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« Il vaut mieux oublier » : après l’agression, le joueur de l’OM Bamo Meïté se ressource parmi les siens
Moins d’une semaine après les balles tirées sur les voitures de deux coéquipiers, en sa présence, le jeune défenseur val-de-marnais de l’OM, 22 ans, œuvrait samedi à Bry-sur-Marne en faveur de son association caritative, « Soutien pour tous ».
Posé sur le parvis du gymnase Marie-Amélie Le Fur de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), Bamo Meïté, le défenseur de l’OM, 22 ans, ne s’étendra dans le détail sur l’attaque par balles dont il a été le témoin n° 1 sur les voitures de deux de ses coéquipiers à Marseille dans la nuit du dimanche 19 au lundi 20 mai, au retour du dernier match de L 1 au Havre (1-2). Tout juste esquisse-t-il une petite phrase : « Il vaut mieux oublier et essayer d’avancer, je pense… »
Loin de Marseille et de la violence qui zèbre ses nuits, le jeune Franco-Ivoirien, originaire de Bry ― des environs de l’hôpital Sainte-Camille, où vit toujours sa famille ―, est là en ce samedi ensoleillé pour incarner la 2e édition du tournoi de futsal, au profit de son association caritative « Soutien pour tous ».
Grand ouvert, le gymnase grouille de monde et d’enfants. Au milieu des allées et venues incessantes, Bamo, jean et t-shirt amples, tennis aux pieds, est l’objet de marques d’affection et d’admiration de tous : petits, ados, footballeurs de tous les âges, parents, anciens… View this post on Instagram A post shared by @soutienpour_tous
« Maintenant, ce sont les vacances, j’essaie de me libérer l’esprit, dit-il. Entre ma blessure (une double entorse de la cheville, aggravée d’une complication au genou, survenue le 22 mars, l’a tenu éloigné du terrain jusqu’au 12 mai) et l’incident qui s’est produit, cela a été une année mouvementée. Aujourd’hui, j’apprécie parce que c’est mon rendez-vous, dans ma ville, en vue de kiffer avec tout le monde, d’offrir des choses, des maillots aux jeunes. C’est vraiment un événement particulier pour mon association et pour moi. On fait de l’humanitaire, on s’unit pour aider des gens… »
« J’ai eu peur, c’est évident »
Avant de retourner s’activer dans tous les sens, avec le petit groupe de bénévoles qui l’assiste, Bamo expédie l’affaire en quelques considérations. « C’était une scène choquante, j’ai eu peur, c’est évident, confie-t-il. Là, aujourd’hui, j’essaie de prendre du recul par rapport à cette situation. On est des sportifs de haut niveau, on ne doit pas être mêlés à ce genre de choses. Je ne veux pas trop en parler, même à mes proches. Parce que ce ne sont pas des choses qui doivent se produire dans l’environnement du sport. »
Bamo s’est fixé une réserve et s’y tient : « Aujourd’hui encore, des questions restent posées (sur ce qui s’est passé). La police enquête et cela se fait dans la discrétion. Elle nous a auditionnés et il faut que tout cela s’accompagne de silence. »
Il a veillé cependant à prendre des nouvelles de ses coéquipiers Faris Moumbagna et Jean Onana : « Je les ai eus au téléphone, on a parlé. Je leur ai dit qu’on devait profiter des vacances pour se libérer l’esprit, avec nos familles et nos proches… »
« Sportivement, mon amour pour le club n’a pas faibli »
Mais quoi qu’il en soit, c’est à Marseille que le jeune défenseur central, prêté par Lorient à l’OM cette saison, rêve la suite de sa carrière : « J’essaie de faire la part des choses. Ce qui s’est passé est hors football. Sportivement, mon amour pour le club n’a pas faibli. J’ai découvert l’OM cette saison, et il y a un décalage entre tout ce qu’on entend sur l’OM et ce qui est, quand on y joue, qu’on vit les ambiances du Vélodrome depuis la pelouse… »
De pelouse, il n’est pas question au gymnase Le Fur ce samedi, de 14 heures à 22 heures. Sandwichs merguez, frites, crêpes, glaces, rafraîchissements, la buvette installée dans le hall ne désemplit pas de la journée. Dans la salle, le tournoi à huit équipes a fait rage en continu et la tribune de quelque 300 places était blindée.
Une belle pour chasser tous les traumas
Dans les intervalles, les personnalités se sont succédé sur le parquet. Les pros val-de-marnais, Yoann Cathline (prêté à Almere, aux Pays-Bas, cette saison), de Champigny-sur-Marne, et Siriné Doucouré (Valenciennes), de Fontenay-sous-Bois, ont répondu favorablement à l’invitation de Bamo, leur coéquipier lorientais, de même que quelques autres.
Plusieurs figures du rap local ont pris le micro et entraîné les jeunes des tribunes, parvenant à provoquer un envahissement ― bon enfant ― du parquet.
Entre les matchs de poules et les demi-finales, Bamo, né à Kani, commune du nord-ouest du pays, et élevé jusqu’à ses 7 ans en Côte d’Ivoire, a honoré au centre de la salle le maire, venu spécialement d’Afrique, dont l’hôpital bénéficiera de fonds recueillis grâce à la manifestation. Et il lui a offert un de ses maillots de l’OM.
Enfin, le moment est venu du tirage de la tombola, toujours au profit de « Soutien pour tous » dont Bamo avait largement collecté les lots, au gré de la saison. Notamment des maillots de l’OM signés de Pierre-Emerick Aubameyang, Geoffrey Kondogbia, Jordan Veretout, Amine Harit, et de Bamo lui-même. Ou encore de Nicolas Pépé (Nice), de Siriné Doucouré, de la Mannschaft, de Manchester United, ainsi qu’une foule d’objets : crampons, ballon, casquette, claquettes, gourde, porte-clés, etc. De ces souvenirs d’une belle et bonne journée, à même de chasser tous les traumas.
Le Parisien