Il a tout d’un grand
19 janvier 2005 - à Marseille - Olivier DE LOS BUEIS
A 17 ans et demi, et avec seulement 556 minutes de L1 dans les jambes, Samir Nasri est devenu la nouvelle star de l’OM. De quoi attirer l’attention des grands clubs comme Chelsea. Mais, lucide et bien conseillé, Nasri devrait continuer sa route, chez lui, à Marseille.
Ca y est. Les premières sollicitations ne pouvaient qu’arriver. Comme par hasard ( ?) elles viennent d’Angleterre. Chelsea, avec ses gros sabots, après avoir ferré le poisson Yahiaoui, a lancé son hameçon un poil plus loin. Objectif des Blues ? Samir Nasri. A 17 ans, le petit prodige olympien est comme un poisson dans l’eau d’une L1 qu’on aurait pu croire un peu trop dangereuse pour lui. Poids plume dans un monde de monstres physiques, on se demandait si le fin technicien marseillais allait résister. La réponse est non. Non ? Non, il ne résiste pas aux colosses adverses, il les évite, les passe et les oublie derrière lui. Aujourd’hui, il lui reste à dribbler les requins qui vont l’entourer avec la même agilité qu’il le fait sur le terrain depuis l’arrivée de Philippe Troussier.
Formé à Marseille sous la férule de José Anigo, Nasri s’est vu offrir l’intersaison un contrat professionnel de trois ans. José Anigo commente alors : « c’est un des joueurs les plus talentueux que l’on a eu depuis un moment. » Restait donc à l’utiliser. Ce qu’Anigo fera, sans pour autant que le talent évident de Nasri n’illumine l’OM. Dans les colonnes de La Provence, le bambin s’explique : « Avec José, je jouais à un poste de milieu excentré, mais c’était pour rendre service à l’équipe. Ma véritable place de prédilection se situe incontestablement dans l’axe, derrière deux attaquants. » Véritable numéro 10, Nasri va donc profiter à plein du changement de coach. Philippe Troussier, adepte du 3-5-2 se rend vite compte que Nasri peut être le chaînon manquant entre la défense et l’attaque phocéenne.
Troussier ne veut pas le lâcher
Celui qui a rejeté l’idée de recruter Marcelo Gallardo sous prétexte qu’il avait Nasri à disposition, va alors mettre son minot dans les meilleures conditions. En contrepartie de la liberté accordée, Troussier lui demande d’effectuer un travail défensif inédit pour Nasri, à savoir presser constamment les adversaires. « Je m’y applique sans aucune difficulté et, à dire vrai, je suis moi-même en train de m’étonner ; je ne me croyais pas capable d’accomplir un tel travail de récupération. Auparavant, je défendais moins. Je m’y emploie aujourd’hui, car je sais que pour être un joueur de haut niveau, il faut franchir des caps et savoir tout faire » expliquait-il à La Provence. Humble, Nasri a donc fait des concessions pour devenir plus fort. Il en profite. Et l’OM aussi qui a trouvé un meneur de jeu, mais qui en plus a retrouvé deux attaquants jusqu’ici chloroformés (Marlet et Luyindula). De plus, en focalisant sur lui l’attention adverse, Benoît Pedretti retrouve un peu d’espace et de liberté.
Reste maintenant à l’OM de conserver le nouveau chouchou du Vélodrome. Un deuxième « cas Drogba » aurait des conséquences immédiates sur la vie du club. Troussier a rappelé clairement qu’il était « hors de question » que Nasri quitte le club, faisant confiance à l’entourage du club pour ne pas le précipiter à l’étranger. Le champion d’Europe des moins de 17 ans, semble savourer les moments présents : « Je vis actuellement un grand bonheur. J’espérais simplement faire quelques apparitions avec les pros en fin de saison. Je sais aussi qu’il faut que je continue à progresser. » Pour Troussier, l’OM doit faire confiance à sa nouvelle petite vedette : « On ne pourra pas empêcher les clubs de le solliciter, explique Troussier sur om.net, mais c'est à nous de l'inscrire dans un projet sportif équivalent aux plus grands clubs d'Europe. Je ne vois pas pourquoi il nous quitterait s'il a le sentiment qu'il peut s'épanouir dans son pays. » Après avoir raté un Zidane, l’OM ne peut se permettre d’oublier un Nasri…