ESPAGNE / VALENCE :
Le match de trop
17 janvier 2005 - Olivier DE LOS BUEIS
Dimanche, moins d’une heure après le décès de la fille de Marco Caneira, son équipe, Valence, a dû jouer contre son gré en championnat, laissant le Portugais rentrer seul avec sa peine retrouver sa famille. Cette décision des autorités espagnoles suscite aujourd’hui la colère en Espagne. On le comprend.
0-0. Ce score nul et vierge ponctue un match qui n’aurait sans doute jamais dû avoir lieu. Pas comme ça. Pas ce dimanche. Les autorités du football espagnol, déjà tristement incapables de punir un sélectionneur national coupable de propos racistes, n’ont pas trouvé mieux que de ne pas accéder à la demande du Valence Club de Futbol de reporter son match face à l’Osasuna Pampelune. Le décès de la petite fille de l’ancien bordelais Marco Caneira, âgée de huit mois, ne constituait pas pour les dirigeants du football espagnol un élément suffisant pour surseoir à ce match de la 19eme journée. Indigne…
Alors on a joué. « J’ai toujours dit que nous étions des Gladiateurs modernes », tempête Savo Milosevic, l’attaquant de l’Osasuna, indigné d’avoir été contraint de jouer dans de telles conditions : « J’ai lu que l’arbitre disait qu’il ne pouvait reporter le match que pour une raison de force majeure. Quelle raison de force majeure existe-t-il de pire que la perte d’une vie humaine ? » Marco Caneira était en effet à Pampelune, dans le bus emmenant son équipe vers le stade El Sadar quand sa petite Maria a été transportée à l’hôpital de Valence, entre la vie et la mort. Elle y succombera à 16h05, de la « mort subite » du nourrisson. Une heure plus tard, les Valencians, traumatisés par la nouvelle, étaient invités malgré le drame à entrer sur la pelouse, laissant le seul Caneira (aidé par un médecin du club) rentrer dans le Sud-Est de l’Espagne.
Les joueurs de Valence, qui ont immédiatement rejoint en avion privé la famille Caneira pour la soutenir après la partie, comme ceux de Pampelune étaient opposés à l’idée de jouer. Cela n’a pas suffit à empêcher cette partie de se disputer. « L’accord des deux clubs n’est pas suffisant, a expliqué le président de Valence, Juan Bautista Soler. Nous devions attendre la décision de la Fédération, qui n’est jamais venue. » Selon la Fédération espagnole, l’arbitre aurait pris seul la décision dans la précipitation, après que les dirigeants de Pampelune aient indiqué qu’ils avaient un calendrier chargé cette semaine… Le corps arbitral n’aurait pas réussi à joindre le président de la Fédération espagnole pour savoir également quoi faire… Toujours est-il que le match a eu lieu. On dit souvent que le spectacle doit continuer, quoi qu’il arrive… Il faudrait parfois savoir mettre cette devise de côté et respecter l’indicible douleur d’une famille…
La rédaction de Football365 présente ses sincères condoléances à la famille de Marco Caneira dans ces terribles moments.
Ca me laisse un sale gout dans la bouche, et vous ?