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Toujours en apprentissage; L'Argentin, qui revient de suspension, a une grosse marge de progression
L'impression est tenace et le début de saison de Leonardo Balerdi est presque une caricature du jeune footballeur qu'il est. Lors des deux matches qu'il a disputés, il a régné en maître de la défense olympienne à Montpellier et contre Bordeaux, cassant des lignes grâce à ses passes, colmatant les brèches dans une équipe parfois ouverte aux quatre vents, se permettant même un coup du sombrero face aux Girondins, enflammant un Vélodrome presque plein. Il est aussi, selon Opta, le joueur qui affiche le meilleur différentiel entre ballons récupérés (24) et perdus (17) en Ligue 1. Le hic, c'est que cela n'a duré "que" 178 minutes sur 180 (arrêts de jeu non compris), la faute à une expulsion à la 88e, pour un tacle mal maîtrisé sur Sékou Mara. Une constante pour le libero argentin, qui a pris trois cartons rouges en 27 matches à l'OM, qui a souvent péché par orgueil dans la relance et par négligence dans le placement, donnant des occasions gratuites aux adversaires.
"El Flaco" ne se cache pas et admet des chutes de tension pendant les matches : "J'ai encore des moments de distraction. Contre Bordeaux par exemple, on menait 2-0, puis ils ont égalisé, c'est à cause de ma volonté de gagner que j'ai fait ce tacle."
"Défenseur central, c'est le poste le plus ingrat dans le football, avec celui de gardien, confie Vitorino Hilton, champion de France avec l'OM en 2010 et Montpellier en 2012, aujourd'hui consultant pour Prime Video. Chaque erreur est payée cher, mais il en commettra moins avec le temps. Et puis, Marseille c'est beaucoup plus dur qu'ailleurs, la critique est deux fois plus importante. Il n'a que 22 ans... Je n'aurais pas fait la même carrière si j'avais débarqué à l'OM à cet âge-là."
La jeunesse est aussi l'argument de l'ancien de Dortmund (acheté 8M€ cet été), qui répondait hier aux questions des médias : "Je suis encore jeune et j'apprends de mes erreurs, je travaille dessus." Et la base de l'apprentissage, c'est la répétition : avec seulement 42 matches chez les pros (5 à Boca Juniors, 8 au Borussia, 27 à l'OM et 2 avec la sélection argentine), la marge de progression est évidente.
Vitorino Hilton : "Je lui vois
un très bel avenir"
Pour Gaël Givet, autre prédécesseur de Leonardo Balerdi en charnière à l'Olympique (2007-2008), le blocage est dans la tête : "C'est un problème mental. Ce n'est pas facile : quand on est en plein match, qu'il y a la pression, les supporters, il faut être maître de ses émotions. Certains ont une sérénité importante dès 20 ans, d'autres mettent plus de temps à l'acquérir." Ricardo Carvalho, ex-adjoint d'André Villas-Boas, lui donnait dans nos colonnes (16 octobre 2020) un conseil forcément pertinent vu le pedigree du Portugais : "Il faut être attentif, ne pas prendre trop de risques. Il est parfois trop confiant avec le ballon."
Givet, ancien éducateur à l'AS Monaco, donne, lui, d'autres pistes pour éviter les étourderies : "Ça se travaille au quotidien. Il faut identifier le moment où on se déconnecte, garder son calme et se remettre dedans en remontant le curseur dans la vigilance et la concentration." Sa première saison en Provence, qu'il a l'air d'avoir digérée, a pu lui donner un joli condensé d'une carrière : une arrivée dans un deuxième pays étranger sans parler la langue, trois entraîneurs (et donc trois staffs), deux présidents, une petite mise à l'écart après son expulsion contre Porto en Ligue des champions, un envahissement du centre d'entraînement par ses propres supporters, et, finalement, la confiance totale de Jorge Sampaoli (12 titularisations sur les 13 matches où il était possible de l'aligner). Hilton et Givet rejoignent en tout cas Villas-Boas, qui voyait en Leonardo Balerdi "l'un des meilleurs défenseurs d'Europe dans quelques années".
"Qu'il fasse des petites erreurs d'inexpérience ne veut pas dire qu'il ne sera pas un top joueur, sachant qu'il est déjà très bon", observe l'Arlésien, quand le Brésilien, spécialiste du poste, insiste sur "les responsabilités énormes en position de libero, qu'il maîtrise très bien. Tu es souvent en un-contre-un, il faut être bien placé, lire le jeu, couvrir les deux autres centraux qui montent, chose fréquente dans le système de Sampaoli. Il a tout pour progresser et il joue déjà dans un grand club. Je lui vois un très bel avenir." Museler Wissam Ben Yedder ce soir serait un bon point de départ.
La Provence