Sur une action finement jouée par les entrants grecs, la paire Gigot-Balerdi, souveraine jusqu'alors, a fini par céder.
Seul, la tête collée à la fenêtre du bus quittant le stade Apostolos-Nikolaidis, Leonardo Balerdi a le regard lointain et la mine triste. Responsable de la sécurité du groupe pro, le solide Alexandre Neyton, un ancien de la DGSE pas vraiment réputé pour son sens de l'humour, essaye de le faire sourire et il y arrive. Brièvement. Le défenseur central argentin de 24 ans met ensuite ses écouteurs sans fil pour couper jusqu'à l'aéroport, il n'a pas besoin de farfouiller sur son téléphone pour savoir son funeste sort sur les réseaux sociaux. Il sera taillé, principalement, par des supporters virtuels de l'OM qui ne lui passent pas grand-chose depuis son arrivée, à l'été 2020, en provenance du Borussia Dortmund.
Le public a souvent eu raison, lors des premiers mois sous André Villas-Boas, quand il enchaînait les sautes de concentration et les interventions maladroites. Mais la prise en grippe a duré, alors que Jorge Sampaoli et Igor Tudor lui ont pourtant fait confiance depuis. La saison dernière, le technicien croate en avait fait d'ailleurs un pilier de sa charnière centrale à trois éléments lors des rencontres à l'extérieur, et le protégeait parfois d'un Vélodrome intransigeant.
Alors que Balerdi symbolisait une des rares valeurs marchandes intéressantes de l'effectif, Marcelino s'est inscrit dans la tendance tudorienne, en le préférant cet été à Chancel Mbemba pour épauler Samuel Gigot, au sein d'une défense centrale plus classique. La puissance de Gigot, son intensité et son intelligence dans le harcèlement de l'avant-centre adverse, couplées à la solidité de Balerdi, sa qualité de relance et de compensation, voilà le tableau.
L'expérience de Mbemba aurait-elle changé l'issue ?
Mercredi soir, face à une équipe grecque ayant annexé la possession dès les premières secondes de jeu, la paire a longtemps fait l'affaire. Gluant, malin, le capitaine Samuel Gigot a perturbé le Slovène Sporar, si bon lors du précédent face aux Ukrainiens de Dnipro (trois buts sur les deux rencontres). Balerdi l'a suppléé efficacement dans cette tâche, à l'image de ce duel aérien gagné à la 59e minute sur un superbe centre adverse dans la surface marseillaise.
Après cette action, Kondogbia et Gigot ont échangé vigoureusement, mais l'expulsion de l'international centrafricain (65e) a rendu la mission plus complexe encore. Jusqu'à ce fait du match, les Grecs poussaient péniblement, avec une maladresse chronique. Leurs velléités butaient sur une défense centrale olympienne rugueuse, et Balerdi avait seulement concédé un coup franc dangereux après un raid de Verbic (31e).
En supériorité numérique, les joueurs du Panathinaïkos ont insisté sur le côté droit, face à un Ronan Lodi éreinté et dépassé. À la 83e minute, juste après un nouveau duel gagné par Balerdi pour soulager Pau Lopez, les entrants, Kleinheisler, Bernard et Ioannadis ont réalisé une jolie combinaison pour piéger un duo jusqu'ici intraitable. Gigot a été aspiré et a laissé Bernard s'infiltrer dans son dos. Balerdi n'a pas été assez prompt face à Ioannadis, qui a pu remiser vers le vétéran brésilien (30 ans).
Lodi, lui, a couvert tout le monde. Une inspiration, bien exécutée, et le mal était fait pour la charnière marseillaise. Dans le bus, Balerdi a sans doute longuement repensé à ce coup du sort. Et aux débats, éternels, vigoureux, qui ont repris dès le coup de sifflet final. Fallait-il le préférer à Chancel Mbemba, un défenseur plus aguerri, à l'expérience certaine en Ligue des champions avec Porto ? Marcelino répondra à la question samedi après-midi, face à Reims, et vu la cote de Balerdi en interne, il n'est pas certain que le technicien espagnol suive l'avis de la foule.
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