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« Les paroles, ça suffit ! »
LOUIS ACARIÈS réagit après avoir été mis en cause par Pape Diouf la semaine dernière. Il veut que Marseille retrouve son calme.
Il a beaucoup insisté sur son désir de ne pas créer une nouvelle polémique et a souhaité donner son point de vue sur son rôle à l’Olympique de Marseille. Mais Louis Acariès, chargé de représenter Robert Louis-Dreyfus au sein du club phocéen, a aussi accepté de répondre sans détours à nos interrogations après les propos de Pape Diouf à son égard, la semaine dernière, lors d’une conférence de presse musclée du président du directoire de l’OM (voir par ailleurs). « Quand Diouf dit qu’il n’a pas de comptes à me rendre, il a le droit mais il se trompe », affirme l’ancien boxeur, qui règle aussi certains comptes avec Christophe Bouchet, parti en fin d’année dernière. Il affirme cependant qu’il s’expliquera bientôt avec Pape Diouf et n’attend plus qu’une chose de ce dernier : des résultats.
« POURQUOI AVEZ-VOUS MIS si longtemps à réagir aux propos tenus la semaine dernière par Pape Diouf à votre égard ?
– D’abord, je ne savais pas que ses propos m’étaient destinés. Il ne m’a pas clairement cité. Mais tout le monde l’a interprété ainsi, je crois...
– Oui. Parce que c’était bien le cas...
– En tout cas, il n’a pas apporté de démenti. Il y avait une semaine très importante à gérer, je ne voulais donc surtout pas déstabiliser l’équipe. Mais il faut se dire une chose : si c’était pour moi, alors c’était pour Robert (Louis-Dreyfus). Il ne faut pas l’oublier.
– Pape Diouf a dit qu’il était le patron du sportif et a laissé entendre qu’il se méfiait de l’influence que vous pouviez avoir en coulisses...
– Déjà, le terme “influence”, il ne faut pas l’utiliser. Ensuite, “en coulisses”, je ne comprends pas ce que cela veut dire. Je suis arrivé au mois de novembre. Cela fait bientôt six mois. Et, à travers cette interview, je ne veux pas répondre à Diouf. Simplement, puisque tant de gens semblent se demander ce que je fais à l’OM, alors j’aimerais bien les éclairer un peu.
« Ils sautent tous les plombs, là-dedans, ou quoi ? »
– Justement. Quand vous êtes arrivé, tout le monde s’est demandé ce qu’un ancien boxeur venait faire là…
– Vous voulez savoir pourquoi ? Très bien : il n’y avait plus d’entraîneur et plus de président. Je suis arrivé et, à ma grande surprise, j’ai vu Bouchet dans les bureaux, les deux pieds sur la table et un cigare à la bouche. J’ai vu une tête qui n’était pas forcément accueillante. Il n’a pas été très aimable et a notamment eu des propos très déplacés vis-à-vis de Robert Louis-Dreyfus.
– Lesquels ?
– Ce n’est pas la peine d’entrer dans les détails. Mais il y avait un témoin et je dirai tout ça un jour, plus tard. Cela m’a mis très en colère. J’ai préféré tourner les talons et quitter les bureaux.
– On aurait pu penser que vous alliez vous énerver…
– Mais moi, je ne m’énerve pas souvent. Ces derniers temps, tout le monde s’énerve sauf moi. Bouchet s’est énervé. Maintenant, Diouf s’énerve. Je ne comprends pas. Ils sautent tous les plombs, là-dedans, ou quoi ? Visiblement, certains sont gênés par ma présence. Mais je suis là pour mon ami et pour le club.
– Depuis son départ, Bouchet a aussi mis en cause votre manière de fonctionner...
– Il a même dit que je l’avais menacé. J’aurais fait ça, moi ? Vous savez comment il s’est comporté, lui ? Il y a quelques semaines, j’ai assisté au match de l’OM à Toulouse (3-1) avec la maman de Fabien Barthez, sa sœur, ma femme et des amis supporters. Quelques jours plus tard, j’apprends que Bouchet m’a traité de “voyou” et a dit au président toulousain (Olivier Sadran), qui est son ami, que j’étais venu avec dix mecs pas très propres sur eux. C’est faux et cela ne me plaît pas. Cela ne me plaît pas du tout.
« Il (Pape Diouf) parle si bien qu’il parle parfois trop »
– Mais quel est votre rôle à l’OM ?
– Je suis le censeur. Les gens en place doivent rendre des comptes à l’actionnaire. Quand Diouf dit qu’il n’a pas de comptes à me rendre, il a le droit mais il se trompe. Pourquoi le censeur ? On faisait le reproche à “RLD” de ne jamais être là. À travers moi, il est là. S’il était présent, il pourrait demander à Diouf, Troussier et aux joueurs comment ils vont, non ? Cela n’empêche pas que la direction du sportif appartienne au manager général. Comme cela n’empêche pas qu’il y ait un patron au-dessus de lui. Robert ne veut gêner personne mais il m’a demandé de le représenter. C’est ce que je fais, sans intervenir dans le champ des prérogatives de Diouf. Je ne suis allé qu’une fois à la Commanderie, pour visiter les installations. Une fois, pas plus.
- Vous êtes donc le patron de Pape Diouf ?
– Je n’ai pas dit ça. Je remplace Robert quand il n’est pas là. J’ai beaucoup d’estime pour Pape Diouf, je le dis franchement. Seulement, il faut reconnaître que c’est un salarié du club et qu’il doit être au service du club, pas l’inverse. Moi, je n’emploie pas le vocabulaire de Diouf. Il est très fort dans son expression orale. Mais il parle si bien qu’il parle parfois trop. Pour moi, ses coups de griffes traduisent une fébrilité. L’OM n’a pas besoin de cela.
– En quoi avez-vous été utile à ce club ?
– Un exemple : l’affaire Lizarazu. Il y avait un souci. Puisque personne ne l’avait résolu, j’ai dû agir. Il y avait des problèmes avec Diouf et Troussier, le club aurait donc pu exploser. Robert et moi nous sommes donc permis de parler à Lizarazu pour régler l’affaire en lui permettant de partir au Bayern Munich, comme il le souhaitait. L’OM est un grand club. Il se doit d’avoir de la classe. Mais il (Diouf) n’a pas voulu signer son départ.
– Peut-être parce que lui et Troussier ont appris cette transaction dans les journaux…
– Lizarazu ne voulait pas que ces deux personnes soient au courant. Moi, je devais faire passer les intérêts du club avant toute autre considération. Mais, vous savez, après un début un peu délicat, j’ai travaillé en toute intelligence avec Pape. Jusqu’à la semaine dernière.
– Selon vous, pourquoi a-t-il fait ces déclarations ?
– La semaine précédant sa conférence de presse, je lui ai dit que son discours était bon mais qu’on avait surtout besoin de résultats. Cela a dû le perturber. J’ai su, aussi, qu’il y avait des tensions entre lui et Troussier et j’ai parlé avec Troussier pour lui demander ce qui se passait. Visiblement, il ne se sentait pas toujours très appuyé. Vous le savez ça, vous, les médias ?
– Troussier regrette, notamment, que les joueurs convoqués en Championnat de France amateur aient parfois l’autorisation de ne pas y aller…
– Voilà. C’est de notoriété publique. Je crois que Diouf a pris ombrage de cela et a donné la conférence de presse que l’on connaît. Mais, là encore, je ne veux pas tomber dans la polémique. Après cela, Pape a mis tout le monde au vert et a rappelé les gens du club et les joueurs à leur devoir. Alors si ça l’a boosté, tant mieux. Je suis ravi. Mon but, désormais, c’est de remettre les choses en place. On n’est pas là pour faire de la dialectique.
– Qu’allez-vous faire ?
– Rien de spécial. Ce n’est pas à moi de faire. C’est à eux. Je veux juste dire à tout le monde : les paroles, ça suffit, du calme, et au travail ! J’aimerais qu’ils atteignent le but qu’ils se sont fixés : la qualification pour la prochaine Ligue des champions.
– Cela a l’air compromis…
– Peut-être, oui. On verra bien. On va voir ce que Troussier va faire, voir quelle sera la politique du club à la rentrée. C’est ça que j’attends de Pape.
– Mais sera-t-il encore là la saison prochaine ?
– Pourquoi ne serait-il pas là ?
– Si l’OM n’est pas qualifié pour la Ligue des champions, il pourrait être licencié…
– Ce n’est pas de mon ressort.
– Et pour Troussier ? Qui va décider ?
– Diouf a dit qu’il avait le sort de l’entraîneur entre ses mains. On va donc bien voir.
– Mais que souhaite “RLD” ? On peut imaginer que si l’OM ne se qualifiait pas pour la C 1, il y aurait des conséquences pour Diouf et Troussier…
« Il (Robert Louis-Dreyfus) n’est pas très content »
– Diouf a toujours dit qu’il était garant de son propre sort.
– Ce serait donc à lui de partir…
– Je ne veux pas entrer dans ce débat. Ce n’est pas à moi de décider ce genre de choses.
– L’OM ne risque-t-il pas d’exploser ?
– Normalement, non. Mais, à Marseille, on ne sait jamais.
– L’affaire Barthez a-t-elle été bien gérée ?
– C’est au début, au Maroc, qu’elle aurait dû être mieux gérée. Aujourd’hui, ils font ce qu’ils peuvent.
– Comment “RLD” vit-il tout cela ?
– Il n’est pas très content. On était deuxièmes, on rétrograde, il ne peut pas l’être.
– L’OM n’a pas un président traditionnel. Ce fonctionnement actuel crée des problèmes…
– Mais Diouf est le président du directoire.
– On sent que Diouf peut être limogé à tout moment…
– Mais il l’a dit lui-même. Si ça ne va pas, il s’en ira. Je crois qu’il a dit : “Personne ne me dictera ma conduite”…
– Ses propos vous ont-ils mis en colère ?
– Quelque part, oui. On s’était expliqués la veille de sa conférence de presse. Juste avant qu’il ne parle aux médias, je lui ai téléphoné quatre fois. Il ne m’a pas rappelé. Au final, sa sortie médiatique n’a pas été très judicieuse. On va vite s’expliquer. Ce n’est pas grave. »
j’ai vu Bouchet dans les bureaux, les deux pieds sur la table et un cigare à la bouche
L’OM ne risque-t-il pas d’exploser ?
– Normalement, non.
On faisait le reproche à “RLD” de ne jamais être là. À travers moi, il est là.
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