Information
PORTRAIT; Kondogbia, un déterminé à l'OM; Le club olympien s'apprête à accueillir le milieu de terrain de 30 ans, transfuge de l'Atlético de Madrid. Un joueur qui, depuis ses premiers pas à Lens, sait exactement ce qu'il veut et met tout en oeuvre pour y parvenir.
Les voyants ont viré au vert, hier après-midi, les négociations entre les trois parties ayant abouti autour d'un transfert estimé à 8 millions d'euros. Geoffrey Kondogbia (30 ans) va devenir la première recrue de l'été olympien et découvrir, en Provence, le 7e club de sa carrière, son troisième en France après avoir fait ses classes à Lens jusqu'en 2012, puis poursuivi sa progression à l'ombre du Rocher monégasque (2013-15). Un renfort de choix et de poids pour Marcelino qui connaît son petit Kondogbia illustré sur le bout des doigts pour l'avoir eu sous ses ordres à Valence. "Il a une très bonne relation avec Marcelino, il avait pris beaucoup de plaisir avec lui à Valence, avait gagné la coupe d'Espagne. C'est très positif qu'il le rejoigne.
Si on lui fait confiance et qu'il est au meilleur de sa forme, c'est un très, très bon milieu de terrain", rappelle Raoul Savoy, sélectionneur de la Centrafrique qui l'a fait changer de sélection, alors qu'une carrière en bleu lui tendait les bras (5 capes, toutes en amical, avec Didier Deschamps).
Il a préféré la Centrafrique à l'équipe de France
"Toutes les conditions sont réunies pour qu'il s'impose à l'OM s'il est bien physiquement et dans sa tête, estime Jean-Louis Garcia, le premier entraîneur à lui avoir fait confiance dans la durée, à Lens. Il a un sacré CV et n'est pas passé par des clubs de branquignols ! N'oublions pas qu'à un moment, il figurait dans les plans de l'équipe de France." Champion du monde U20 avec les Pogba, Thauvin et autres Vérétout, Kondogbia a choisi un autre destin international, celui qui le ramène à ses racines centrafricaines d'où sont originaires ses parents, contre l'avis de certains proches. "L'OM récupère un top joueur, mais aussi un mec génial, gentil, humble, pose l'une des premières personnes à avoir repéré son talent pour le RC Lens, Jean-Carl Tonin. C'est le starter de la récupération, il amène le reste de l'équipe avec lui. Au milieu, il faisait la sauce à lui seul. Personne n'arrivait à le passer avec ses grandes jambes à la Vieira. Pour l'OM, c'est la meilleure pioche possible."
C'est en Seine-et-Marne que Kondogbia a tapé dans l'oeil des recruteurs des Sang et Or, rapidement charmés par un gamin qui évoluait déjà au milieu de terrain. "À son âge, il avait la capacité de défendre en avançant, une qualité de pied gauche incroyable, une grande capacité d'analyse de toutes les situations, y compris dans la vie, et un gabarit impressionnant, égrène Tonin. On sentait qu'il allait devenir une masse. Surtout quand on voit son père, Basile, qui était un très bon footballeur en Centrafrique. Si le fils ne faisait que la moitié du père, c'était gagné !" Kondogbia grossit alors les rangs d'une génération 1992-1993 garnie de talents où se mêlent également Raphaël Varane, Thorgan Hazard ou Serge Aurier.
Avec un objectif en tête qui le suit tout au long de son apprentissage dans le Pas-de-Calais : découvrir le monde pro. "Du jour où on l'a vu lors d'un stage de détection à Moissy, on a senti ce qu'il voulait pour son avenir, rembobine Tonin. Il est très déterminé dans la vie.Geoffrey était un gamin avec un super fond, bien structuré, même si l'école, il l'aimait le week-end, quand elle était fermée."
"Il était formaté pour jouer en Ligue 1, insiste Garcia. À mon arrivée à la tête de l'équipe, son entourage et lui voulaient connaître mes intentions, avoir la certitude qu'il allait jouer. J'étais très attiré par son profil : grand, gaucher, techniquement très bon, avec du volume. Il remplissait beaucoup de cases. Et il a donc découvert la Ligue 2..."
"Tu verras quand tu joueras en Italie !"
Car Lens chute dans l'antichambre de l'élite à l'été 2011. Auparavant, Kondogbia a connu la L1 à dose homéopathique (3 apparitions). Il se forgera à l'étage du dessous, en 2011-12, où chaque rendez-vous s'apparente au match de l'année pour les adversaires de Lens, alors que l'effectif artésien demeure "traumatisé" (dixit Garcia) par la relégation. Le gamin de Nemours traverse une première expérience loin d'être simple. Mais il s'aguerrit, au cours d'une "année formatrice" (Garcia toujours) sous la houlette d'un entraîneur qui ne le lâche pas d'une semelle. Et lui rabâche certains principes. "Je l'ai un peu saoulé avec ma rigueur tactique, sourit Garcia. La tactique, ce n'est pas ce qui le bottait le plus. Je lui parlais de récupération, de pressing, de bloc équipe, de distance avec ses partenaires. Et j'ajoutais : 'Tu verras quand tu joueras en Italie !' Et c'est ce qui s'est passé..."
Avant de découvrir les rudesses du Calcio sous le maillot de l'Inter où il ne laissera pas que de bons souvenirs, Kondogbia s'est initié au football espagnol. Après une seule saison pleine en L2, le FC Séville l'attire dans ses filets, à l'été 2012, pour 4 millions d'euros. "Son départ rapide m'a un peu surpris, avoue Garcia. Mais à l'époque, c'était la politique du RC Lens : quand une offre arrivait, les gamins s'en allaient. Il est parti un peu jeune à mon goût, même si ça l'a sûrement forgé. Le projet de Séville, tout comme celui de Valence plus tard, lui convenait, ce qui était un peu moins le cas de celui de l'Atlético."
Celui de l'OM semble être taillé à sa mesure. En tout cas, c'est là où le grand escogriffe qui n'a pas la langue dans sa poche (il a violemment et publiquement critiqué le président de Valence pour sa mauvaise gestion) voulait être. Et pas ailleurs.
La Provence