Je sais pas si ca a déja été posté...
http://www.sofoot.com/list/rub_10_art_1276.html
A l'heure où Fabien Barthez est montré du doigt par tout le monde, il est temps qu'une autre voix se fasse entendre. Ou comment voir l'affaire Barthez par l'autre bout de la lorgnette.
Rappelons le contexte de cette affaire, car peut-on juger sans savoir ce qu'il s'est réellement passé, alors que le principal organe de presse sportive quotidienne a juré publiquement de se payer la tête de Fabien Barthez. Voyez plutôt.
Le match
Pour le Wac Casablanca, ce match contre leurs "idoles" marseillaises est un peu une finale de Coupe du Monde. La presse s'est déchaîné la semaine précédant le match, le public est chauffé a blanc, on ne parle que de cela. Lors du match, l'engagement des joueurs est total. Durs sur l'homme, comme on dit, surtout pour un match amical. En 1ère mi temps, l'arbitre contribue à pourrir une ambiance déjà pesante en ne sifflant presque aucune faute alors que certaines sont plus que dangereuses pour l'intégrité physique des joueurs. Il refuse deux buts marseillais dont un, très litigieux, de Luyindula. Le second but du WAC marqué par Makhete est lui entaché d'un double hors jeu flagrant (cf vidéo jointe avec cet article), ce qui n'a fait que jeter de l'huile sur le feu.
70e minute, un joueur marocain poursuit Déhu dans la surface et lui fait un croche-patte afin de venger un de ses équipiers, cible d'un tacle plutôt viril effectué par l'ancien parisien la seconde d'avant (toujours non sanctionné par l'arbitre). Le choc n'est pas très violent mais le geste est délibéré et met le feu aux poudres. Les deux hommes se relèvent. Déhu assène un coup de tête dans le ventre de son agresseur, celui si s'écroule. Les esprits s'échauffent, les joueurs se bousculent, l'un prenant la défense de l'autre pendant que l'autre s'invective avec l'un.
On est proche du pugilat, la scène devient surréaliste. Certains marocains non impliqués dans le contact avec Déhu s'approchent. L'un d'entre eux en vient à frapper par derrière Abdoulaye Meité avant de fuir en courant (la vidéo est hilarante...). L'arbitre est dépassé. Il expulse Déhu, qui aura été lé seul joueur du match à recevoir un carton.
A ce moment là, Barthez bondit du banc de touche et va parler à l'arbitre. Ce dernier l'insulte. Des insultes à caractère raciste, selon les joueurs marseillais. De leur coté, les joueurs de Casablanca accusent Barthez de les avoirs insultés, avec des propos racistes aussi, et ce dès le début du match. Certains joueurs relatent même un accrochage avec Déhu avant la 70e minute. Le défenseur marseillais aurait été énervé par les petits ponts à répétition que lui infligeaient ses adversaires.
On ne sait qui croire.
Barthez est ulcéré, il s'énerve. Retenu et repoussé par Albert Emon, l'adjoint de Philippe Troussier, il crache en direction de l'arbitre... Mais la bave ex-championne du monde n'atteint pas le visage de l'officiel. On imagine mal ce qui se serait produit s'il n'avait pas été retenu par ses coéquipiers, tellement son énervement était palpable.
Les marseillais, en signe de protestation, quittent le terrain. Fin du 1er acte.
Le rôle de "L'Equipe"
Sur le plateau de l'Equipe TV, le rédacteur en chef du quotidien promet de tout faire pour que Barthez ait la peine la plus lourde possible. On comprend mal quelles sont ses motivations et d'où vient cette soudaine soif de justice.
On se rappelle soudainement que Barthez, un quart d'heure après le coup de sifflet final de France - Brésil en 98, tailla le journal qui avait descendu Aimé Jacquet pendant trois ans. Il avait attaqué le rédacteur en chef d'alors, Jérôme Bureau, ainsi que toute l'équipe rédactionnelle à l'origine de la polémique autour de Mémé. On doute trente secondes qu'une telle gaminerie puisse guider les actes de journalistes de ce calibre. Puis cela devient évident...
Visiblement, chez l'Equipe, la vengeance est un plat qui se mange froid...
Durant trois mois vont se multiplier dans le quotidien les articles à la limite de la désinformation, orientés, minimisant les violences des marocains, prétendant que les marseillais seraient à l'origine de violences et d'insultes racistes sur le terrain et parlant pour la première fois de "crachat au visage".
Sans répit, au moins deux fois par semaine, à grand coup d'interview de l'arbitre impliqué, présenté comme un martyr, ils creuseront la tombe du soldat Barthez alors même que les médias marocains et la fédération marocaine lui pardonnent "au vu du contexte".
L'arbitre sera le seul, dans les pages de l'Equipe bien sûr, à en rajouter une couche, en affirmant qu'il ne peut pas lui pardonner, car celui a avoué « ne rien regretter ».
La pression mise sur l'affaire Barthez est énorme.
Tout le monde a un avis sur Barthez, forcément négatif. Même ma grand-mère.
L'arbitre est fautif
Mais tout n'est pas la faute exclusive du journal. Fautif pour ne pas avoir sanctionné les gestes qui portaient atteinte à l'intégrité des joueurs, fautif pour avoir délibérément laissé dégénérer le match (simple incompétence, erreur, ou pour « offrir » inconsciemment la victoire aux joueurs locaux) l'arbitre Marocain Mr Abdellah El Achiri n'a rien fait pour calmer les esprits.
Fautif aussi, pour avoir insulté Barthez et pour avoir honteusement grossi les faits dans son interview accordée à l'Equipe, accréditant le "crachat au visage". En lisant cela, on associe facilement l'image d'un Barthez seul face a l'arbitre qui crache un énorme « mollard » en plein visage, en toute impunité, de manière réfléchie et calculée. Les images démontrent davantage un malheureux crachat, effectué sous le coup de la colère. Il y a bien eu crachat, mais pas au visage, comme l'indique le rapport de la commission de discipline de la FFF (« Jean Mazzella a affirmé que Fabien Barthez n'avait pas craché au visage de l'arbitre. », lequipe.fr, avril 2005).
Il ne s'agit pas de dire ici que la cible de Barthez n'étant pas le visage de l'arbitre, il est moins fautif, mais seulement de souligner que dans cette affaire, l'arbitre joue son rôle.
Il devrait lui aussi être sanctionné, pour avoir laissé le match se faire bouffer par son contexte, mais il ne le sera pas et ne fera même pas l'objet d'une enquête. Au contraire, il passera pour un martyr, parce qu'un arbitre à toujours raison et surtout parce que cela aurait prouvé que Barthez, bien que sanctionnable pour son pétage de câble, a eu des raisons de le péter, son câble.
Le ministre s'en mêle
Mais alors, que vient faire dans cette histoire le ministre des sports ? Jean-François Lamour, qui s'est publiquement indigné du comportement de Barthez, est en pleine campagne pour les JO de paris 2012. Notons par ailleurs qu'un membre du CIO est marocain... Il n'est vraiment pas l'heure de jeter l'opprobre sur le sport français, donc autant s'excuser platement auprès de l'opinion marocaine et punir en interne un fautif qui ressemble surtout à une tête de turc. Aurait on fait tout ce flan si le joueur incriminé avait été moins connu et moins "emblématique". Lui-même l'avoue : « Je suis surpris quant à la sanction prise par la commission de discipline, une sanction qui est clémente. [...] Il ne s'agit pas de faire de qui que ce soit un bouc émissaire, mais le symbole, qu'on le veuille ou non, est fort. »
Qui, aujourd'hui, pourrait affirmer que l'affaire aurait eu la même ampleur si, par exemple, Gregory Wimbée avait craché sur un arbitre ? Si une sanction de 6 mois dont 3 fermes avait été appliquée, personne n'y aurait trouvé à redire et le ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative ne s'en serait pas tant ému....
Son empressement à donner son avis sur cette affaire pourrait pourtant le desservir, cette ingérence dans les débats pouvant être utilisée par la défense de Barthez afin d'invoquer un vice de forme.
"L'homme" Barthez ?
Tout au long de sa carrière, Barthez a toujours fait preuve de sang froid. Toujours professionnel, calme, détaché et peu sensible à l'énorme pression de son sport. Même dans les heures sombres de sa carrière : Relégué sur le banc à « United » et poussé vers la sortie, il ronge son frein sans dire un mot plus haut que l'autre. Même après son départ, il n'est pas revenu sur cette affaire.
On lui reproche de dire que le monde du foot est pourri mais d'en profiter tout de même. Pourtant, bien que Barthez soit connu comme joueur de football professionnel, force est de constater qu'il n'aura pas vécu le football comme la majorité de ses semblables. Qu'on apprécie ou pas sa personnalité et son jeu, on peut difficilement mettre cela en doute.
Le fait qu'il soit en général un homme simple et correct n'excuse en rien le geste de Casablanca. La cible visée ou atteinte par le « divin mollard » non plus d'ailleurs. Mais le contexte du match et surtout le passif du gardien des bleus devraient entrer en ligne de compte à l'heure du verdict.
La commission de discipline de la fédération l'a condamné à 6 mois de suspension, dont 3 fermes, alors que les textes imposent une suspension de 6 mois fermes en cas de crachat sur un officiel. Insuffisant pour la ligue, la fédération, qui ont indiqué la semaine dernière qu'ils allaient faire appel de la décision.
Oublions que ce match n'était organisé par aucune ligue ou fédération, que l'arbitre n'était donc pas un « officiel », et que du coup la recommandation des textes d'une sanction de 6 mois pour crachat sur un officiel n'a pas lieu d'être.
Oublions aussi qu'Ali Benarbia n'avait pris que trois matchs de suspension pour avoir volontairement marché sur le pied d'un juge de ligne en 98-99 dans un match de championnat de la défunte 1ère division.
Ou comment jeter aux ordures 14 ans de carrière pour l'exemple.