par burzet » 31 Mar 2005, 12:57
OM-PSG selon Troussier
L'entraîneur marseillais vivra dimanche son premier «derby national», comme il le qualifie lui-même. Après huit défaites consécutives de l'OM ces trois dernières saisons, il espère avoir enfin la clé du succès. Sa méthode est double : dédramatiser la rencontre en coulisse pour les joueurs, mais lui laisser une certaine saveur dans la lumière des médias.
Comment faire pour battre les Parisiens quand on est marseillais ? Pourquoi Rennes, Toulouse, Monaco, Nantes, Bordeaux, Lens, Strasbourg, Ajaccio et d'autres y arrivent et pas l'OM ? Tous les supporters et tous les joueurs qui ont porté le maillot olympien depuis trois saisons se le demandent. Et depuis trois ans, soit huit matches de championnat ou de coupe, personne n'a trouvé les réponses. Le 9ème essai, dimanche soir, sera-t-il le bon ? Tout Marseille l'espère.
Avant chacune de ces confrontations, on retrouve les mêmes résolutions : cette fois, l'OM ne se laissera pas tétaniser par l'enjeu ; cette fois, l'équipe restera concentrée jusqu'au bout et ne lâchera rien ; cette fois, promis, l'OM vaincra. Et après chacune des huit dernières rencontres, l'OM est reparti avec une défaite sous le bras. Pour le match du week-end prochain, le club a pourtant un atout de taille en la personne de Philippe Troussier et sa réputation de «sorcier blanc». Va-t-il jeter un sort aux hommes de Laurent Fournier ? Probablement pas. Par contre, il a déjà mis sur pied une stratégie qui consiste à avoir un double discours, un pour ses joueurs et un pour les médias et les supporters.
Ainsi, depuis plusieurs jours, l'entraîneur olympien répète qu’il «ne faut pas diaboliser ce match». Hier, l’ancien sélectionneur du Japon ajoutait qu'il ne s'agissait pas d'un match à part, mais qu'il était nécessaire de le placer par rapport aux objectifs et aux temps de passage de l’OM. «Nous venons de réaliser trois rencontres mi-figue, mi-raisin ; les trois points sont donc nécessaires pour rester dans nos objectifs et conserver notre 2ème place, indiquait-il. Nous n'avons rien changé à nos conditions de préparation, les joueurs ont même eu deux jours et demi de repos. Ils ont fait un match très sérieux contre l'Espanyol Barcelone (victoire 3-1). Ces 10 derniers jours ont vraiment été intéressants pour la préparation physique.» Ce message s'adresse aux joueurs, qui commencent à en avoir assez de ces défaites à répétition. Le but est donc de leur enlever le plus de pression possible.
Troussier va même jusqu'à envisager une défaite en précisant que «ce ne serait pas un déshonneur car un match se joue sur des détails. Elle serait surtout difficile à vivre pour les fans, pas tellement pour les joueurs sont habitués à perdre ou à gagner». Au passage, il égratigne aussi un peu son futur adversaire en soulignant que «cela ne se déroulera pas dans le même contexte qu'auparavant car l'OM et le PSG ne sont plus ou coude à coude. Le PSG se préoccupe plus de son maintien et nous pour la 2ème place». Il ajoute même que «les Parisiens joueront libérés, ils auront des arguments à faire valoir. En plus, les joueurs voudront se montrer pour la saison prochaine, alors que nous, nous serons concentrés sur les trois points».
La bonne recette ?
Philippe Troussier est cependant trop intelligent pour imaginer aborder cet OM-PSG comme n'importe quel autre match. Alors il se prête volontiers au jeu. Et devant la presse et les supporters, il n'hésite pas à employer des métaphores, à utiliser des termes forts, à en rajouter pour le folklore : «C’est le match de l’année. Pas seulement à Marseille et en région parisienne, mais dans tout le pays. C’est un derby national, un "clasico", comme un Barça-Real ou un Juve-Milan. Il n’y a pas besoin de dire aux joueurs d’être mobilisés. Il y a automatiquement un mécanisme culturel qui fait qu’ils ont envie d’être au rendez-vous. Il y a comme un contrat moral, ethnique, du fait du maillot qu’ils portent.» L'entraîneur marseillais n'a pas non plus oublié que les deux dernières défaites avaient été le début de la descente aux enfers pour le club. Il espère donc que «le sacrifice de José Anigo n'aura pas été vain». Et qu'il n'aura pas droit au même bûcher…
Un peu de calme pour les joueurs, une pincée de petites phrases bien senties pour les médias et un brin de provocation pour titiller les Parisiens : voilà la recette d'un OM-PSG façon Troussier. Si elle s'avère être la bonne pour obtenir la victoire, le chef aura en tout cas une place de choix dans le cœur des Marseillais
«Il va y avoir une grosse ambiance, ca c'est un fait, mais on ne peut pas la comparer avec celle d'Old Trafford ou du Vélodrome@josé.mourinho