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Les funambules; La paire d'ex-Nantais réalise un début d'année de très haut niveau et équilibre l'OM de Tudor
Ils ont, dans un passé pas si lointain, cristallisé les critiques et symbolisé -en partie- les limites de l'OM d'Igor Tudor. À mesure que l'équipe s'enlisait dans la fange d'un mois d'octobre ou elle faillit, prématurément, presque tout perdre, Valentin Rongier et Jordan Vérétout ne se démarquaient pas, bien au contraire. Certes déjà garants de l'équilibre d'un système énergivore et porté sur la chose offensive, ils étaient trop inhibés, pas assez efficaces dans les deux surfaces ou trop peu déterminants : avant le 1er novembre, ils comptaient une passe décisive pour deux. Bref, le double pivot formé à la Jonelière n'était indiscutable que dans l'esprit de son entraîneur (le seul dont l'avis compte), qui l'a toujours soutenu. Aujourd'hui, la fidélité du Croate paye : les deux ex-Nantais sont dans une forme éblouissante et la pertinence de leur association saute enfin aux yeux.
"Ce sont deux grands joueurs", disait d'eux Igor Tudor le 18 septembre, après la première joute au Vélodrome contre Rennes, en attendant la deuxième demain en coupe de France. Michel Der Zakarian, le seul autre technicien à les avoir un jour compté ensemble dans son effectif, à Nantes, ne contredit pas son homologue. "On sent qu'ils sont épanouis et prennent beaucoup de plaisir dans cette équipe. Ils sont complémentaires, ont un jeu intelligent et compensent beaucoup les montées des pistons."
L'ancien entraîneur de Brest, limogé en octobre et à la recherche d'un nouveau projet, aurait pu ajouter : "Et des arrières centraux". Les premières secondes de la rencontre de samedi contre Lorient sont à ce sujet éloquentes. Dès le coup d'envoi, Chancel Mbemba, Samuel Gigot et Leonardo Balerdi montent l'un après l'autre, et mécaniquement, Rongier et Vérétout se retrouvent en position de derniers défenseurs marseillais.
"La plaque tournante dans la réflexion du jeu"
Édouard Cissé insiste aussi sur la finesse tactique des deux récupérateurs-relayeurs (lire ci-dessous). Albert Émon disait lui lundi dans La Provence : "Cette paire est devenue une pièce maîtresse de cet effectif, la plaque tournante dans la réflexion du jeu." Ça ne surprendra personne pour le capitaine olympien (quand Dimitri Payet n'est pas titulaire) : la saison dernière, il occupait avec brio le complexe poste hybride de latéral droit-milieu défensif, lui qui n'avait jamais joué arrière droit avant Jorge Sampaoli. "On voit que le boulot fourni aux entraînements est de qualité, diagnostique l'enfant de Pont-de-Vivaux (10e arrondissement). C'est ce travail quotidien qui fait qu'en match ils ont des repères et qu'ils exécutent parfaitement leur tache, récupèrent beaucoup de ballons et les utilisent très bien. Ils étaient beaucoup plus jeunes quand je les coachais à Nantes, mais je retrouve ce goût de l'effort, cette envie de bien faire les choses. Ils ont pris de la maturité, du poids, ont progressé techniquement et dans le jeu."
À l'image de leur saison, surtout pour l'ancien d'Aston Villa et Saint-Étienne, comme il l'admettait lui-même dans nos colonnes avant de partir à la coupe du monde avec les Bleus : "À mon retour en France, j'ai connu des débuts un peu compliqués." Aujourd'hui, Jordan Vérétout, décrit comme "fiable, bon camarade sur et en dehors du terrain" par son formateur au FCN Samuel Fenillat, est dans la lignée de ses saisons en Italie durant lesquelles il était un pilier de la Fiorentina puis de la Roma.
Et il est le joueur le plus décisif de l'effectif depuis huit matches (3 buts, 2 passes), pour le plus grand plaisir de Tudor. "Il est dans une bonne période et bien sûr, sa convocation pour la coupe du monde l'a tiré vers le haut, louait après Troyes-OM l'ex-adjoint d'Andrea Pirlo à la Juventus. Il est en grande confiance. Je l'ai connu en Serie A, c'était un joueur que je souhaitais lorsque je discutais avec le club au début. Il a beaucoup de qualités, pas seulement en tant que joueur mais aussi en tant que personne."
"Il est beaucoup plus agressif depuis ses passages en Angleterre et en Italie, a pris du volume athlétique, poursuit Der Zakarian. Il sent le foot et a une bonne vision. Valentin, lui, joue juste, voit avant de recevoir, oriente bien le jeu, perd peu de ballons, avec une bonne qualité de passe. Il a passé un cap. Rejoindre Jordan en équipe de France ? Tout est possible !"
Autant que dans le jeu, Rongier est devenu un véritable leader du vestiaire. Il prend garde à ne pas perdre l'humilité de son vestiaire au coeur de cette brillante série de sept victoires, tout comme l'équilibre de son équipe, devant les micros et sur le terrain. "Le coach demande à tout le monde d'attaquer et il faut vraiment faire attention. C'est bien beau mais des fois on s'enflamme un peu et on monte tous à l'abordage. Dans certaines situations l'adversaire se retrouve en 2 contre 1 ou en 3 contre 2, ce n'est pas normal. Il faut qu'on bosse là-dessus", déclarait-il fermement samedi soir. On peut faire confiance à la paire Rongier-Vérétout pour continuer son travail d'orfèvre.
La Provence