Louis-Dreyfus fait le ménage
L’actionnaire principal de l’OM prépare le licenciement des proches de Christophe Bouchet et l’arrivée d’une nouvelle équipe.
MARDI SOIR, Christophe Bouchet a assisté à OM- Sochaux (0-2) depuis la loge d’honneur du Stade-Vélodrome. Au grand courroux de Robert Louis-Dreyfus, qui considère que les indemnités de départ qu’il a consenties à l’ancien président auraient dû suffire à l’en débarrasser . Dans l ’équipe « RLD », on évoque un montant de 2,5 millions d’euros. Bouchet dément : « On est dans une échelle de 1 à 10 par rapport à la réalité. » Mardi soir, Louis-Dreyfus a convoqué Louis Acariès et Pape Diouf pour leur livrer ce message : Bouchet et ses amis, c’est fini. Depuis fin novembre et les départs successifs d’Anigo (entraîneur) et Bouchet (président), les turbulences n’ont pas cessé, à l’OM. Une intense guerre interne oppose les fidèles de Bouchet (Laurent Malfettes,secrétaire général, Philippe Meurice, directeur financier, Laurent Carenzo, directeur de la communication, et sa propre femme, Maguelonne Hédon, directrice des médias) à Vivian Corzani, nommé directeur général en mai dernier par Christophe Bouchet avant que ce dernier ne l’écarte. Le tout sous les yeux de deux spectateurs très intéressés, Pape Diouf (ex-manager général du sportif) et Philippe Piola (son adjoint, et ex-directeur général rétrogradé par Bouchet). Cette guerre interne a franchi un nouveau cap avec l’explosion du directoire mis en place par Louis- Dreyfus le 5 janvier dernier suite au départ de Bouchet. Ces jours derniers, deux des trois membres dudirectoire ont démissionné (mais ils conservent leurs autres fonctions)tour à tour : Vivian Corzani et Philippe Meurice. Seul reste Pape Diouf. Corzani souhaitait se mettre en retrait pour éviter de prendre part à la lutte interne qui secoue l’OM ;Meurice, lui, a choisi de rester fidèle à Bouchet. Ces démissions interviennent au moment où Robert Louis-Dreyfus, sur les conseils de Louis Acariès, a décidé de mettre en oeuvre les licenciements de Laurent Malfettes, Laurent Carenzo, Maguelonne Hédon et Cédric Dufoix(directeur du marketing). Pour « RLD », le raisonnement est simple. Ces quatre cadres sont arrivés avec Bouchet. Ils doivent donc partir avec lui.
La rumeur Tapie
Le problème, c’est que l’ex-président est parti tout en restant. En effet, Christophe Bouchet continue de siéger au conseil d’administration de la Ligue, où il représente l’OM. Il est, par ailleurs, souvent en visite au siège du club, rue Négresko.Pour lui, le licenciement de ses fidèles est une déclaration de guerre. Il estime que son équipe et lui ont loyalement servi le club pendant deux ans et demi et en ont redressé les comptes, l’image et les résultats sportifs. Robert Louis-Dreyfus a lui une vision moins idyllique de ladence Bouchet. En particulier en ce qui concerne les comptes du club,motif, entre autres, de son éviction. Bouchet assure que le bilan financier est revenu à l’équilibre pour la première fois depuis huit ans, au 30 juin 2004. Dans l’entourage de RLD, le mode de calcul n’est pas vraiment le même.A la même date, on évoque un déficit estimé entre 15 et 20 millions à cause du report de certaines dépenses sur l’exercice suivant. Le dernier verrou qui pouvait empêcher l’éviction de l’équipe Bouchet a sauté. Jusqu’à présent, Pape Diouf avait fait de la résistance. Aujourd’hui, sa position a évolué : « Je suis au-dessus des clans, je refuse d’appartenir à l’un ou l’autre, ils le savent. Je refuse aussi de participer au licenciement de gens à qui je n’ai pas de reproches directs à faire. Je ne m’y oppose pas mais je n’y participerai pas. » En clair, Pape Diouf refuse de signer les lettres.Mais l’OM étudie une solution juridique alternative…Hier, il a été proposé à Régis Rébuffat et Pierre Dantin d’entrer au conseil de surveillance et les deux hommes ont accepté. Le premier est avocat, ex-membre de l’OM association ; le second est universitaire dans le secteur sportif, préparateur mental de José Anigo et était promis à la succession de Bouchet, il y a deux mois, avant que Louis-Dreyfus ne se ravise. Les deux hommes sont Marseillais. Comme Acariès. Comme Anigo, qui se verrait bien revenir en tant qu’entraîneur la saison prochaine si Troussier partait. Du côté de l’équipe Bouchet, on hurle au loup en pointant les dangers d’une « marseillisation » du club et ses dérives. On accuse aussi Acariès de rouler pour lui, et non pour RLD. Acariès laisse dire, avec ce commentaire : « Ils me prennent pour un boxeur… » Cette guerre interne intervient dans un contexte difficile. La confirmation par Le Nouvel Observateur, la semaine dernière, d’une visite de RLD au parrain marseillais Robert Cassone, en 2002, a fait tomber de son fauteuil Jacques Beaume, le procureur de Marseille, en charge du dossier sur les transferts de l’OM et jusqu’ici bien disposé à l’égard de Louis-Dreyfus. Et la rumeur enfle autour d’un possible retour de Bernard Tapie, qui souhaiterait reprendre Eric Soccer, la société qui possède l’OM. Robert Louis-Dreyfus n’est pas sorti de l’auberge.
L’Equipe
