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Décisif mais contesté, Pau Lopez joue gros lors de la fin de saison de l'OM
Comme en mai 2023, la direction de l'OM a entamé une réflexion sur le poste de gardien et le futur coach y sera associé. En attendant, Pau Lopez (29 ans) espère terminer la saison en beauté, dans la lignée de sa prestation face à Benfica en quarts de finale de la Ligue Europa.
Un totem d'immunité. La performance de Pau Lopez lors du quart de finale retour de Ligue Europa contre Benfica (1-0 a.p., 4-2 aux t.a.b. ; 1-2 à l'aller), le 18 avril, le protège de son irrégularité, selon le vénérable coach Jean-Louis Gasset. « Si vous m'aviez posé la question jeudi soir à minuit et demi, vous m'auriez dit qu'il était un héros parce qu'il avait arrêté le penalty, expliquait ainsi le technicien le 23 avril, entre une prestation ratée du gardien espagnol à Toulouse (2-2, le 21 avril) et une autre, décevante, face à Nice (2-2, le 24 avril). Donc, une erreur sur un but, ça peut arriver, ça arrive. Ceux qui ne font rien ne font pas d'erreurs. »
Cette méthode Coué est aussi logique qu'entendable à l'heure où l'OM dispute une dernière ligne droite passionnante, visant une finale de Ligue Europa et une sixième place en Ligue 1.
Gasset a aussi constaté, comme ses prédécesseurs, la bienveillance du bonhomme arrivé en 2021, sa fiabilité en privé et ses valeurs reconnues dans le vestiaire : « Pau, c'est la force tranquille, il est lucide, sensé. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il parle, il faut l'écouter. Il est très important dans ce groupe, comme deux ou trois autres joueurs leaders. » Cadre de l'effectif, Lopez veille sur ses coéquipiers, notamment les plus fragiles. Ainsi, au mois de janvier, lorsque François-Régis Mughe a eu une demi-heure de retard pour raisons personnelles, le gardien espagnol a payé l'amende dont le Camerounais avait écopé, d'une modique somme de 2 000 euros.
Son attitude irréprochable en a fait un pilier du vestiaire
Il ne l'aurait pas fait pour un taulier bien payé, mais Mughe, qui touchait un salaire minime jusqu'à décembre dernier, était alors au fond du trou, en bisbille avec la Fédération de son pays qui lui interdisait de jouer en compétition officielle le temps de la CAN. Lopez s'adapte : quand Joaquin Correa, en avril, lui a demandé pourquoi il n'avait pas plus de temps de jeu, le portier n'a pas bégayé. Il lui a donné des arguments précis, et l'ombrageux Correa n'a pas parlé à son ami pendant plusieurs jours.
Cette attitude fait de Pau Lopez (29 ans) un pilier de la Commanderie. Et en mai 2023, quand Javier Ribalta et Pablo Longoria ont pensé à le déboulonner, après une fin de saison mitigée, le nouveau coach Marcelino a vite réglé le débat en confortant son compatriote. Un temps, l'été dernier, la direction avait même souhaité lui proposer une prolongation, mais la déprime de Lopez en août et la crise de septembre ont repoussé cette idée sine die. En ce printemps 2024, l'état-major marseillais, qui planche sur une refonte de l'effectif, envisage de chercher un nouveau gardien. Bien sûr, il faudra trouver la perle rare, mais aussi attendre la validation du futur entraîneur.
Derrière la critique d'une « personnalité trop lisse sur le terrain et trop peu charismatique pour Marseille », un raisonnement subjectif, tous les experts du poste de gardien consultés s'accordent : « Pau manque de régularité dans ses performances ». Pour l'un, « elles sont très compliquées à lire. Trois jours après Benfica, il enchaîne les erreurs techniques contre Toulouse, et pour moi, les deux buts de Nice sont pour lui. Il se situe mal sur le premier, de Terem Moffi, et sur le second, la frappe de Melvin Bard, il ne pousse pas assez sur les jambes. »
Un second entraîneur des gardiens tente de relativiser : « La gestion de l'espace est un exercice compliqué. Sur Toulouse-OM, on voit que Guillaume Restes prend des risques et se fait lober. Pau Lopez, lui, semble avoir cette crainte des ballons plongeants, et même haut, il recule pour les éviter. Contre Nice, sur l'ouverture du score de Moffi, il semble bien positionné au départ, puis il recule, recule, recule, et revient ensuite vers l'avant... trop tard. Il prend aussi beaucoup de buts près de ses poteaux. »
Le troisième interrogé, Nicolas Dehon, ancien de l'OM, du PSG ou de l'OGC Nice, s'exprime à découvert et il insiste sur les points forts de Lopez : « La coloration de sa saison et le jugement sur son niveau se jouent maintenant, lors de ce sprint final. Il donne peu d'indications aux tireurs sur les face-à-face, il a une bonne gestuelle du haut du corps sur les frappes, il sort vite les bras. Et surtout, sous Gasset, on le retrouve haut sur le terrain et à l'aise dans la participation au jeu. Quand il prend le ballon et sort de sa surface, il attend qu'un mec fasse pression, et ça déstabilise l'attaque adverse, qui ne sait pas trop comment le cerner. Du coup, ça va créer un surnombre, et surtout, il a cette capacité à donner des ballons presque décisifs, encore pour Pierre-Emerick Aubameyang contre Lens (2-1, le 28 avril), parce qu'il joue quinze mètres devant sa surface. »