on compare la qualité et la quantité. Quand deux équipes méritent toutes deux de manière égale, il est alors mieux de considérer celui qui obtient les choses que celui qui mérite. Mais pour celui qui réussit à avoir un résultat favorable, par le hasard ou du fait de conditions imprévues, dans ce cas, il est alors mieux de prêter attention à celui qui mérite qu'à celui qui a eu ce résultat.
- Monsieur Bielsa, au-delà des remontrances qui ont été formulées au début de cette conférence de presse, avez-vous l'impression que la presse doute de vous, de vos valeurs d'entraîneur, de votre efficacité ?
J'ai une vision des médias et vous aussi. La qualité de la société moderne démontre de manière immédiate les effets des médias. Les gens sont toujours plus présentés de manière négative, et les valeurs qui nous sont chères sont de plus en plus perçues comme mauvaises moralement. Et ceci est une chose commune qui touche tous les pans de la société. N'importe qui d'entre nous qui serait assis à la terrasse d'un café serait d'accord avec ça.
Les entraîneurs transforment le football en quelque chose de pire, et les journalistes aussi. Il n'y a aucun doute que les choses aillent dans ce sens, non ? Si l'on détermine la qualité d'une activité, en considérant d'autres angles de vues, on peut se poser la question de savoir de savoir qui est responsable de cela : le public ?
Le public a été éduqué au triomphe, et il agit en fonction de l'éducation qu'il a reçu. Si l'on demandait à tous les gens présents dans cette salle, si la seule chose qui est importante est de gagner, tout le monde dirait que oui, c'est vrai. Il y a une donnée qui permet de comprendre cette équation, l'être humain contemporain. La majeure partie du temps qu'il passe au contact de ce qui lui permet de recevoir des idées, il le fait en étant en relation avec les médias. Beaucoup plus qu'avec n'importe quelle autre structure éducative. Je ne me réfère non aux gens qui sont privilégiés mais à la majeure partie des personnes. C'est pour cette raison que la question que vous m'avez posé, vous pouviez y répondre sans me consulter. (rires)
- En ce moment, André-Pierre Gignac arrive moins à marquer qu'en début de saison. Comment le sentez-vous, comment vous pouvez le relancer, lui faire retrouver le chemin de la réussite ?
Gignac inscrit ses buts lui-même et grâce à l'équipe. Et grâce à la gestion de l'équipe. Quand le niveau de gestion de l'équipe diminue, la production du buteur diminue aussi.
- Vous ne le sentez ni frustré, ni en doute ?
Non. On ne peut pas perdre de vue que lui a assumé avec beaucoup de générosité des positions de jeu qui n'étaient pas idéales pour lui. Et à ces positions, il savait qu'il allait moins bien jouer mais ceci, pour le bien de l'équipe. Là, il y a des minutes de jeu qui l'éloignent de son poste habituel, mais lui assume cela d'une manière propre à celle des leaders. Qui consiste à ne pas être intéressé par ce qui est important pour eux, mais il préfère répondre aux besoins du collectif. Et c'est ce que j'admire en Gignac.
- Un mot sur Evian peut-être, que pensez-vous de cette équipe ?
C'est une équipe qui a les suites de victoire et de défaites qui sont les pires du championnat. Mais ils ont justement réussi à obtenir des séries de victoire et de défaite. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas oublier la valeur de l'adversaire.
- Monsieur Bielsa, c'est la pire défense de Ligue 1. C'est l'équipe qui a encaissé le plus de buts. Est-ce que vous en tenez compte et est-ce que cela peut justement permettre aux joueurs à vocation offensive de retrouver de la confiance ?
Nous, normalement, on a au moins dix occasions de but par match. Et ceci est normalement suffisamment pour essayer de gagner n'importe quel match. Nous, nous dépendons pour attaquer, beaucoup plus de ce qu'on arrive à faire, que des erreurs de l'adversaire. Cette semaine, pour mettre des données sur ma propre mémoire, j'ai vu tous les buts et toutes les occasions de buts que s'est procuré notre équipe. Et ce qui se produit l'est très peu par les situations que l'adversaire nous facilite. Si vous regardez beaucoup de buts [de l'équipe] les uns après les autres, dans leur intégralité, une des manières de les classer consiste à voir ce qui relève de notre mérite propre sur ses buts ou des erreurs offertes par l'adversaire. Et dans notre cas, pour ce qui nous concerne, on dépend plus des occasions de buts que l'on se crée que des erreurs de l'adversaire.
- Vous avez beaucoup d'occasions mais peu de tirs cadrés en fait. En tout cas, ce sont les chiffres des derniers matchs. Est-ce là votre problème essentiel ? Vous vous créez moins de vraies occasions, réelles, que lors de la première partie [de championnat] ?
Je ne crois qu'il n'y aucune manière de corriger cela. Cela fait très longtemps que je réfléchis à cette problématique. Le joueur de première division normalement arrive dans l'élite comme produit d'une grande richesse technique. Mais il est très différent de tirer au but que d'être en position de tirer au but. Les joueurs de première division arrivent bien à tirer au but, de manière générale bien sûr, mais ce qu'ils ne parviennent pas à faire est d'être en bonne position pour utiliser le geste technique. Donc, ce que l'on peut faire, est de travailler pour pouvoir être en bonne condition de tirer au but, plutôt que de travailler le tir final en lui-même.
Un autre aspect très commun réside aussi dans le fait que le penalty que l'on ne manque pas durant l'entraînement, on le loupe durant le match. Et il est aussi très habituel que vous répétiez une action de concrétisation de but cinq fois durant l'entraînement, et que lors des deuxième ou troisième tentatives, l'action se termine de manière positive. Mais durant le match, en aucun cas, nous n'arrivons à avoir trois actions identiques. Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question.
- Je voulais juste que vous m'expliquiez ce qui manque. C'est-à-dire d'avoir des occasions vraiment plus franches. Est-ce ce qu'il manque aujourd'hui ?
Oui oui, j'ai très bien compris la question. Je n'ai pas ce point de vue quant à votre interprétation mais peut-être est-ce vous qui avez raison. Excepté le match contre Montpellier, je n'ai pas observé de grandes différences entre l'équipe qui aujourd'hui ne gagne pas en comparaison de l'équipe qui gagnait avec assiduité. Donc j'essaye de faire qu'elle se ressemble et dans cette recherche, il y a parfois un point négatif. Je ne veux pas seulement qu'on ne gagne pas, car il n'y a pas de réponse à nos mérites. Ceci signifie qu'avant il y avait et que maintenant, il n'y a plus. La seule chose qui a changé, c'est qu'avant, on arrivait à trouver ce que l'on cherchait et que maintenant, le destin fait qu'on ne trouve pas ce que l'on cherche.
Donc ceci est une position qui maintient l'espoir et aussi l'estime de soi. Mais parfois, on perd de la clarté et une de possibilités tient dans ce que vous dites. Que peut-être les situations sont quantitativement les mêmes, mais moins franches.
- Monsieur Bielsa, à Evian, il y a un joueur qui appartient à l'Olympique de Marseille, Moudou Sougou. Est-ce que vous suivez plus particulièrement l'itinéraire des joueurs qui appartiennent encore à l'OM ou sont prêtés dans les autres clubs, et est-ce que vous vous projetez sur l'avenir avec eux ?
Moi j'agis, comme j'ai dit précédemment. Je suis les moins de 17 ans, les moins de 19 ans, la CFA2, l'équipe première et les joueurs qui appartiennent à Marseille, et je le fais parce que cela fait partie de mes tâches professionnelles. Je voudrais vous commenter quelque chose, qui est du même style que le thème dentaire dont je vous ai parlé précédemment.
A chaque fois que je viens à une conférence de presse, j'imagine les possibles sujets pour lesquels je vais être interrogé, et j'essaye de me mettre dans la peau, dans certaines phrases, de quelqu'un de capable et de reconnu, qui aurait à répondre à des thèmes potentiels. Bien sûr, ce n'est pas une phrase de moi, c'est une phrase de quelqu'un qui a pensé à cette activité, et qui en a donné des conclusions intéressantes, et j'essaye d'y penser à chaque fois dans une des réponses. Et cela n'a jamais fait partie d'un des gros titres. Et cela n'a jamais été utilisé comme axe de commentaire d'une conférence de presse. Ce qui veut dire qu'on n'a très peu d'intérêt de mettre dans l'interprétation qu'on fait des faits les meilleures idées, qui nous sont présentés plus solidement que celles que nous développons nous-mêmes.
- Vous confirmez votre proposition de tout à l'heure, nous pouvons venir voir l'entraînement du jour ?
Je vous demande de me permettre ce petit écart. J'ai eu une sphère d'influence, et une capacité de prendre des décisions, mais je ne veux pas passer outre et agir de manière autoritaire. Je vais faire en sorte de demander qu'à partir de la semaine prochaine, on désigne un jour où vous pourriez voir la totalité de l'entraînement. Et je vais voir cela avec l'institution car si je ne le fais pas, ce serait outrepasser mes pouvoirs. Je ne sais pas si ma position vous paraît logique.