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Ounahi, c'est pas le pied; Le milieu marocain de l'OM, opéré d'une fracture à l'orteil au printemps et délaissé par Marcelino, retrouve du temps de jeu, mais tarde à convaincre et à retrouver le niveau qui lui avait permis de briller au Mondial. Inquiétant ?
Ceux qui ont croisé son chemin ont été surpris par son choix hivernal. Beaucoup imaginaient Azzedine Ounahi passer par une étape intermédiaire au moment de tourner le dos à Angers, quand bien même il sortait d'une coupe du monde étourdissante avec le Maroc et que des escouades européennes rutilantes lui faisaient les yeux doux. Le milieu de terrain né à Casablanca il y a 23 ans préférera faire le grand saut et répondre aux sirènes marseillaises. "Son transfert m'a un peu surpris, nous confiait Nasser Larguet, ancien directeur de l'Académie Mohammed VI où le milieu a été formé, quelques jours après sa signature en Provence. Je pensais qu'il allait peut-être continuer au SCO ou dans un autre club pour confirmer sa coupe du monde. Mais son caractère et sa personnalité lui permettent de se sentir capable de relever ce défi, et de se mêler aux Rongier, Guendouzi et autres Vérétout."
"Rigueur" et "pression"
Si les promesses ont escorté ses premiers pas avec un but à Nantes dès son baptême en ciel et blanc, la suite de l'aventure olympienne se révèle plus contrastée, voire compliquée. Une fracture de l'orteil survenue au printemps et suivie d'une opération l'a privé de la fin de saison de l'OM. La nouvelle a bien débuté, avec un but limpide contre Reims, dès les trois coups du championnat, au milieu de deux titularisations contre le Panathinaïkos. Mais l'international marocain a rapidement disparu des radars, Marcelino ne lui accordant pas sa confiance quand il ne l'exilait pas sur le côté gauche, ce qui n'est pas exactement l'endroit où il s'épanouit.
Il a même failli être exfiltré à Brentford cet été. Cette opération est tombée à l'eau, ce qui n'a pas empêché le technicien espagnol de le laisser au placard. "Je mets toujours sur le terrain les joueurs qui pourront être compétitifs, ceux qui s'entraînent le mieux, grinçait l'Asturien à l'aube de son dernier match, contre Toulouse. Ce qu'il doit faire, c'est continuer à faire les efforts à l'entraînement chaque jour pour nous convaincre et montrer qu'il peut être un joueur de plus à utiliser en match."
Au gré des nominations sur le banc après la fuite de Marcelino, la cote d'Ounahi est remontée en flèche, l'ancien Angevin démarrant toutes les rencontres, à l'exception de la réception de Brighton, dans un rôle plus conforme à ses qualités. Las, il ne profite pas de cette continuité et de cette confiance pour briller. Neutre dans le meilleur des cas, à côté de la plaque la plupart du temps, il affiche un visage très inquiétant, loin des fastes du Mondial qatarien, alors que son conseiller Mehdi Benatia est fortement pressenti pour devenir le futur directeur sportif du club et que des avocats s'escriment pour éviter tout conflit d'intérêts.
"Azzedine a beaucoup de qualités, mais il faut travailler avec lui sur les plans mental et psychologique, préconise l'un de ses anciens entraîneurs. Il faut aussi savoir se rapprocher de lui socialement. Les choses ne peuvent pas changer en une discussion, ça ne suffit pas. Certains joueurs sont très fragiles, trop sensibles ou susceptibles." Et pas suffisamment hermétique à la pression dans un club où le niveau d'exigence et la rigueur n'ont rien à voir avec ce qu'il a connu auparavant. "Attention à la pression et au moindre dérapage. Il doit se rendre compte que la rigueur d'un club comme l'OM n'est pas celle du SCO. Il a du caractère, il va aller chercher les choses, comme il l'a fait à chaque étape de son parcours."
La mise en garde date de février dernier et était signée Philippe Leclerc, le scout qui l'avait recruté pour Angers. Elle n'a jamais semblé autant d'actualité même si, pour l'instant, Ounahi tarde à inverser la tendance, et à afficher cette détermination qui le caractérise et l'accompagne depuis le début de son parcours. Et ses défenseurs de mettre en exergue sa blessure récente, ce qui explique peut-être son peu de goût pour les duels à Nice, et d'insister sur le fait que d'autres Olympiens, plus capés, sont davantage censés porter l'équipe.
Problème, pas grand monde n'y parvient, expérimenté ou non, alors que l'OM en aurait bien besoin...
La Provence