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Ounahi, le temps de l’intégration
Révélé lors de la Coupe du monde puis acheté à Angers, le Marocain de 22 ans devait subjuguer la Provence. Remplaçant de luxe, il apprend les codes d’un entraîneur exigeant et attend impatiemment son heure. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRéGOIRE MARSEILLE – Avec Igor Tudor, un compliment le vendredi ne présage pas forcément d’une titularisation le dimanche. Hier, le technicien croate s’est fendu d’un bel hommage à Azzedine Ounahi : « Il est en progression constante, il a fait une très belle semaine à l’entraînement. Lors des séances, je regarde les duels, les courses, les passes, tous les détails… On a un jeu physique, avec beaucoup de duels, de contacts, il se bonifie sur ce point. C’est un joueur talentueux, de haut niveau, dans le sens où il apporte beaucoup de solutions techniques, dans le dribble, la passe. S’il intègre le reste, il a tout pour devenir un élément important de l’OM. »
Ounahi n’a été titulaire qu’à une seule reprise, à Toulouse le 19 février (3-2), où son entraîneur l’a sorti à la pause. Il dispute des fins de rencontre, éclairant son baptême olympien d’un but élastique à Nantes, le 1er février (2-0). D’un tempérament affirmé, l’international marocain (17 sélections) de 22 ans s’agace parfois de son traitement lors des soirées d’après-match, tout en canalisant sa frustration la semaine.
Entre la Commanderie et sa salle de fitness à la maison, il s’inflige un travail supplémentaire de renforcement musculaire, pour prendre un peu de masse. Ounahi a un physique de flamant rose, il n’aura jamais le torse épais d’un Rongier ou d’un Malinovski. L’idée est de le rendre plus dense, la Juventus avait procédé ainsi avec Rodrigo Bentancur, tout frêle à son arrivée dans le Piémont en 2017 et qui explosait comme du pop-corn lors des oppositions.
Changement de club, de statut et d’entourage
Après sa brillante Coupe du monde, Ounahi a soigné une cheville abîmée face au Canada (2-1), en phases de groupes. En janvier, le milieu d’Angers ne s’est entraîné que quatre ou cinq fois, arrivant à l’OM à court de rythme. Le mercato hivernal a été une période pénible pour un joueur qui se voyait boucler ses valises tout de suite après le Qatar. Il avait obtenu un bon de sortie de la direction du SCO, après avoir été retenu l’été dernier alors que le LOSC proposait 7 M€. Un épisode mal vécu.
En décembre-janvier, les intérêts étaient multiples, venus d’Angleterre (Leeds, Nottingham, Fulham) ou d’Italie (Naples). Le leader de Serie A, destination attractive, ne pouvait lui promettre un atterrissage que l’été prochain, ayant rempli son quota actuel de joueurs extra-communautaires. Pour Ounahi, pas question de rester encore six mois dans l’Anjou. Où le seul moment emballant de sa saison fut une partie de laser game endiablée avec des influenceuses locales début novembre, partie qu’il a terminée avec un nez cassé.
De nombreux intermédiaires ont tenté de se greffer sur le dossier, rendu d’autant plus délicat par le choix d’Ounahi de se séparer de son représentant historique. L’OM suivait le Marocain depuis plusieurs mois et a finalement dégainé une offre après l’échec de la piste Ivan Ilic. Angers a accepté un montant de 8 M€, plus deux de bonus, et un pourcentage à la revente de 30 %. Le 28 janvier, soir d’OM-Monaco (1-1), le duo Ribalta-Longoria a accueilli le nouvel agent officiel du joueur, Ariles Mihoubi, et son collaborateur à l’étranger, l’ex-défenseur Medhi Benatia, formé à l’OM, passé par la l’AS Rome, le Bayern ou la Juve. « Quand Azzedine nous a interrogés, je lui ai répondu que ce club ne se refuse pas, il a saisi une sacrée opportunité, explique le confident, ancien capitaine du Maroc. Avec Tudor, il a un entraîneur extraordinaire, aux idées rappelant celles de (Gian Piero) Gasperini à l’Atalanta, un foot de courses et de pressing. »
Comme beaucoup à l’OM, Benatia est persuadé de la réussite d’Ounahi à moyen terme : « Il peut enchaîner les matches à douze kilomètres parcourus, il a une VMA colossale, des qualités techniques hors norme avec son contrôle orienté et sa façon de créer du décalage par du jeu court, ‘‘je donne, je redemande’’. En joueur intelligent, il doit désormais assimiler le style Tudor, qui demande de mixer justesse technique, intensité et projections. »
L'Equipe