02 Mai 2005, 09:20
Graille débarqué du PSG
Deux ans après son arrivée, le président parisien va être remplacé, ce matin, par Pierre Blayau ou Alexandre Bompard.
Après plusieurs semaines de réflexion, Canal +, actionnaire majoritaire du PSG, a choisi de se débarrasser de Francis Graille. Pour les dirigeants de la chaîne, le président du club, sans plan de reprise crédible et au terme d’une saison ratée, n’était plus l’homme de la situation.
LA PAGE FRANCIS GRAILLE va être définitivement tournée ce matin. Arrivé aux commandes du PSG au printemps 2003, il va être débarqué de son fauteuil présidentiel et remplacé, selon toute vraisemblance, par Pierre Blayau, actuel PDG de Geodis (une filiale de la SNCF), ancien président du Stade Rennais. Ou par Alexandre Bompard (voir ci-dessous), fils de l’ancien président de Saint-Étienne, Alain Bompard, et directeur de cabinet de Bertrand Méheut, le président du groupe Canal + (actionnaire majoritaire du PSG). Bompard pourrait assurer un intérim de quelques mois en préparant la cession du club. Méheut tranchera ce matin entre les deux solutions, même si l’option Blayau est la plus probable.
Selon nos informations, il annoncera sa décision à Francis Graille dans la matinée. Ensuite, l’intronisation de Pierre Blayau (ou d’Alexandre Bompard) sera annoncée à l’occasion du conseil d’administration du PSG qui se tient à 15 heures, au siège de la chaîne cryptée. Cette issue était devenue inéluctable, Graille n’ayant jamais présenté un plan de reprise jugé crédible par Canal +. Lors de sa dernière rencontre avec Bertrand Méheut, jeudi dernier, il devait pourtant détailler son tour de table. Mais il n’a transmis aucun document attestant d’un projet concret. Il n’a évoqué que verbalement ses intentions d’entrer dans le capital de la SASP Paris Saint-Germain avec plusieurs partenaires. Des montants ont été avancés, des pourcentages (entre 34 % et 100 % du capital), mais sans engagement écrit des entreprises citées par Graille. Ce flou n’a pas été du goût de Canal +, qui s’est lassé d’attendre.
Canal + agacé par la gestion du club
Homme d’action sous ses allures de technocrate un peu timide, Méheut a donc tranché dans le vif. Comme il l’avait fait, en 2003, lorsqu’il avait débarqué Laurent Perpère pour le remplacer par… Graille. Mais au-delà des difficultés rencontrées par le président du PSG pour mettre sur pied un plan de reprise majoritaire, la situation actuelle du club n’a pas joué en sa faveur. Le 11 mars dernier, Bertrand Méheut rappelait, dans nos colonnes, les priorités pour Graille : « Redresser le club au niveau sportif, présenter des comptes à l’équilibre à la fin de la saison et traiter le problème des supporters. » En dépit des dernières victoires, le premier objectif n’est pas encore atteint. Septième en Championnat, le PSG est loin de l’objectif du club, qui était de se qualifier pour la Ligue des champions. Il risque d’ailleurs de se passer de Coupe d’Europe la saison prochaine.
Les comptes, eux, sont toujours dans le rouge. Au 30 juin 2004, les pertes nettes du PSG s’élevaient à 31 millions d’euros. Et elles devraient encore atteindre une dizaine de millions d’euros au 30 juin 2005, même si Francis Graille préfère évoquer une perte de l’ordre de 3 millions d’euros. Et même la relation avec les supporters, que l’on pensait en voie de normalisation, est loin d’être réglée.
La gestion des affaires courantes au PSG agace également les dirigeants de Canal +. Depuis la nomination de Vahid Halilhodzic, dont l’omnipotence était mal perçue, jusqu’aux détournements de fonds présumés de Rodolphe Albert, dont Francis Graille avait fait son bras droit, la liste des points négatifs n’a cessé de s’allonger. Arrivés il y a deux mois pour réaliser un audit sur le PSG, les spécialistes dépêchés par Vivendi Universal (maison mère de Canal +) ont rendu leur copie, il y a une semaine. Elle met en lumière la mauvaise gestion du club parisien. Au sein de la chaîne cryptée, il est également reproché à Francis Graille de ne pas avoir suffisamment structuré le PSG. Et pas forcément appliqué la cure d’austérité réclamée. Ainsi, cette saison, la masse salariale est plus importante que celle de l’an dernier… En fin de saison dernière, des primes très importantes ont également été versées aux joueurs et au staff (2e de L 1 et vainqueurs de la Coupe de France), pour un montant de l’ordre de 11 millions d’euros !
Président exécutif du PSG avec un salaire mensuel de 27 000 euros bruts sur treize mois, Graille a perçu, en février dernier, un bonus sur objectif de 150 000 euros.
S’il est bien désigné ce matin, Pierre Blayau sera, pour sa part, président bénévole du PSG et restera PDG de Geodis. Un directeur général est déjà choisi. Il sera nommé dans les prochains jours. Il s’agit d’un financier qui collabore actuellement avec Canal + et Vivendi Universal. Il sera la cheville ouvrière du club, avec des pouvoirs importants, tandis que Blayau contrôlera directement le secteur sportif, la communication ou encore les relations avec les supporters.
La présidence du PSG a été proposée à Pierre Blayau, il y a déjà deux semaines. Il a finalement accepté le poste lundi dernier, juste avant de s’envoler pour un séjour professionnel aux États-Unis. À son retour, les derniers détails de sa mission ont été finalisés avec l’état-major de Canal +. Mais, en dernière minute, l’option Bompard, qui n’est pas candidat, mais accepterait si Méheut le lui demande, est revenue sur le tapis. S’il est intronisé, le patron de Geodis va donc diriger, à partir d’aujourd’hui, un club soumis depuis des années à des tempêtes régulières. Homme à poigne, il a la carrure pour redresser la situation. Mais il n’est porteur d’aucun plan de reprise. Sa mission est simplement de gérer efficacement le PSG, pas de lui trouver de nouveaux actionnaires. Cette tâche est celle du groupe Canal +, qui a englouti pas moins de 220 millions d’euros en sept ans dans le PSG. Mais qui est bien décidé à stopper l’hémorragie avant de trouver lui-même des repreneurs.
ÉTIENNE MOATTI
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Blayau remplace Graille
La direction de Canal Plus a décidé de remplacer Francis Graille au poste de président du Paris SG. Sauf surprise, c’est l’ancien patron du Stade Rennais, Pierre Blayau, qui lui succèdera à la tête du club de la capitale.
Arrivé en 2003 à la tête du Paris Saint-Germain, Francis Graille n’aura finalement pas tenu deux saisons à la présidence du club parisien. L’ancien homme fort de Lille paye les mauvais résultats du club qui avait déjà limogé son ami et entraîneur Vahid Halilhodzic en février dernier. Bertrand Méheut, le président de Canal Plus, a décidé lundi de le remplacer par Pierre Blayau. L’ancien directeur de Moulinex a déjà exercé ce type de responsabilités au Stade Rennais entre 1998 et 2000.
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