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Azzedine Ounahi, le couteau suisse polyvalent de l'OM
Avec ses cannes de héron cendré, son coffre de marathonien et sa créativité, l'international marocain de 23 ans, Azzedine Ounahi, tente d'exister dans un système où son poste préférentiel n'existe pas.
Pour « Azz' », le hasard fait parfois bien les choses. Samedi après-midi, pour affronter Reims (2-1), Marcelino avait prévu de ravaler la majeure partie de sa façade offensive, et Amine Harit devait débuter sur le côté gauche de l'attaque. Mais depuis une grosse semaine, le Marocain ressent une petite gêne musculaire et le staff a décidé, quelques heures avant la rencontre, de préserver un joueur de 26 ans à peine revenu d'une immense blessure. Un autre Lion de l'Atlas a repris sa place sur l'aile gauche, Azzedine Ounahi, et il a livré une prestation gourmande, enjolivée par un superbe but du droit, plein axe (23e). Ce bijou a permis à l'OM de vite revenir dans le match et a rappelé à tout le peuple marocain l'ouverture du score contre la République démocratique du Congo, en mars 2022, lors du barrage retour pour la Coupe du monde (4-1, 1-1 à l'aller).
Arrivé d'Angers à la toute fin du mois de janvier 2023, pour 10 M€ (bonus compris) et un pourcentage à la revente de 30 %, le gamin de Casablanca a enchaîné samedi sa deuxième titularisation avec l'OM, après le Panathinaïkos, une série inédite qui rappelle une intégration complexe en Provence. Sous Pablo Longoria, les coaches se succèdent, les systèmes aussi, les recrues vont et viennent, et les renforts acclamés en janvier peuvent être déjà périmés à l'été. Ancien chouchou d'Igor Tudor, Ruslan Malinovski est sur le tarmac de Marignane. Vitinha se bat comme un beau diable pour prouver sa valeur. Et Ounahi évolue à une position qui n'a rien de préférentielle pour lui.
« Il revient de quatre mois d'arrêt, il ne joue pas à son poste, mais à chaque fois qu'il repique dans l'axe, c'est lui qui crée quelque chose, une passe de but, une frappe..., confie un intime. Il est clair qu'idéalement il rayonnerait dans un milieu à trois, avec un second relayeur et une sentinelle. » Mais voilà, Marcelino, adepte du 4-4-2 modulable en 4-2-3-1, n'a pas les mêmes préceptes tactiques que le sélectionneur Walid Regragui, dont le 4-3-3 a magnifié les prestations d'Ounahi lors du dernier Mondial au Qatar.
Pour le staff hispanique, le Marocain de 23 ans est une sorte de couteau suisse. Il est comparé en interne au Parisien Carlos Soler, ancien capitaine de Valence, capable d'être baladé d'un poste à l'autre et de prouver sa polyvalence. « On en a discuté tous les deux, il est prêt à évoluer à ce poste d'ailier gauche, a dit lundi Marcelino. Il est vrai que sur ce côté nos options restent limitées, Amine revient de blessure. Azzedine a mis un beau but, cela va augmenter son niveau de confiance par rapport à nos demandes. Ma philosophie est collective, tout le monde doit savoir défendre, attaquer, créer des automatismes, je veux inculquer cela à mes joueurs. »
Lors de son passage à Avranches, en National, lors de la saison 2020-2021, il a dû relever bien des défis proposés par l'entraîneur, Frédéric Reculeau : « Il était largement au-dessus du lot, il fallait le mettre dans l'inconfort, confie le technicien. Et je l'ai parfois utilisé sur le côté gauche, où il repiquait avec son pied entrant, comme il le fait avec l'OM. Il ne sera jamais un ailier de débordement, à chercher la profondeur et le duel à pleine vitesse, mais il se débrouillera si son latéral dédouble bien et amènera également une supériorité numérique dans l'axe. »
Le profil offensif de Renan Lodi peut inciter à l'optimisme, tout comme la volonté de Marcelino de muscler la possession marseillaise, faiblarde sur les dernières rencontres. Reste le verrouillage du couloir et, là, Reculeau connaît bien son « Azz' » : « Le foot, il le voit avec le ballon dans ses pieds, pas à courir derrière. Il n'aura jamais un épanouissement optimal en ailier gauche, il préférera toujours être dans d'autres zones. »
Alors que l'OM lorgne Wilson Isidor (22 ans, Lokomotiv Moscou) pour occuper ce flanc, Ounahi ne part favori, ni en numéro 10 derrière l'avant-centre, ni en second attaquant, ni dans le duo de milieux. D'autres signaux incitent à l'optimisme. Opéré après une fracture d'un orteil fin mars, Ounahi ne ressent plus de douleur ni d'appréhension, l'endurant est dans une forme physique remarquable, ses parents prennent soin de lui sur Marseille et il a compris la régularité attendue à l'OM, après des débuts étourdis cet hiver, dans la foulée d'un Mondial réussi. Le couteau suisse est aiguisé.