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MARSEILLE – Il est minuit passé quand Andoni Zubizarreta quitte la Commanderie. Les équipes du digital de l’OM, qui avaient planché sur l’officialisation du transfert de Valentin Rongier, sont parties quelques minutes plus tôt, tout comme Jacques-Henri Eyraud, en chemise, sur son scooter. Une poignée de supporters, présents pendant toute cette interminable soirée d’attente, est sidérée. «Tout ça pour rien ! », peste un fan dépité au moment de rejoindre sa voiture. Le plus triste n’est pas sur place. Le capitaine du FC Nantes, âgé de vingt-quatre ans, a vécu une dernière journée de mercato haletante et elle ne s’est pas terminée par un happy end. Hier midi, quand Zubizarreta l’accueille à l’aéroport de Marignane, le milieu de terrain pense enfin toucher au but. Le directeur sportif le désire depuis le printemps 2017, il est devenu proche de ses représentants, et le joueur s’est mis d’accord avec l’OM depuis plusieurs semaines sur les contours d’un contrat de cinq ans.
Accueilli par quelques supporters passionnés, Rongier passe sa visite médicale dans l’après-midi à la clinique Juge, dans le huitième arrondissement de la ville, puis il file à la Commanderie pour les formalités et la préparation de l’officialisation. Problème, le FC Nantes et l’OM n’ont toujours pas accordé leurs violons sur les modalités du transfert.
Après une première offre à 11 millions d’euros, plus un de bonus (500 000 euros par qualification européenne d’ici 2021), en début de semaine dernière, l’OM a haussé sa proposition à 13 millions d’euros, plus deux de bonus, toujours liés à des qualifications européennes, avec un versement en trois fois.
Cette somme lui garantissant 15 M€ à terme convient à Waldemar Kita, le président nantais, qui assouplit un peu sa position : l’OM peut commencer à le payer en 2020, s’il le souhaite. En revanche, il demande 50 % sur le futur transfert du joueur, quand l’OM propose 30 % sur la plus-value, avec un plafonnement à 5 M€. Et ce n’est pas du tout la même mayonnaise.
Les deux clubs pas d’accord sur le plafonnement de la plus-value à la revente
Dimanche en fin d’après-midi, lors d’une discussion entre présidents, Kita va baisser ses prétentions à 30 % du futur transfert. Jacques-Henri Eyraud, qui a consulté Frank McCourt, n’accède pas à cette requête. Le propriétaire ne veut pas que l’OM mette plus. Du côté, de Nantes, le clan Kita reste inflexible. Ses relations avec Rongier et ses agents, pourtant en cour en Loire-Atlantique par le passé, sont orageuses. Les premiers reprochent aux seconds de leur avoir forcé la main, de s’être mis d’accord sur le contrat alors que l’OM n’a pas les moyens de payer le prix réclamé par la direction nantaise. Si Kita n’a pas reçu d’offres pour son joueur cet été, notamment de Premier League, il est convaincu qu’il vaut au moins 20 à 25 millions d’euros et n’en démord pas.
Après avoir rongé son frein, Rongier quitte un temps la Commanderie et s’en va dîner à l’hôtel Intercontinental en compagnie de Zubizarreta, son chaperon pour la journée. Alors que le directeur sportif revient à la Commanderie vers 22h30, l’hypothèse d’une arrivée en tant que joker début septembre commence à circuler dans les cercles nantais, mais l’OM ne semble pas favorable à cette issue. Vers 23 heures, l’OM fait une nouvelle proposition. La même base, toujours (15 M€ dont deux de bonus), assortie d’un pourcentage plus élevé sur la plus-value à la revente (50 %). Les positions semblent enfin se rapprocher. Mais le clan Kita bloque toujours sur un point : l’OM veut encore un plafonnement à 5 M€ sur la future somme perçue, les dirigeants nantais ne sont pas d’accord. Au fond, ils reprochent à l’OM d’avoir tardé à formuler une offre correspondant à leurs attentes, après plusieurs semaines à n’évoquer qu’un prêt avec option d’achat, faute de départs du club marseillais et d’apport de l’actionnaire. Avec un dialogue plus fluide, en milieu de mercato, Rongier aurait-il signé à l’OM ? Sans doute. Quant à l’hypothèse d’un joker, elle existe, et Marseille aurait plusieurs pistes en France