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« C'est un extraterrestre » : Mason Greenwood, les buts après les polémiques
Avec ses trois buts en deux matches de Ligue 1, l'Anglais est le joueur en vue du début de saison de l'OM, et les polémiques qui ont escorté son arrivée semblent un peu plus loin.
On n'avait pas beaucoup vu Mason Greenwood, dimanche soir, jusqu'à cette 72e minute de jeu et, sur cette action-là, les défenseurs rémois ne l'ont pas vu non plus, embusqué dans leur dos. L'Anglais a été plus vif que tout le monde pour reprendre de la tête une frappe repoussée de Quentin Merlin, il a permis à l'OM d'égaliser et les virages ont grondé comme l'orage pour saluer la bonne nouvelle.
Le public du Vélodrome n'attendait que ça, et il n'attendait que lui, surtout, à voir le nombre de maillots « Greenwood » grimper les escaliers vers les tribunes avant le match, alors que le nom de l'ancien Mancunien est le flocage le plus demandé dans les boutiques officielles du club ces dernières semaines.
La recrue la plus chère de l'été, et la plus contestée aussi, a réussi ses débuts en Ligue 1 et son doublé à Brest, il y a dix jours, pour la première journée de Championnat (5-1), a d'emblée contribué à éclaircir un peu les nuages qui rôdaient au-dessus de sa tête depuis sa signature à l'OM, le 18 juillet.
Car Greenwood, 22 ans, n'est pas un joueur comme les autres, depuis les lourdes accusations de violence conjugale qui ont brisé net son ascension, il y a dix-huit mois, et qui ont obligé Manchester United, son club de toujours, à l'exfiltrer loin du tumulte.
Les charges avaient finalement été abandonnées, plus d'un an après les faits, mais personne outre-Manche n'a oublié les photos ni l'extrait audio qui avaient émergé sur les réseaux sociaux. Et beaucoup de monde s'en souvenait à Marseille, aussi, du premier supporter aux plus hauts étages du club. C'est parce qu'il a été éloigné des terrains pendant un an et demi puis envoyé en prêt à Getafe que Greenwood, alors toujours sous contrat avec United, est devenu une cible accessible pour l'OM, cet été. Le club anglais voulait le vendre pour tourner définitivement cette page douloureuse, le joueur avait retrouvé les terrains dans la banlieue de Madrid, et son nom est vite venu sur la table.
Longoria s'est impliqué personnellement pour le faire venir
À l'arrivée de Roberto De Zerbi, fin juin, l'entraîneur italien entame les discussions pour la composition du futur effectif avec le président Pablo Longoria et son conseiller sportif Medhi Benatia, et le profil de Greenwood est évoqué dès les premiers échanges. Tous apprécient les qualités techniques de l'attaquant, mais tous mesurent, aussi, que la piste est complexe et délicate.
En interne, la possible arrivée de l'Anglais ne fait pas l'unanimité. Longoria le constate vite et lance son enquête. Il prend contact avec l'entourage du joueur, s'entretient longuement au téléphone avec plusieurs de ses proches. Il appelle ensuite ses amis asturiens, en nombre dans l'organigramme de Getafe, qui lui assurent que Greenwood a été exemplaire pendant tout son séjour madrilène. De Zerbi aussi prend son téléphone, parle au joueur et à son père, Andrew, qui gère ses intérêts depuis toujours et ne le lâche pas d'une semelle.
Les dirigeants marseillais savent que l'OM n'est pas Getafe et que le joueur y sera forcément plus exposé, ils le mettent en garde. Ils échangent, aussi, avec les associations partenaires du club, qui a lancé de nombreux programmes sociaux via son projet « 13e homme » : elles ne comprennent pas l'arrivée de Greenwood, et les discussions sont parfois crispées. Le clan du propriétaire Frank McCourt est lui aussi tenu informé des avancées de ce dossier sensible, et donne sa confiance à Longoria.
L'Anglais finit par signer, et le président assume sa décision, en la prenant pour lui : « Je me suis personnellement impliqué dans toutes les discussions et le process de ce recrutement. J'assure, personnellement, que Mason a toutes les valeurs que l'on veut développer à l'intérieur du club », promet-il lors de la conférence de présentation du joueur, venu pour 30 M€, et 50 % de la revente pour United.
À chaque but de l'ancien Mancunien, c'est tout l'OM qui respire mieux. Greenwood, lui, ne pense qu'au football, depuis son arrivée à la Commanderie pour signer son contrat, entouré de son père, donc, mais aussi de Harriett, sa compagne depuis l'adolescence devenue mère de leur fille, âgée d'un peu plus d'un an et présente au Vélodrome dimanche soir, avec le maillot de l'OM sur ses petites épaules. Ils ont trouvé où loger, et c'est souvent Andrew, le père, qui conduit son fils à l'entraînement.
Là, son aisance avec le ballon, pied gauche ou pied droit, son jeu de corps et sa facilité à faire les différences ont vite impressionné ses coéquipiers : « C'est un extraterrestre », souffle l'un d'eux. De Zerbi parle beaucoup avec son jeune attaquant, entre compliments et consignes, pour lui permettre de donner toujours plus dans ce rôle d'ailier droit du 4-2-3-1 marseillais. « Il doit continuer à s'entraîner comme il le fait, disait l'Italien vendredi. On est tous contents de lui en tant que joueur, et de son comportement depuis son arrivée. Il a une marge de progression incroyable. » Si le scénario se déroule comme l'OM l'espère, Greenwood va progresser encore, renouer le fil de sa prometteuse carrière et se tourner vers l'avenir. Mais il sait aussi que le Championnat débute à peine et qu'il lui faudra être constant, car les critiques peuvent se réveiller très vite et le passé avec elles.