Information
Rongier ronge son frein
Écarté des terrains depuis début novembre à cause d’une blessure au genou gauche, le capitaine de l’OM devra encore patienter avant de revenir. MéLISANDE GOMEZ (avec M. Gr.)
C’était le premier coup dur de l’ère Gennaro Gattuso, une « douche froide » selon les mots de l’entraîneur italien lui-même quand, même pas cinq semaines après son arrivée, il avait vu son milieu de terrain le plus assidu se blesser au genou gauche. Valentin Rongier (29 ans) avait joué tous les matches en intégralité depuis la nomination de Gattuso et il n’imaginait pas que son absence serait aussi longue, quand il est rentré chez lui après le nul contre Lille (0-0, le 4 novembre). Il avait pris un coup sur la rotule en fin de match et il avait eu mal, mais le staff médical s’était montré rassurant. La douleur a pourtant enflé au fil des heures, les examens d’imagerie ont confirmé un arrachement osseux et, le lundi 13 novembre, Rongier était opéré à Lyon par le spécialiste du genou, le professeur Bertrand Sonnery-Cottet.
À l’époque, le délai d’indisponibilité est annoncé à trois mois ; nous sommes le 13 février, et l’ancien Nantais n’est toujours pas là. L’opération s’est bien passée, la reprise aussi, mais il a fallu mettre un coup de frein, ces dernières semaines, parce que le joueur a eu quelques douleurs au tendon rotulien Pressé de revenir, Rongier a fait tous les exercices à fond, discipliné et surmotivé, mais il ne faudrait pas que sa motivation lui fasse perdre du temps, et c’est ce que Gattuso expliquait avant le déplacement à Lyon, il y a dix jours : « On pensait que ce serait rapide, une affaire de quelques semaines, mais on a baissé de rythme car le tendon le gêne. Valentin est comme ça, il faudrait l’attacher et le libérer après trois semaines, il a envie de travailler, il a envie de revenir. Mais, avec ce type de blessure, il ne faut pas plaisanter. » Car une inflammation du tendon rotulien obligerait à un nouveau repos forcé qui allongerait les délais de reprise.
Même loin des terrains, il reste impliqué
Très présent auprès du groupe, en bon capitaine, Rongier assiste à tous les matches, passe beaucoup de temps à la Commanderie. Il a travaillé en salle, recommencé à courir puis a dû alléger un peu la charge de travail. Il n’a pas encore retouché le ballon et sa date précise de retour n’est pas fixée, parce qu’elle dépendra de son ressenti et de sa capacité à enchaîner : tant que le tendon le gênera, il faudra rester prudent. Mais il pèse malgré tout dans la vie de l’équipe, comme quand il est intervenu auprès de sa direction pour calmer les choses dans « l’affaire Clauss », en fin de mercato, alors que le club voulait exfiltrer le latéral droit. « Il s’est battu comme un lion pour défendre Clauss », racontait Gattuso la semaine dernière.
Rongier était en première ligne, aussi, lors de la réunion organisée avec les responsables de groupes de supporters, mardi dernier, et il n’a pas été ménagé par certains d’entre eux, qui le jugent trop lisse pour incarner l’OM. « Je l’ai fait venir dans mon bureau pour lui parler, parce qu’ils ont été un peu durs avec lui, l’a défendu Gattuso. Il est toujours présent, il écoute et aide ses coéquipiers, il nous manque beaucoup. Je lui ai dit de relever la tête, parce qu’il a montré qu’il était un capitaine valeureux ces derniers mois, et même s’il n’est pas là, il est d’une énorme importance pour nous. »
Et son absence est une difficulté de plus pour son entraîneur, Rongier pouvant régler plusieurs problèmes à la fois. Par son caractère et son implication dans le travail, d’abord, dans un groupe qui manque de leaders. Et par son adaptabilité tactique, saluée par ses entraîneurs. Jorge Sampaoli nous disait le mois dernier qu’il avait découvert un « joueur particulièrement intelligent qui peut jouer n’importe où avec énormément de naturel », et l’a testé latéral droit ; Igor Tudor louait un joueur « de niveau international », et l’a même essayé axial gauche dans sa défense à trois. Gattuso, lui, doit composer sans son capitaine, et il compte les jours.
L'Equipe