Qui est le mystérieux voleur?
Le cambrioleur, qui a détroussé le club parisien mardi,
connaissait les lieux et cherchait à détruire des documents.
UNE OMBRE,UNE SEULE, rasant les murs, évitant tant bien que mal les caméras de surveillance, se dirigeant directement au deuxième étage dans le bureau du chef comptable, Christian Hericher. La scène se déroule dans la nuit de lundi à mardi, au siège du PSG.À l’aide d’un extincteur, un cambrioleur force la porte de l’office. Ce sera sa seule effraction. Pour prendre entre 10 000 € et 20 000 € , plusieurs lettres chèques vierges placées dans le coffre fort,il a simplement ouvert le tiroir du bureau, qui n’était pas fermé, et pris les clefs du coffre. Un jeu d’enfant.Au lendemain de cette effraction ausein même du club parisien, plusieurs éléments laissent perplexes. Pourquoi la porte du couloir était-elle restée ouverte ce soir-là? Pourquoi le voleur a-t-il pris le temps et le soin de déverser le contenu de l’extincteur sur les documents et l’ordinateur? Qui est cette silhouette qui semble connaître très bien les lieux du club ?
En pleine enquête judiciaire sur les transferts du PSG, ces questions
revêtent une grande importance.D’autant que ce scénario s’avère classique dans ce genre d’affaire financière : le vol de documents (toujours encombrants), leur destruction par l’eau ou le feu constituent le meilleur moyen d’empêcher la justice de faire son travail. Mais rien ne permet de dire que les juges Van Ruymbecke et Desset, qui avaient auditionné la semaine dernière le chef comptable et la directrice financière, Arianne Cessenat, ne recevront pas prochainement les pièces comptables complémentaires concernant notamment le transfert de Christian (L’Équipe du 16 janvier 2005). Ces documents étaient déjà attendus mercredi dernier.
Un agent entendu par la police
Visiblement, l’enquête, même à ses balbutiements, inquiète pas mal de monde. Hier après-midi, le juge Renaud Van Ruymbecke a entendu pendant près de trois heures, au pôle financier à Paris, Pierre Lescure. À sa sortie, ce dernier n’a souhaité faire aucune déclaration. Avant d’être congédié en avril 2002 de la présidence de Canal +, par le nouveau PDG de Vivendi Universal, Jean-Marie Messier, Pierre Lescure avait dirigé de fait le PSG. Laurent Perpère, entendu,le 7 février dernier, lui aussi comme témoin assisté, Charles Biétry et Michel Denisot, qui n’ont pas encore été convoqués par les juges,exerçaient en qualité de présidents délégués. L’instruction ouverte depuis le 3 janvier dernier porte sur les transferts du PSG de janvier 1998 à décembre 2003.Cette dernière période (présidence de Francis Graille) n’est pas négligée.
Milan Calasan, agent sportif, a d’ailleurs été entendu mercredi matin dans les locaux de la Division nationale des investigations financières avant d’être libéré. Le matin, les policiers avaient perquisitionné son domicile dans le Val-de-Marne et son bureau au soussol.Proche de Vahid Halilhodzic, l’ancien manager du PSG, l’agent (licencié hors union européenne en Serbie-Monténégro) avait reçu du PSG, fin août 2003, 280 000 € , réglés en quatre chèques, puis 98 000 € de commissions pour les venues de Branko Boskovic et Sorin.
Joint hier par téléphone, Milan Calasan s’est montré serein : « Tout s’est bien passé. Il n’y avait aucune raison que les policiers trouvent quelque chose. » L’étau va se resserrer un peu plus sur les agents puisque les juges ont lancé plusieurs commissions rogatoires internationales. Preuve d’une certaine fébrilité dans le milieu, William McKay a pris l’initiative, restée vaine, de se présenter mercredi chez le juge Van Ruymbecke. Lors du dernier match du PSG au Parc des Princes, Gilbert Sau, autre agent, s’est fait éconduire à l’entrée du club house. Serait-il devenu indésirable ?
Voilà, c'était juste pour détendre l'atmosphère et permettre aux tendus de déverser leur fiel