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ESPOIR; Nadir pointe le bout de son nez; Arrivé il y a plus de deux ans, le milieu formé à Nice est désormais un membre à part entière de l'effectif pro de l'OM. Il a la confiance de Gattuso et doit maintenant gagner en temps de jeu après quatre courtes entrées.
Jusqu'au 15 juillet dernier et le premier match amical de la saison 2023-24, il avait disparu des radars. Bilal Nadir, recruté à l'été 2021 avec Salim Ben Seghir dans les valises de Matteo Guendouzi (ils ont le même agent), n'avait connu les "joies" d'un banc pro qu'à deux reprises contre Montpellier et Lens, en août et septembre de la même année. Depuis, seulement des matches dans les catégories inférieures. Mais, alors que son compère Ben Seghir, présenté comme plus prometteur, était placé dans un loft lors de la dernière préparation (il est désormais prêté à Neuchâtel, en D2 suisse), le natif de Nice a pointé le bout de son nez avec l'effectif pro, étant même le seul élément à jouer plus d'une mi-temps contre Nîmes, pour le premier galop d'essai de l'ère Marcelino.
L'international U23 marocain (il a marqué un très joli but hier contre les États-Unis) a ensuite participé au stage en Allemagne et était convoqué dans le groupe de l'OM à chaque fois, sauf pour le déplacement à Metz. Il a aussi joué ses premières minutes sous le maillot marseillais grâce à quatre entrées en jeu, dont la première au Parc des Princes, et a failli marquer contre l'AEK Athènes au Vélodrome.
"Il est prêt à avoir plus de responsabilités", disait de lui Gennaro Gattuso en Grèce, répondant à une question sur l'absence de Valentin Rongier. L'ascension de Nadir n'est pas spectaculaire mais alors qu'il va avoir 20 ans le 28 novembre, sa carrière marseillaise semble enfin lancée.
"Un travailleur, qui aime le football et sent le jeu"
Cela n'étonne pas deux de ses formateurs à l'OGC Nice. Patrick Cordoba l'a entraîné en U17, Johann Louvel en réserve. "Je suis même surpris qu'il apparaisse aussi tard dans l'effectif, admet le premier. Il a un super pied gauche et une réelle intelligence de jeu. C'est un vrai joueur de football, un gagneur. Il était parfois bougon, comme beaucoup d'ados. Il n'acceptait pas la défaite ni être remplacé. Il était très exigeant envers lui-même et les autres, le détail était important pour lui, et il était bien entouré par sa famille."
Le second, qui a aussi croisé Azzedine Ounahi et Pape Gueye dans sa carrière de formateur, poursuit : "Il fait partie de la génération impactée par les confinements et le covid, il a vécu des moments compliqués, à Marseille aussi, mais il n'a pas lâché. C'est un bon gamin, travailleur, qui aime le football et sent le jeu. J'ai pris plaisir à bosser avec lui car il est persévérant et à l'écoute. Nice lui avait fait une proposition pour rester mais il l'avait refusé pour aller à l'OM, ç'a été un regret pour le club qu'il s'en aille." À Marseille, il entre en jeu tantôt sur un côté, tantôt dans l'axe. Sur la Côte d'Azur, Nadir fait étalage de sa polyvalence : Cordoba le replace à 16 ans à la récupération ou en relayeur, alors qu'il était auparavant plutôt habitué à l'aile gauche. "Je trouvais qu'il avait un profil à la Redondo ou à la Rabiot donc je l'ai fait jouer devant la défense car il a un bon jeu long, sait casser les lignes, peut finir les actions... Surtout, il faisait les efforts et se sacrifiait pour le collectif." Plus tard, Louvel aussi l'alignait le plus souvent dans l'axe, "car il savait répondre athlétiquement". Deux ans et demi après son départ de Nice, alors que son arrivée en Provence n'avait pas fait l'unanimité parmi des observateurs du centre, souvent plus durs avec ceux qui viennent de l'extérieur que les fruits de la formation marseillaise, il semble prêt à prendre du galon.
"Il a beaucoup progressé depuis l'arrivée de Gattuso, notamment physiquement et semble avoir une grande marge de progression même s'il est déjà excellent", glisse un intime du groupe. Comme l'Italien le soufflait à demi-mot en conférence de presse, il lui imagine plutôt un avenir dans l'axe, en relayeur dans un 4-3-3 ou en soutien de l'attaquant dans un 4-2-3-1. "Il peut être brillant avec le ballon, jouer sur l'aile l'obligerait à aider le latéral et lui enlèverait l'insouciance qui fait sa force", poursuit un proche du vestiaire. Reste à étaler les belles promesses de La Commanderie sur un terrain professionnel, un peu plus longtemps que les poignées de minutes dont il a dû se contenter cette saison. L'enchaînement de 8 matches en 25 jours pour l'OM pourrait aider Nadir à pointer davantage le bout de son nez. Mais pour lui, à sept mois de la fin de son contrat en Provence : un dossier qui s'annonce épineux, le plus dur commence.
La Provence