À son grand désarroi, Pablo Longoria n'aura pas le plaisir, ces prochains jours voire semaines, suivant l'issue de l'épineux dossier Greenwood, de lire le récit "du retour en Ligue 1 de Saint-Étienne" ou d'écouter les débats enflammés sur la "composition du milieu de terrain" olympien, à la sauce De Zerbi. "On ne parle pas assez de football. Dans la société actuelle, on a mis le foot au milieu de 100 000 polémiques, on ne valorise pas assez le produit. Pourtant, on a beaucoup de choses positives. La semaine, on doit remettre le sport au centre de l'attention, et pas les ragots", pestait, l'air grave, le président de l'OM, mardi après-midi, après avoir tressé des louanges à son nouvel entraîneur.
Malgré son jeune âge (38 ans), le dirigeant espagnol n'est pas un perdreau de l'année. En Provence, ces quatre dernières saisons, il a largement eu le temps de s'acclimater au contexte marseillais, parfois à ses frais. Sans parler de ses passages à la Juventus, épiée quotidiennement par une ribambelle de médias, ou à Valence, nid à embrouilles depuis que l'excentrique Peter Lim en a racheté la propriété. Ainsi, lorsque Pablo Longoria a pointé ce fameux "problème sociétal" pour expliquer, en partie, la crise des droits TV, impossible de ne pas y voir un message subliminal à destination de son auditoire.
Le maire fait grincer des dents
Une manière de désamorcer l'inéluctable et sensible question autour de Mason Greenwood (22 ans), priorité du club en ce début juillet. L'Anglais, un footballeur génial qui est amené à rejoindre l'Olympique cet été. L'Anglais, un amant qui s'est montré (très) violent, poursuivi par la justice pour tentative de viol et agression sur sa compagne, placé en détention provisoire... avant l'abandon des charges motivé par un "retrait des témoins clés" et de "nouveaux éléments".
Ça n'a pas manqué... Les prières de l'Asturien furent, sans surprise, vaines. Si Longoria a bel et bien été interpellé, devant un Roberto De Zerbi (pour l'instant) guère concerné par le sujet, la querelle a refait irruption, en début de soirée, sur la scène olympienne. Alors que l'OM espérait surfer sur la présentation de "RDZ", une pièce, et non des moindres, a été remise dans la machine Greenwood.
Quatre jours après s'être insurgé contre une possible arrivée de Youcef Atal, condamné pour "provocation à la haine raciale", Benoît Payan, le maire (DVG) de Marseille, a gratifié l'Olympique de nouveaux conseils mercato. "Le comportement de Greenwood est inqualifiable, inacceptable. Frapper sa femme... Moi, j'ai vu des images qui m'ont profondément choqué, s'est ému l'édile, qui a retrouvé la voix après sa soudaine extinction fin mai lorsque trois joueurs de l'OM (Moumbagna, Onana et Meïte) furent la cible de tirs, dans les rues de sa ville. Massacrer sa femme de cette manière-là est indigne d'un homme et je crois qu'il ne peut pas avoir sa place dans cette équipe-là. Je demanderai au président de l'OM de ne pas recruter Greenwood. Je ne veux pas que mon club soit couvert par la honte de quelqu'un qui tape sa femme."
Une sortie qui a fait grincer plus d'une paire de dents sur les hauteurs de La Commanderie, où ressurgissent les souvenirs de septembre dernier... lorsque le "maire non-élu" avait très timidement soutenu Pablo Longoria, lors du conflit qui l'opposait aux supporters, notamment un groupe orangé dont il fut l'éphémère capo lors des célébrations des 30 ans du titre en Ligue des champions.
Côté Hôtel de Ville, où certains adoptent la politique de l'autruche, d'autres montent au créneau pour soutenir Benoît Payan. "Le maire de Marseille est, de par sa fonction, responsable de ce qui pourrait se passer dans le stade, devant le stade et dans sa ville. En tant qu'élu de la République, il se doit de condamner ce type de propos ou de comportements, avec la même intensité pour n'importe quel citoyen, martèle un élu. Peut-être que cette position courageuse et répétée fera réfléchir les dirigeants, pour que l'éthique devienne un élément incontournable avant de faire signer un joueur."
Toujours décidé à enrôler le Mancunien, Pablo Longoria fait, lui, fie de ces conseils. "Aucun commentaire sur le maire. Chacun s'occupe de son travail. Point final", tranche un proche du dossier, avec fermeté. Si plusieurs rumeurs, notamment venues d'Italie, ont fait croire à un revirement de l'ancien attaquant de Getafe, a priori refroidi par l'accueil qui pourrait lui être réservé au pied de la Bonne Mère, l'OM reste confiant quant à une issue positive du dossier.
Submergé hier par les réunions à Paris, où il se trouve pour sortir de l'impasse des droits TV, le président olympien n'a pas eu le temps de se pencher sur le cas Greenwood. Il désire néanmoins s'entretenir, ces prochaines heures, avec l'entourage du joueur pour finaliser le deal, et les contours de son contrat en Provence. Pour rappel, l'OM et Manchester United sont proches de se serrer la main, pour une somme inférieure à 30M, selon nos informations.
Lorsque tout sera bouclé, si l'on en croit la tendance du moment, l'Olympique devra, à son grand dam, éteindre les polémiques, et arbitrer le conflit qui oppose les supporters pro et anti-Greenwood. Même si, au fil des jours et des compilations de buts (45 en 165 apparitions), qui balaient les photos d'hématomes et de lèvres ensanglantées sur les réseaux, le hashtag #GreenwoodWelcome commence à supplanter celui qui intimait l'Anglais de ne pas poser un pied sur le sol marseillais.
La Provence