OM - D2 Féminine : Frédéric Gonçalves, l'expérience nécessaire pour retrouver l'élite ?Ancien joueur de niveau régional, le nouvel entraîneur olympien baigne dans le football féminin depuis 9 ans. Promu en D1 avec Le Havre en 2022, il ambitionne de réaliser la même prouesse avec l'OM cette saison.Sourire aux lèvres, Frédéric Gonçalves l’assure : il se sent "comme un poisson dans l’eau" à Marseille. Voilà trois mois que le nouvel entraîneur de la section féminine de l’OM a quitté la grisaille parisienne pour établir ses quartiers dans la cité phocéenne, une ville dont il apprécie le climat et la mentalité des habitants. La culture sudiste, aussi, qui lui rappelle surtout ses origines portugaises. Ses étés passés entre Lisbonne, terre de sa mère, et Bragança au Nord-Est, fief de son père.
Son amour pour le ballon rond, il le doit d’ailleurs à son second pays, là où le football est une "religion". "On est bercé là-dedans, explique le technicien de 42 ans. On regarde beaucoup de matches, que ce soit ceux de la sélection ou des clubs. Quand on est petit, on essaye de vous diriger vers l’une des trois grandes écuries (Sporting, Benfica, Porto) et à un moment vous faites votre choix." Le sien ? "L’OM", sourit-il.
Ses origines, donc, et sa "formation technique française" ont provoqué "un bon mélange" qui lui permet aujourd’hui de "voir le football peut-être différemment par rapport à d’autres". Lui l’ancien libéro, devenu milieu de terrain, qui a connu une carrière de footballeur au niveau régional en Île-de-France. Pas le joueur le plus athlétique (1,80m), Gonçalves a dû compenser son manque d’impact physique par une certaine intelligence. Et très vite, à peine la majorité obtenue, il a partagé cette science du jeu auprès des plus jeunes. "En division d’honneur (ancienne Régional 1) vous ne gagnez pas votre vie, souligne-t-il. Je jouais, j’entraînais, j’étudiais et je travaillais en même temps. J’ai commencé à coacher par curiosité, pour gagner un peu d’argent puis la passion est venue avec le temps. Mais je ne pensais pas en faire mon métier."
Révélateur de talentsDes U8 aux seniors, en passant par des expériences en tant que directeur technique et responsable d’une école de foot, l’ancien du FC Versailles a tout connu chez les garçons. Avant de faire la bascule chez les filles en 2015 pour diriger les U19 du FCF Juvisy (désormais Paris FC). "Je me suis lancé dans le foot féminin par choix, pas par dépit, précise le technicien qui avait refusé de signer, en tant que joueur, dans un club de niveau national pour aller coacher chez les dames. Aujourd’hui, cela m’intéresse plus que le foot masculin. Les filles, par leur intérêt, leur curiosité et leur manière d’appréhender les choses apportent tellement plus sur énormément de points. Le milieu aussi est différent, c’est encore familial."
S’il avoue avoir eu quelques appréhensions à ses débuts, Gonçalves s’est très vite adapté à son nouvel environnement. Deux ans dans l’Essonne ont suffi pour lui offrir un premier passage en D2, au VGA Saint-Maur. Une saison terminée en milieu de tableau avec l’effectif le plus jeune des deux premières divisions. "Il a fallu s’adapter car on découvrait le monde senior, se rappelle son adjoint de l’époque Magic Panda Kalala. Cela lui a permis de lancer des jeunes comme Naomie Feller à 15 ans, aujourd’hui au Real Madrid, mais aussi de se jauger par rapport à ce qui pouvait se faire d’un peu plus fort dans le foot féminin français." Le Franco-Portugais peut également se vanter d’avoir contribué au développement d’internationales tricolores comme Oriane Jean-François (Chelsea) et Elisa De Almeida (PSG).
Il devra cependant attendre trois ans pour regoûter au 2e échelon national. Et sans doute vivre l’une des plus belles pages de sa carrière. Choisi en 2021 par Le Havre, alors relégué de D1 Arkema, il se lance avec la direction dans la reconstruction de l’effectif et finit champion dès sa première saison avant de maintenir le club sans trop de difficulté l’année d’après.
Haïti, une aventure humaine"Il est proche de ses joueuses, souligne Panda Kalala, qui décrit son ami comme un entraîneur prônant le jeu de possession. Il arrive à avoir leur adhésion presque totale, qui lui permet de les amener vers des objectifs hauts car elles croient en lui. Il ne fait pas de fausses promesses." "Je suis quelqu’un qui s’intéresse à l’humain, préfère employer Gonçalves. J’ai des athlètes en face de moi mais derrière il y a un vécu, un caractère. Les frappes, les dribbles, la tactique… c’est bien mais il faut aussi s’intéresser à l’humain, à celles qui ne jouent pas pour garder la confiance, au staff."
Une facette de sa personnalité sur laquelle il s’est appuyé ces douze derniers mois à Haïti. Nommé à la tête de la sélection féminine en septembre 2023, le Francilien a vécu une expérience qui a changé sa vision du monde. "J’ai été très touché car quand vous voyagez et passez les douanes normalement mais que ce n’est pas le cas de vos joueuses car leur passeport est d’une autre couleur c’est révoltant, déplore Gonçalves, qui vivait à Paris et espère pouvoir se rendre sur l’île dans le futur (les sélections haïtiennes ne jouent pas dans leur pays en raison du contexte politique). Cette injustice m’a encore plus donné envie de m’investir avec cette équipe. Je garde une affection très particulière pour mes anciennes joueuses."
Il en côtoie d’ailleurs quatre au quotidien à Marseille : Tabita et Darlina Joseph, qui sont au club depuis l’été 2023, ainsi que Maudeline Moryl et Chelsea Domond, qu’il a recrutées durant l’intersaison. L’OM, la seule formation pour laquelle il a accepté de revenir en D2, lui qui ne souhaitait pas forcément rentrer en France. Mais il ne compte pas s’éterniser au deuxième étage. Cela tombe bien, la maison ciel et blanc partage le même objectif : retrouver la D1.
La Provence
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