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PORTRAIT; Blanco dans la mêlée; Le gardien espagnol va faire ses débuts officiels à l'OM aujourd'hui contre Reims. Enfant du Celta, il a débuté en Liga à 17 ans et maintenu son club, puis été victime de nombreuses blessures qui ont ralenti sa carrière
Tous les enfants qui ont taquiné le cuir, dans le club de leur village natal, sur le city-stade qui jouxte leur immeuble ou à même le trottoir, deux pulls posés négligemment sur la route et plus ou moins parallèlement pour faire des cages artisanales, ont un jour eu des rêves de grandeur. Qu'ils soient talentueux comme Dimitri Payet ou maladroits tel Koji Nakata sous la neige. Ce doux songe peut prendre les traits d'un but en finale de coupe du monde au Maracanã (celui de Mario Götze), d'une tête rageuse pour permettre au premier club français de gagner la Ligue des champions (coucou Basile Boli) ou simplement de revêtir le maillot de son club de coeur, ne serait-ce qu'une minute.
Ruben Blanco a réalisé le sien à 17 ans, alors qu'il n'avait ni l'âge de conduire, ni de commander une San Miguel au bar. Troisième gardien d'un Celta Vigo dernier de Liga à deux journées de la fin, il profite de la blessure du numéro deux pour s'asseoir sur le banc. Le titulaire, Javi Varas, se blesse à son tour dès la première période : c'est l'heure de gloire de Blanco. Deux victoires et deux clean sheets (au prix de plusieurs parades décisives) plus tard, le Celta se maintient miraculeusement et le jeune Galicien devient une idole.
Le début d'une histoire sans nuage entre le portier et son club de coeur ? Pas vraiment. Après avoir profité des forfaits de ses deux supérieurs à la fin de la saison 2012-13 et avant de voir la douleur au psoas de Pau Lopez lui offrir une première titularisation officielle à l'OM aujourd'hui contre Reims, les blessures ont poursuivi le destin footballistique de Ruben Blanco. Patxi Villanueva, son entraîneur spécifique pendant six ans, ne dira pas le contraire : "Mis à part ses pépins, il n'a aucun défaut, s'amuse-t-il. Il a commencé à s'entraîner avec les pros à 14 ans pour dépanner ! C'est un gardien fiable, il l'a démontré toute sa carrière, mais à chaque fois qu'il était bien, il a été blessé." L'entraîneur des gardiens, son plus grand fan (avec peut-être Pablo Longoria), égrène les qualités de son ancien poulain : il est "sûr, agile, sobre, jamais nerveux, il ne créera jamais de problème dans un vestiaire, est un grand travailleur, pas mal sur les sorties aériennes, bon techniquement et avec les deux pieds". Première nouvelle : les 60 000 spectateurs d'OM-Milan, dimanche dernier, ont, certes, assisté à de belles parades du bizuth espagnol, mais aussi à un festival de mauvaises relances. "Je viens du Celta, un club où on demande aux gardiens de beaucoup s'impliquer sur le jeu au pied. C'est quelque chose que je maîtrise, si on me le demande ici, aucun problème, je le ferai", assumait-il mercredi lors de sa présentation.
"C'était la première option pour nous à ce poste", expliquait Longoria. "Je crois qu'il a le niveau pour la Ligue des champions, poursuit son formateur. S'il n'avait pas eu toutes ses blessures, il aurait été un habitué de la sélection espagnole. Et quel mental ! Quand il a commencé avec son club d'enfance qui jouait sa survie en Liga, il était entré sur le terrain comme s'il allait faire un foot avec ses amis."
N'en jetez plus : les attaquants de Reims auront face à eux un vrai bon gardien. Mais un vrai bon gardien qui ne cumule que 142 matches professionnels (41 sans encaisser de buts tout de même) depuis ses débuts fracassants avec le Celta. À 27 ans, le bilan est faiblard, bien que les satanés problèmes de genoux, les blessures musculaires, les déchirures en tout genre et une petite fracture de la clavicule en bonus, lui aient fait rater 70 rencontres, presque l'équivalent de deux saisons pleines. Mais en 2021-2022, le vétéran argentin Matias Dituro (vous ne connaissez pas ? Nous non plus) l'a poussé sur le banc alors qu'il était en pleine possession de ses moyens.
"Ses blessures ont frustré les supporters et freiné sa progression"
"Il a énormément de talent, vous avez commencé à le voir à Marseille contre Milan, témoigne Jose Riveiro, journaliste à Radio Marca Vigo. Mais il n'a jamais trouvé la continuité que tout le monde autour du club espérait. Il y a un peu de déception parce que les gens pensaient qu'il deviendrait titulaire pour des années, ses blessures ont frustré les supporters et freiné sa progression. On s'attendait à mieux vu ses débuts. Je suis toutefois persuadé qu'il a encore une grande carrière devant lui et qu'il reviendra avec le statut de titulaire au Celta."
Seulement prêté à l'OM, Ruben Blanco, habitué de Balaidos (le stade de l'ancien club de Claude Makélélé et Peter Luccin) depuis sa plus tendre enfance, va tomber sur un os, pas cassé celui-là : Pau Lopez. Auteur d'une bonne saison dernière avant de perdre sa place dans le sprint final au profit de Steve Mandanda, le Catalan ne laissera pas sa place au premier compatriote venu, même s'il lui a tout de suite écrit par texto pour lui souhaiter la bienvenue et qu'il l'a côtoyé en sélection de jeunes. "Il a tout de suite cherché à m'aider, m'a dit que je pouvais compter sur lui. Le premier jour ici, il m'a accueilli dans le vestiaire, raconte le néo-Olympien. Il est attentif à moi. C'est la première fois que j'évolue à l'étranger, j'ai quitté le club de mon coeur, le Celta, c'est un grand changement, ce n'est pas facile pour moi. Je le remercie vraiment."
Mais Blanco ne sera pas non plus la victime expiatoire de l'ancien de la Roma : "Je viens ici pour apporter de la concurrence à Pau, sinon il n'y a aucun intérêt à être un joueur de foot." Reste au N.36 de l'OM à faire ses preuves sur le terrain. Et ne pas devenir un pilier de l'infirmerie de La Commanderie.
La Provence