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Enzo Sternal, un nouvel espoir ?
Quinze ans, toutes ses dents et un nom déjà florissant. Enzo Sternal, simple adolescent ? Pas vraiment. Rares sont les garçons de son âge, voire les espoirs partageant son talent, à avoir déjà essuyé la tempête des réseaux sociaux. C'était un dimanche 26 février, au coeur de la nuit, à cause d'un like maladroit sous une publication d'un Kylian Mbappé triomphant. Le geste du neo-Olympien serait passé inaperçu si les précédents, délicieusement réalisés sur les pelouses lorraines et provençales, n'avaient pas attisé la flamme du désir chez les supporters olympiens dont la curiosité dégouline jusqu'à l'OM Campus. L'attaquant de poche, qui soufflera seize bougies le 28 mai, a été obligé de s'excuser pour déminer cette tempête dans un verre d'eau et mieux recentrer le débat sur l'essentiel : ses crochets acérés, ses feintes déroutantes, ses passes millimétrées et ses alléchantes apparitions en équipe de France.
"Ce qui en fait l'un des joueurs les plus prometteurs du centre", s'enthousiasme un habitué de l'OM Campus.
Nancéien pur jus et couvé par une famille de sportifs, il a pris le chemin opposé de sa mère, ancienne basketteuse professionnelle. Lui préfère user son pied droit pour dribbler plutôt que ses mains. "Il a pris sa première licence à l'ASNL à seulement 5 ans. Après notre rencontre, je me suis dit qu'on devrait acheter un ballon rien que pour lui (rires). C'est, de loin, le joueur le plus prometteur que j'ai vu passé, loue Nabil Tighazoui, son éducateur en Lorraine. Enzo n'est pas un soliste, il est juste là pour te faire gagner. S'il faut éliminer toute l'équipe, il peut le faire et va le faire. S'il doit jouer simple, pareil."
Sélectionneur des Bleuets, catégorie U16, José Alcocer décrit, lui, "un garçon déroutant". "Il peut jouer deuxième attaquant ou dans le couloir gauche pour mieux rentrer. Le ballon est son ami. Plus que dribbler, il aime provoquer ses adversaires, avec des appuis hyper toniques. Certes il a parfois un peu de déchet, mais ça fait partie de son évolution. Il doit surtout apprendre à être plus efficace, souligne l'ancien joueur, puis entraîneur de Manosque. Je l'aime bien parce qu'il a beaucoup de maturité. Il fait partie de ces rares jeunes qui ont déjà une réflexion sur le jeu, qui sont capables de débattre et argumenter. C'est un garçon sympa, intelligent, lucide."
Quelques semaines avant d'endosser la tunique frappée du coq cet automne, Enzo Sternal venait de quitter le cocon familial. Après le Grand Est direction le Sud, plus précisément l'OM. Sous l'oeil attentif de son paternel, qui l'accompagne dans cette aventure, l'adolescent a d'abord goûté aux joutes régionales, avec les U16. Rapidement, l'aquarium s'est révélé trop petit pour lui. Direction l'étage du dessus, les U17 Nationaux. Nouveau surclassement chez les U19 Nationaux dès l'automne avec son lot hebdomadaire d'offrandes et de buts, "même s'il doit être plus tueur" insiste Alcocer. Très récemment, il a même impressionné au-delà de nos frontières à l'occasion d'un tournoi international U19 de clubs au Maroc et d'une réunion organisée par l'UEFA, mi-février, avec le Portugal, l'Allemagne et les Pays-Bas en tête d'affiche.
À La Commanderie, tout en savourant sa présence dans les rangs de la pouponnière, on préfère freiner des quatre fers, estimant "qu'il n'est qu'à 5 % de son processus de développement". "Sans trop me mouiller, je pense qu'en le prenant l'OM ne s'est pas trompé", sourit José Alcocer.
La Provence