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MARSEILLE – Quel metteur en scène, cet André Villas-Boas. Avec l’en- traîneur de Marseille, le recrute- ment d’un attaquant est un feuilleton à suspense pour le sup- porter olympien, bien plus hale- tant que les deux derniers mat- ches à domicile de son équipe.
Premier acte tout en langueur, jeudi après la défaite face à Saint- Étienne (2-0): «On cherche, on va voir si on est capable d’en faire venir un mais on n’est pas trop pressés. Ça peut être dans cette fenêtre (du mercato estival) ou lors de la pro- chaine, histoire de prendre la meilleure décision possible.»
Second acte tout en optimisme, samedi matin, en conférence de presse à la Commanderie: «J’es- père dans les prochains jours, peut- être dans les prochaines semaines, faire arriver l’attaquant qu’on a choisi. Si tout se passe bien... » Troi- sième acte aguicheur, dimanche, après le nul de son équipe face à Lille (1-1): «Oui, un attaquant ar-
rive. Une petite pépite comme vous dites, un nom qui n’est jamais sorti dans la presse. Il peut jouer aux trois postes en attaque. Il est jeune, il a 18-19 ans. Les deux parties sont tombées d’accord.»
Ne manquait donc que l’identité du jeune homme tant convoité, et elle a été dévoilée hier : Luis Hen- rique, né le 14décembre 2001 et évoluant à Botafogo. Un qua- trième acte qui ne manquera pas de nous surprendre, encore une fois. Le prometteur Luis Henrique tend vers l’ailier vif et dribbleur plutôt que vers le registre du co- pieux numéro9. Il a peu à voir avec les profils ciblés depuis le début
d’année 2020 par l’ex-directeur sportif Andoni Zubizarreta et par Villas-Boas. Citons le Rennais M’ Baye Niang (25ans), le Rémois El Bilal Touré (18ans), l’Uruguayen d’Almeria Darwin Nuñez (21ans), finalement transféré à Benfica pour 25M€, le Colombien de Wat- ford, Luis Suarez (22 ans), ou le Mexicain des Chivas de Guadala- jara, José Juan Macias (20 ans). Des avants-centres de rupture, de réels concurrents pour Dario Be- nedetto, des buteurs plus puis- sants, plus aguerris, plus chers aussi...
Si le prix murmuré pour Luis Henrique (10M€, dont 60% pour
le Três Passos Atlético Clube, petit club formateur du Sud du Brésil, et 40% pour Botafogo) n’a rien de négligeable, vu sa poignée de matches en pros au Brésil (7), ce transfert est plus une opération de trading que le renforcement im- médiat de l’équipe type si souvent évoqué par «AVB» ces dernières semaines: le recrutement par le «head of football» Pablo Longo- ria, d’un prospect, en post-forma- tion, à polir et à revendre avec une forte plus-value.
Longoria mise sur la polyvalence
Une trajectoire à la Isaac Lihadji, l’élément le plus talentueux du centre de formation olympien parti au LOSC cet été, à un âge quasi-identique (18 ans et quel- ques mois). Appréciant le travail de Nasser Larguet, le directeur du centre, arrivé à l’été 2019, AVB comme Longoria ont un regard sévère sur les dernières généra- tions de la pouponnière olym- pienne, les trouvant trop peu four- nies en potentiel à exploiter. Longoria connaît le réservoir bré-
silien, il a saisi l’occasion alors que le mercato commence à s’agiter, ajoutant de la vitesse à un effectif qui en manquait selon lui (Florian Thauvin sera bientôt libre et Ne- manja Radonjic plafonne), tout en espérant que la polyvalence de- vienne un atout, pour être aussi à l’aise en ailier qu’en pointe. En privé, le dirigeant explique à ses interlocuteurs que l’OM n’a pas renoncé à embaucher un avant- centre plus classique. Mais il fau- dra «vendre avant», précise-t-il.
Depuis plusieurs mois, le mer- cato marseillais oscille entre deux tendances. Au vu des déficits ac- cumulés et ceux programmés, le président Eyraud souhaiterait cé- der un ou plusieurs joueurs avant de réinvestir, tout en annonçant la phase 2 du projet McCourt, dite du trading. De son côté, pour sa se- conde saison à l’OM, AVB fait tout pour garder son groupe en l’état, bâtir un mercato malin en dé- boursant peu et convaincre ainsi lepropriétairebostoniendedégai- ner le chéquier sur un buteur. L’arrivée de Luis Henrique se situe au milieu du gué.