Et si l'histoire bégayait ? Et si janvier rimait encore avec Bamo Meïté ? Lui, jadis lorientais, payé pour s'asseoir chaque week-end en tribune présidentielle, parfois sur le banc du Moustoir. Lui, l'espoir ivoirien (22 ans), qui a profité d'un concours de circonstances, à la sortie du réveillon, pour ravir un costume de titulaire indiscutable. En Bretagne, la blessure de Julien Laporte, conjuguée au rapatriement de Chrislain Matsima (prêté par Monaco), était l'occasion tant attendue. Celle de briller et taper dans l'oeil de Pablo Longoria. À Marseille, un an plus tard, la pige internationale de Chancel Mbemba, engagé en coupe d'Afrique des nations jusqu'au 24 janvier, au moins, lui ouvre les portes du onze de départ.
Le jeune homme tressé, patience incarnée, n'en demandait pas tant. Au fond, il aurait, lui aussi, aimé défendre les couleurs de son pays... qui plus est à domicile. Mais Jean-Louis Gasset, sélectionneur de la Côte d'Ivoire, en a décidé autrement. "Il ne vit pas ça comme une fatalité. Il aura d'autres occasions de porter ce maillot, et pas forcément dans la peau d'un second couteau. C'est ce qu'il espère, glisse un proche. Ceci dit, il reste pleinement concentré sur l'OM. Il fait preuve de sagesse et de détermination en attendant son tour."
Gattuso apprécie son implication
Sa chance pourrait arriver très vite. Pourquoi pas dès dimanche contre Thionville à Metz, où les Olympiens vont doucement reprendre le pli de la compétition. Alors que le 3-5-2 installé avant la trêve par Gennaro Gattuso semble avoir de beaux jours devant lui, même si le technicien calabrais n'a pas écarté son système préférentiel (4-3-3 modulable en 4-2-3-1), Bamo Meïté est, avec Leonardo Balerdi et Samuel Gigot, l'un des trois seuls centraux de métier, actuellement présents en Provence. D'ici le retour de son partenaire congolais, le natif de Kani a l'opportunité de faire exploser ses maigres standards (174 minutes en 10 apparitions). Perspective raisonnable, si tant est que l'Olympique ne réveille pas ses vieux démons contre les amateurs mosellans, le numéro 18 de l'OM postule à quatre rencontres, deux en championnat et autant en coupe de France. La voie étant libre, a minima, jusqu'à la réception de Monaco, le samedi 27 janvier.
Prise à la gorge par la DNCG et ses finances exsangues, la direction marseillaise, toutefois soucieuse de renforcer son effectif, ne devrait pas gaspiller ses quelques munitions en enrôlant un nouveau défenseur axial. Au contraire, elle a soufflé un grand ouf de soulagement lorsque son nom ne figurait pas sur la liste des Éléphants. C'est que l'OM fonde beaucoup d'espoirs sur Meïté. À la hauteur de l'investissement consenti pour l'arracher aux Merlus, cet été. Tandis qu'Isaak Touré filait dans le Morbihan (8 M€), la maison ciel et blanc ficelait un prêt payant (1M€) assorti d'une option d'achat (10,5 M€) obligatoire en cas de maintien. Coquette somme pour un joueur qui n'avait participé, jusqu'ici, qu'à 19 matches de Ligue 1.
S'il a rarement eu l'occasion de montrer l'étendue de son talent, durant une première partie de saison frustrante, l'ex-Lavallois au parcours sinueux marque de gros points à l'entraînement, où l'on loue son professionnalisme. Gennaro Gattuso apprécie tout particulièrement l'implication d'un garçon qui aurait pu baisser les bras. Notamment après son acte manqué face à Lyon, à cause du report de l'Olympico. Le Calabrais l'a d'ailleurs récompensé en lui offrant un prestigieux baptême sur la scène européenne, à Brighton (1-0). Soirée durant laquelle, Bamo Meïté, malgré un manque évident de repères, a tenu la baraque. "Quand son temps de jeu va décoller, quand il aura plus confiance en lui, notamment dans les sorties de balle, à la construction, il deviendra un très, très bon défenseur", souffle un spectateur attentif. Et si c'était pour janvier ?
La Provence