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INTÉRIM; Pancho Abardonado, droit au but; Le Marseillais de 45 ans a été propulsé sur le devant de la scène pour pallier temporairement le départ de Marcelino. Portrait.
Do you know Pancho ?" (*) "On a fait nos devoirs pour savoir qui serait le nouvel entraîneur. Un nouveau coach peut avoir beaucoup d'effets sur les joueurs", murmurait Maurice Steijn, l'entraîneur de l'Ajax Amsterdam, hier après-midi au sujet de son homologue du soir, Jacques Abardonado. Propulsé sur le devant de la scène pour pallier le départ précipité de Marcelino, le Marseillais de 45 ans verra tous les projecteurs braqués sur lui à l'heure d'affronter les Amstellodamois, ce soir dans la clinquante Cruyff Arena, pour la première journée de Ligue Europa.
À l'aube de la quatrième confrontation européenne de l'histoire des deux clubs (1971 en Coupe des champions, 1988 en Coupe des coupes, 2009 en Ligue Europa), Pancho, son surnom, se retrouve donc au premier plan. Ce n'était pas la trajectoire à laquelle on aurait pu penser pour cet ex-défenseur central rugueux de l'OM, formé au club après avoir débuté à Endoume, qui a évolué pendant trois saisons sous les couleurs olympiennes et a été lancé par Rolland Courbis. Passé par Lorient, Nice et Nuremberg, entre autres, le Marseillo-franco-espagnol, issu de la communauté gitane, a embrassé la carrière d'entraîneur après avoir raccroché les crampons.
À l'OM, où il a dirigé la réserve en CFA, puis les U17 et les U19 nationaux, seul ou en binôme. Incorporé au staff de Jorge Sampaoli pour faire le lien entre les pros et le centre de formation, mais aussi pour traduire les propos d'El Pelado auprès des joueurs, il a été inclus dans celui de Marcelino et doit maintenant assurer cet intérim délicat.
Pancho : "Je l'ai appris très tard mardi soir. C'est une fierté"
"Je l'ai appris par téléphone hier soir (lire mardi) très tard par le biais de David Friio. C'est une fierté pour moi de représenter l'OM. Je vais diriger le groupe pour la première fois, mais je pense que les joueurs sont prêts. Ils savent l'importance de ce match, expliquait-il pour sa première conférence de presse. J'ai tout connu au club, il ne manquait plus que les pros. Je le prends avec beaucoup de plaisir et je vais continuer à apprendre car je suis un jeune coach. C'était un de mes objectifs, même si cela arrive plus tôt que prévu", reconnaissait le frère du guitariste de Kendji Girac, cousin éloigné d'André-Pierre Gignac et Yohann Mollo, avant de mener sa première séance. "On le voit au quotidien. C'est une personne super importante au club. Le mieux en tant que joueur, c'est de tout donner sur le terrain, être à l'écoute de ce qu'il va nous demander. On doit se serrer les coudes avec lui", assurait Pierre-Emerick Aubameyang, présent à ses côtés.
Martini : "Il a les épaules solides"
Pour combien de temps ? Nul ne le sait. Pas même l'enfant de la Castellane, alors que se profile un autre déplacement périlleux, dimanche au Parc des princes, contre le PSG. Seulement titulaire du Brevet d'entraîneur de football (BEF), et non du BEPF, nécessaire pour la L1 et la C3, le principal intéressé prend "match après match". "On n'est pas à l'abri d'une surprise !, s'enthousiasme Richard Martini, ami de longue date d'Abardonado, avec lequel il a grandi à l'OM avant de soulever ensemble la coupe de France chez les Merlus. Je suis très fier de lui. C'était un leader sur le terrain, il ne lâchait rien et c'est pareil sur le banc. Il a la capacité, les épaules solides. Il doit kiffer, profiter. C'est une grosse récompense et il n'a rien à perdre : si ça se passe mal, c'est normal, s'il arrive à faire un truc bien, ce sera positif et ça lui donnera de la visibilité. Et même si on sait qu'il ne finira pas la saison, il faut le garder dans le staff, lui donner des responsabilités. Il faut un local, un mec du cru, quelqu'un qui connaît le club, les supporters, la ville. Il faut faire confiance aux Marseillais", assure Martini.
Emon : "Un super garçon"
"Je ne sais pas si ça va durer, mais je lui souhaite tout le bonheur possible. Je ne comprends pas trop la situation, il y a une crise alors qu'il n'y a pas d'urgence. L'OM, c'est l'OM, mais bon..., prolonge l'illustre Albert Emon, qui l'a coaché le temps d'un match après la démission d'Abel Braga en 2000. Pancho est un super garçon, très attachant. Il connaît l'exigence du haut niveau, il a eu des entraîneurs de qualité dans sa carrière, il sait observer, il sait ce qu'il faut dire, ce qu'il faut faire. Il mouillait le maillot quand il jouait, il sait ce que représente l'OM à Marseille."
Papin : "Une juste récompense"
Si personne ne semblait connaître El Local Abardonado, les confrères néerlandais digressaient gutturalement sur Jean-Pierre Papin, buteur lors de la demi-finale retour de Coupe des coupes. Nommé conseiller de Pablo Longoria en novembre 2022, le Ballon d'or 1991 était le seul "dirigeant" à accompagner Abardonado hier matin et il représentera l'OM ce midi au déjeuner avec les caciques de l'Ajax. N'étant pas salarié du club mais seulement rémunéré en tant que prestataire, "JPP", qui a pourtant les diplômes après avoir entraîné Lens, Strasbourg et Chartres, ne peut pas figurer sur la feuille de match. La légende olympienne aurait aimé pouvoir le faire, mais il est aussi "très content pour Pancho. C'est une juste récompense pour lui", nous confiait-il dans les travées de la Cruyff Arena.
La Provence