L'Equipe a écrit:Lyon tombe de haut
En subissant sa deuxième défaite de la saison en L 1, hier, à Caen (0-1), l’OL a redonné de l’espoir à ses poursuivants.
Sur un terrain pathétique où Caen aurait aussi pu battre Chelsea, Barcelone et le Milan AC, Lyon a subi sa deuxième défaite de la saison en L 1 (0-1), la plus inattendue. Elle survient trois jours après l’élimination de l’OL en Coupe de France à Clermont (1-1, 3-4 aux t.a.b.), et quatre jours avant son huitième de finale retour face à Brême. Les Caennais maintiennent le suspense en tête de la L 1.
CAEN –
de notre envoyé spécial
CETTE FOIS, la légendaire sérénité lyonnaise va peut-être se fissurer, sous l’effet de l’incroyable séance de montagnes russes qui vient d’épouser leurs sommets et leurs hoquets. Une semaine à l’endroit, une semaine à l’envers. En trois jours, la semaine dernière, Lyon avait terrassé Brême (3-0) et remporté son derby face à Saint-Étienne (3-2). En trois jours, cette semaine, les Lyonnais ont été sortis de la Coupe de France par le seizième de Ligue 2, Clermont, et ils sont tombés, hier soir, sur le terrain du dix-septième de Ligue 1, Caen. Après Manchester United et Lille, le Stade Malherbe est le troisième vainqueur de Lyon cette saison.
« On a fait le maximum sur un terrain épouvantable, estime Paul Le Guen. Nous n’avons pas été récompensés de nos efforts. Parfois par maladresse, parfois parce que sur ce terrain-là… » Sur ce terrain-là, cette équipe caennaise-là, à ce point solidaire, à ce point capable de trouver ses attaquants par du jeu direct, aurait pu battre n’importe quelle équipe européenne, hier soir.
Abidal
en difficulté
Une telle pelouse nivelle les valeurs, quand rien ne la nivelle. « Le jeu, ce soir, consistait à taper le ballon devant, et voir ce que cela donnait », regrette l’entraîneur lyonnais. En écho, Patrick Remy répondit, peu après : « Des terrains comme ça, il y en a des centaines dans toute la France, ce n’est pas un problème. » Mais en Ligue 1, il n’y en a qu’un. Sur cette pelouse lamentable, Caennais et Lyonnais méritent d’être unis dans l’hommage dû à leurs intentions. C’est peu dire que cette gangue mi-terreuse, mi-sablonneuse, nécessitait une adaptation technique. On le vit dans la volonté récurrente et vaine de Lyon de sortir de son camp par le jeu court.
Les Caennais, poussés par la force de l’habitude et par la nécessité, trouvèrent souvent des solutions par leur jeu plus direct, et par les nombreux espaces créés dans le dos de la défense lyonnaise, à partir des déplacements intelligents de Deroin. Toutes les actions normandes de la première période, ou presque, se développèrent du côté d’Abidal, soit parce que le défenseur lyonnais n’était pas dans un bon jour, soit parce que les permutations fréquentes des attaquants lyonnais et l’organisation à trois milieux l’assurèrent moins souvent qu’à l’habitude du soutien de Malouda.
Ainsi Coupet dut-il gicler deux fois dans les pieds de Mazure (5e) et de Deroin (12e), dans des face-à-face dangereux. Et Mazure, parti cette fois dans le dos d’Essien, expédia une volée un poil aérienne (34e). Mais le catalogue des occasions significatives ne rend pas un compte exact des actions intéressantes et dangereuses.
Car sur cette pelouse, chaque action bien menée pouvait mal finir, et chaque attaque vouée à l’échec pouvait rebondir. Lyon, souvent intéressant dans son souci de construction, pêcha ainsi dans la dernière passe, assez régulièrement, notamment par Wiltord, mais sur cette pelouse, ce n’était pas exactement reprochable. Planté passa une première période assez tranquille, car seul Wiltord cadra une frappe (28e). Mais la reprise du droit de Malouda sur un coup franc de Juninho (8e), non cadrée, fut la plus grosse occasion de la première partie du programme, animée également par une action dangereuse de Wiltord puis de Juninho (40e).
Jovicic rate
le break
Lyon accentua sa pression par la suite, avec deux bons ballons de Wiltord pour Bergougnoux (47e et 52e), des tentatives multiples de Malouda (58e), Clément (59e) et Frau (66e). Mais c’est à cet instant que Mazure, éliminant Juninho et Diatta à la réception d’un centre de Watier, donna la victoire aux Caennais (72e). Après une volée d’Essien à bout portant frôlant le cadre (77e), Jovicic put même se permettre de manquer une balle incroyable de 2-0 sur un service de Deroin. Seul Benzema, ensuite, menaça vraiment la grosse victoire caennaise, que Patrick Remy accueillit avec calme et bonheur : « On a fait ce qu’on devait faire, et cela récompense tout notre travail. Mais c’est juste une étape dans le Championnat. On a 29 points, et le maintien est loin d’être gagné. Il y a encore beaucoup de grandes performances comme celle-ci à réussir. »
Pour finir, l’arbitre Bruno Derrien n’aurait pas dû annoncer qu’une minute de temps additionnel, une annonce ensuite rectifiée. Il aurait au moins fait l’économie d’un procès d’intention. « Une minute pour cinq changements, quatre remontrances aux Caennais pour gain de temps et trois arrêts pour blessure. Ce n’est pas par hasard », s’est plaint Jean-Michel Aulas. Lyon n’aime toujours pas perdre. Même cette semaine à l’envers n’a pas suffi à lui en donner l’habitude.
VINCENT DULUC