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LE MILIEU DE L'OM EST TRÈS ATTACHÉ À SON PAYS D'ORIGINE AMINE HARIT; D'amour et de sang; L'histoire du binational avec le Maroc est un vrai roman, mêlé de passion intense, d'émotions, de blessures et de drames.
Il y a la blessure, violente, qui l'a privé d'une coupe du monde historique pour son pays d'origine et le continent africain. Il y a l'accident, dramatique, enseveli dans le plus profond silence, mais nous y reviendrons. Et puis, avec Amine Harit, il y a aussi tout le reste : cette première CAN qui arrive enfin, les sourires, les dribbles made in Maghreb, les racines familiales, l'attachement à la religion musulmane, la nouvelle maturité et quelques bêtises, évidemment. Hervé Renard, son premier sélectionneur, s'en souvient avec affection : "C'était le plus jeune, je lui parlais beaucoup parce qu'il représentait l'avenir. Je ne sais pas pourquoi il était aussi attachant, je l'ai toujours apprécié même quand il faisait des conneries, c'est bizarre. Il était insouciant mais intelligent, devait mûrir mais était charmeur... Ce n'est pas pour rien que les anciens comme Medhi Benatia l'aimaient bien. Il a un bon fond."
Et les idées claires : bien qu'il ait été champion d'Europe avec l'équipe de France U19 de Kylian Mbappé, le Maroc a toujours été numéro 1 dans son coeur. "J'ai des parents 100% marocain, je suis né en France mais à la maison on parlait beaucoup arabe, mes grands-parents étaient là-bas, j'ai plein d'attaches avec ce pays. C'est un choix de famille, de racines, une envie quoi !, confiait-il en décembre. Je savais que mon choix se porterait sur le Maroc une fois atteint le niveau professionnel, mais je suis très fier d'avoir joué en équipe de France chez les jeunes, ça m'a énormément apporté et je suis très reconnaissant." Nasser Larguet, ancien DTN passé par l'OM, l'avait repéré et contacté à ses 16 ans pour qu'il rejoigne les Lions de l'Atlas dès les sélections inférieures : "Il était d'accord mais le FC Nantesn'était pas très chaud parce que les compétitions jeunes en Afrique sont souvent en dehors des dates FIFA. Il a eu peur qu'on ne lui propose pas un contrat pro à cause de ça donc il a finalement refusé. Son papa m'avait assuré qu'il jouerait pour le Maroc quand il aurait l'âge et le niveau pour les A, il a tenu parole."
"L'hymne, des frissons"
Les choses sont allées aussi vite qu'un de ses dribbles foudroyants : dernière rencontre avec les Espoirs des futurs champions du monde Lucas Hernandez et Benjamin Pavard le 5 septembre 2017, première présence dans la liste du Maroc de Renard 19 jours plus tard, premier match le 7 octobre, convocation à la coupe du monde en juin 2018. Dans la foulée de l'élimination des Lions de l'Atlas, en vacances à Marrakech, il est impliqué dans un accident de la route qui entraîne la mort d'un piéton et écope de 4 mois de prison avec sursis.
La suite de son aventure en sélection est irrégulière (16 matches en tout), entre ses passages à vide à Schalke, Marseille (Jorge Sampaoli lui a très peu fait confiance avant mars 2022), la mise à l'écart par Vahid Halilhodzic puis sa grave blessure au genou juste avant le Mondial, alors que Walid Regragui l'avait sélectionné.
Pour sa seconde compétition internationale, Amine Harit part-il avec un esprit de revanche ? "Je ne sais pas sur quoi je prendrais ma revanche, sourit-il. Mais j'ai beaucoup de motivation, encore plus parce que j'ai raté une chose formidable. Ma blessure, c'était le destin... Quand on perd quelque chose comme moi avec l'équipe nationale lors de la coupe du monde, on se rend compte de son importance. J'ai envie de vivre ce genre d'émotions. C'est toujours la même fierté au moment de mettre ce maillot, de chanter l'hymne national, c'est des frissons."
"Un leader en sélection"
Il a depuis effectué une longue rééducation, regoûté aux terrains avec l'OM de Marcelino, est devenu un titulaire indiscutable de Gennaro Gattuso et a retrouvé la sélection marocaine. Sans faire beaucoup de bruit, lui l'ancien trublion du centre de formation du FC Nantes qui faisait les 400 coups avec Enock Kwateng. "Je suis arrivé à maturité footballistique et personnelle, il faut que je donne l'exemple car je suis l'un des plus anciens", dit Harit. Des propos confirmés par son coéquipier Azzedine Ounahi. "Il a un vrai rôle en sélection, c'est un leader. On était très déçu qu'il ne soit pas là à la coupe du monde, il va beaucoup nous aider à la CAN." La tâche sera ardue pour l'Olympien, qui tentera de mener le Maroc à son premier sacre continental depuis 1976. "Souhaitez-nous que tout le monde soit en bonne santé, qu'il n'y ait pas de blessure, et que l'on remporte la coupe d'Afrique, inch'allah !"
La Provence