Et si l’OM devenait enfin sérieux avec ses féminines ?Malgré le départ de la dirigeante ayant orchestré la reprise en main de sa section féminine, l’Olympique de Marseille semble bien décidé à changer les choses économiquement et sportivement pour ses filles.
Jusqu’ici, à l’Olympique de Marseille, il y avait une section féminine parce qu’il fallait bien en avoir une. C'était dans l’air du temps. Médiatiquement, les quelques journalistes téméraires souhaitant s’y intéresser étaient rapidement renvoyés dans leurs cordes par Christophe Parra, grand patron de l’équipe de 2011 à 2022. Faut dire que les médias, ce n’était pas son truc à Christophe, mais vraiment pas. N’allez pas non plus imaginer que le fait qu’un Américain soit arrivé à la tête du club ait changé quoi que ce soit au sort de ces dames. Depuis 2016, l’équipe a surtout fait l'ascenseur, dans un sens comme dans l’autre, entre la D2 et la D1. Mais ça, c’était avant.
Sponsors locaux, inclusion et OM-PSGÀ l’été 2021, Nathalie Nénon-Zimmerman débarque dans les bureaux de la Commanderie en qualité de directrice générale adjointe, chargée du marketing et des revenus. Sur le papier, elle avait toute latitude pour faire comme tout le monde : ignorer l’équipe féminine. Mais, encouragée par le président Longoria, elle va en faire un projet personnel. « Nous sommes la seule grande ville d’Europe à ne pas avoir d’équipe féminine en première division. On se doit, dans le cadre du projet, porté par le président, de l’emmener au même niveau d’élite que l’équipe masculine parce qu’on est l’Olympique de Marseille » , expliquait-elle en mars 2022 au média local Made in Marseille. Vu que dans l’intitulé de son poste, il y avait le mot « revenus » , elle va échafauder un plan simple pour financer ses ambitions pour l’équipe. Pas question de compter sur les très faibles contrats TV, d’autant plus en D2, elle décide donc de se tourner vers les entreprises locales. Celles-ci sont démarchées pour devenir des partenaires privilégiés qui, en échange de leur patronage, bénéficient du rayonnement de la marque OM associée à des valeurs de « mixité, diversité et inclusion » selon les termes utilisés par Joël Chassard, président du directoire de la Caisse d’Épargne CEPAC, dans le communiqué officialisant l’arrivée du premier partenaire fondateur le 19 avril dernier.
Depuis, Nénon-Zimmerman a quitté l’OM, mais son plan a survécu. La CEPAC donc, mais aussi le Département des Bouches-du-Rhône, Onet, JEFCO, Randstad et Puma accompagnent désormais les filles de l’OM Campus. Le modèle économique du futur pour le foot féminin ? « Ce n’est pas forcément le modèle du futur, mais c’est un modèle qui peut permettre au football féminin de démarrer à un niveau local, explique Luc Arrondel, co-auteur de Comme les garçons ? L’économie du football féminin. Aujourd’hui dans le foot féminin, à l’exception de quelques très grandes affiches, la billetterie est complètement marginale, les droits TV ne sont pas assez importants, donc oui, l’apport d’un sponsor peut être décisif pour un club. Et pour un sponsor, les budgets étant assez faibles, le coût d’entrée est très abordable. Il peut miser sur le potentiel de croissance du football féminin associé dans notre exemple à la marque OM. »
La remontée sur les deux prochaines saisonsÉconomiquement, la direction est claire. Et sportivement, où va l’OM ? Il a été décidé de tout changer là aussi, à commencer par le responsable de la section que le club a été chercher chez la référence européenne du foot féminin. Un Olympique, lyonnais celui-ci. Alban Sánchez, 26 ans, raconte son arrivée sur la Canebière : « Au bout de six belles années au sein de l’académie féminine à Lyon, l’Olympique de Marseille m’a contacté. Les discussions ont commencé en février, mais au début, le projet était un peu flou. Cependant, il y avait la volonté de comprendre ce qu’il se passait, j’ai ressenti beaucoup d’écoute, et c’est devenu plus concret au fil du temps. Le 11 avril, j’ai rejoint l’OM sur un projet féminin très ambitieux. » Avant de détailler l’orientation donnée à son nouveau club cet été : « On a eu l’arrivée d’un nouveau staff (Yacine Guesmia, Ludovic Rossi, Alexandre Germain) avec qui on a pu concevoir l’équipe. Il y avait 28 joueuses dans l’effectif, on a fait le choix d’en garder 12 puis d’en recruter 12 autres. L’idée, c’est d’avoir une équipe qui est identifiée au maillot de l’Olympique de Marseille avec des joueuses formées ici ou qui comprennent en tout cas ce que représente ce maillot. » Les locales Yrma Mze Issa ou Sarah Zahot ont ainsi effectué leurs retours cet été dans leur club formateur où évolue toujours la précieuse Jenny Perret au milieu, le tout encadré entre autres par les expérimentées Ashley Clark devant ou Karima Benameur Taieb dans les bois.
Sur le banc, le mutique Christophe Parra a donc laissé sa place à un Yacine Guesmia ambitieux, mais pas pressé : « L’ambition cette saison ? C’est de gagner tous les matchs ! (Rires.) Mais plus sérieusement, la saison est longue, il y a encore plein de choses à améliorer. On sort juste de préparation. On fera un bilan à mi-saison. On n'est pas pressé, à se dire : on veut immédiatement jouer la montée. On m’a fixé comme objectif la remontée sur les deux prochaines saisons. » L’ambition de remporter tous ses matchs relève surtout de la lapalissade - d'autant que la première de la saison a vu les Phocéennes s'imposer 8-0 contre Nîmes -, mais le retour d’une quelconque ambition chez les féminines de l’OM, c’est déjà beaucoup...
Par Mourad Aerts So Foot
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