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Balerdi, l’âge de raison
À l’aise dans le système de Tudor, le défenseur central argentin de 23 ans progresse à vue d’œil et sa régularité commence à faire oublier sa fébrilité du passé. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Le stade Louis-II, Leonardo Balerdi l’a découvert en janvier 2021 (1-3), perdu dans l’entrejeu, milieu de terrain de fortune pour André Villas-Boas en l’absence de Valentin Rongier, de Bouba Kamara ou de Morgan Sanson. Ce dimanche, l’Argentin de 23 ans revient sur les lieux en défenseur central aguerri et avec le second temps de jeu de l’effectif parmi les hommes d’Igor Tudor, derrière Chancel Mbemba.
Vendredi, quelques jours après une performance de haut vol face à l’OL (1-0), l’entraîneur l’a encensé : « Leo, ça fait vraiment un mois, un mois et demi qu’il a des prestations de très haut niveau. Il mériterait même d’être appelé en sélection nationale, on en a parlé ensemble. Il s’est amélioré au niveau de la personnalité, de la dureté dans les duels, dans les contacts. En jouant un football multipliant les un contre un, on voit ses qualités dans la vitesse, dans la lecture du jeu. Je suis très satisfait. »
Face aux Lyonnais, Balerdi a été complet. Pressant haut Alexandre Lacazette en première période pour mieux intercepter les ballons, asphyxiant le buteur, il a fait face à un profil bien différent dans le second acte, avec Karl Toko Ekambi. Il lui fallait alors anticiper ses déplacements, l’empêcher de prendre de la vitesse sans se livrer. Mission réussie, encore une fois.
Balerdi est un joueur clivant. Les supporters marseillais l’adulent ou le détestent, il n’y a guère de juste milieu. Trois entraîneurs ont cru en lui (« AVB », Jorge Sampaoli, Tudor) mais certains techniciens adverses le voient comme le point faible de la défense olympienne, et certains membres des anciens staffs de l’OM leur donnent plutôt raison. De nationalité argentine, on l’a vite classé parmi le « FC Grinta » au fil de ses expulsions (deux en 2020 comme en 2021 et une la saison dernière) et de son attitude ombrageuse. Une illusion. « Il n’a jamais appartenu à la lignée des aboyeurs comme Gaby Heinze, sourit Renato Civelli, ancien vrai méchant de la charnière olympienne (2006-2009). Leo est un cérébral, quand tu allais le voir évoluer avec la réserve de Boca Juniors (2017-2018), tu découvrais un joueur facile, à la technique de milieu offensif, pas un guerrier. Il survolait les débats. »
Conseillé par Ricardo Carvalho
Stoppeur à l’ancienne, Civelli apprécie depuis toujours Balerdi. Il lui a écrit après son but contre le Sporting (4-1), le 4 octobre, et ils ont échangé au Vélodrome en marge d’OM-Angers (5-2), le 4 février. « Il est encore jeune, mais je le trouve de plus en plus mature. Il a habité seul en Allemagne, à l’époque de Dortmund, il a surmonté cet exil, il s’est adapté au style puissant des attaquants français et arrive mieux à les lire. Il est plus concentré, ne plonge pas mentalement après une erreur… »
Les enseignements du passé, à commencer par ceux de Ricardo Carvalho, l’adjoint d’« AVB » (2019-2021), commencent à payer, le beau relanceur est devenu plus agressif, plus dense, il fait le tour de ses attaquants plutôt que de tenter de les contrôler en reculant. Il progresse, une denrée rare dans les gros clubs où on attend un rendement immédiat. L’été dernier, le duo Ribalta-Longoria avait ainsi voulu l’exfiltrer en Serie A, pour prendre un élément plus expérimenté, comme Francesco Acerbi.
La direction cherchera encore un renfort en défense centrale en janvier. Mais pour concurrencer les tauliers en place, cette fois, comme ce Balerdi épanoui.
L'Equipe