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Le Meyrinoisde 18 ans a quitté Servette pour l’Olympiquede Marseille.Il explique son choix et raconteses premiers jours sur le Vieux-Port.
Il s’appelle Titi. Avec le temps, à Marseille, on dit de lui que c’est le «Boss». Sa spécialité, c’est de traîner aux abords de l’aéroport de Marignane, d’être le premier à prendre en photo les nouvelles recrues de l’OM et de poster le cliché sur son compte Twitter. Pas beaucoup ne lui échappent, et il y a là une forme de validation: il faut passer derrière l’objectif de ce supporter pour être reconnu comme un nouveau joueur du club phocéen. La semaine dernière, Roggerio Nyakossi est donc entré dans la galaxie olympienne par un selfie avec Titi.
«C’est énorme»
Pour le Genevois de 18 ans, le changement d’univers est perceptible. À Marseille, il n’arrive pourtant pas comme une star. Il n’est qu’un pari - pour lequel l’OM aurait tout de même dépensé environ 2 millions de francs -, mais il y a une certaine attente, inhérente à la popularité du club. Et Nyakossi, formé à Servette depuis ses 13 ans, va devoir s’y faire. Il ne pense pas encore à ça. L’instant se nourrit de la découverte. «Je suis très content. Là, je change vraiment d’environnement, témoigne-t-il au bout du fil. Je tombe sur quelque chose de très différent de ce que j’avais connu jusqu’ici. C’est énorme. Le club met tout en place pour que je sois au mieux, on me fait travailler avec une nutritionniste, on insiste beaucoup sur le sommeil, l’hydratation, la récupération.»
Pour la première fois de sa vie, le Meyrinois est éloigné du cocon familial. Il vit à l’hôtel, veillé par Notre-Dame-de-la-Garde, dans l’attente que le club lui trouve un appartement. «Mais je ne suis pas isolé, il y a toujours une personne qui m’accompagne au centre d’entraînement, explique-t-il. Et puis je passe beaucoup de temps avec Esey Gebreysus, mon coéquipier en équipe nationale (ndlr: lequel est arrivé en 2021 à l’OM en provenance de Grasshopper).» De quoi s’imprégner progressivement de ce nouveau monde dans lequel il a décidé de plonger.
Le capitaine de l’équipe de Suisse M19 avait d’autres possibilités, dès lors qu’il s’était mis en tête de quitter Servette - où il n’a joué que quelques bouts de match la saison passée - cet été. «Je n’ai aucune rancune envers Servette, assure-t-il. Je ne pars pas déçu, au contraire, je suis très content: j’y ai tout appris. Après, dans toute carrière, il y a des hauts et des bas. Si Servette m’avait proposé un projet concret, je serais resté. Ce projet, l’OM l’avait pour moi.»
Dans le cadre élargide la 1re équipe
C’est avec le directeur sportif olympien David Friio que Roggerio Nyakossi s’est entretenu dès la fin de la saison dernière. Même si les contacts avec son agent Alexandre Favre - de la société MandA Sports - remontent, eux, à plus loin. «J’ai tout de suite eu un bon feeling, détaille le défenseur central. Tout de suite, nous avons eu un rapport très familier. Il m’a dit les choses de manière très directe. On ne m’a pas vendu de rêve. Il fallait que je sente que le projet pour moi soit clair.» A priori, il l’est, avec un contrat de cinq ans à la clé.
Si l’ancien Servettien est actuellement blessé à l’ischio-jambier et en a encore pour une bonne semaine de soins et de réathlétisation - qu’il suit avec la cellule médicale du club marseillais -, il doit tout de même suivre une feuille de route bien établie. «Quand je pourrai reprendre l’entraînement, ce sera dans un premier temps avec la réserve, qui évolue en National 3 (ndlr: 5e échelon du football français). Mais je ferai partie du cadre élargi de la première équipe.» Le nouvel entraîneur Igor Tudor, que Nyakossi n’a pas encore rencontré puisque l’OM est actuellement en stage en Angleterre, doit pouvoir compter sur lui.
«Je prends un risque, oui»
Quand? C’est bien la question. Du haut de ses 194 centimètres (pour 94 kg), le bonhomme ne se presse pas. «Cela dépendra de moi, de mes performances, et ça prendra le temps qu’il faudra.» Selon le plan discuté, il est déjà appelé à disputer la Youth League à l’automne. L’occasion de se confronter à ce qui se fait de mieux dans le football européen chez les jeunes de moins de 19 ans. Et d’en profiter pour continuer de progresser. «Je ne suis pas encore fini, lâche-t-il. Dans les discussions, nous avons évoqué mes axes d’amélioration: il y a plein de choses à travailler. Par exemple, les petits pas, la manière dont je me retourne, ce sont des aspects sur lesquels je peux faire mieux.»
À l’OM, Roggerio Nyakossi sera épié. La tranquillité n’est jamais un gage sur le Vieux-Port. «Je prends un risque, oui, mais ce n’est pas la première fois de ma vie, accepte-t-il. Si je veux être un grand footballeur un jour, il faut que je sois capable de gérer la pression.» Cela tombe bien, la planète Marseille offre peu d’air. Et le public du Vélodrome n’est pas aussi longtemps bienveillant que Titi.
«Si Servette m’avait proposé un projet concret, je serais resté. Ce projet, l’OM l’avait pour moi.»
Roggerio Nyakossi International suisse M19