par coton » 10 Jan 2005, 09:16
LIGUE 1
Marseille en souffrance
Carences tactiques, techniques et mentales : l’OM version 2005 n’a pas changé. Comment peut-il rebondir ?
Après l’élimination en Coupe de la Ligue contre un Paris-SG bis (2-3), Marseille a récidivé en Coupe de France face à Angers (2-3). Sans véritable fonds de jeu, manquant de répondant sur le plan mental, l’OM version Troussier n’est pas pour l’instant plus performant que le précédent.
MARSEILLE –
de notre envoyé spécial
BON À LYON (1-1) juste avant la trêve, catastrophique contre Angers (2-3) pour la reprise, l’OM vient de résumer le statut qui est le sien depuis la saison dernière. Le costume de favori ne lui vaut rien. Annoncé éligible au titre de champion en 2003-2004, Marseille a terminé l’exercice au septième rang de la L 1, tout en éliminant Liverpool, l’Inter de Milan et Newcastle, présumés supérieurs. Bombardé une nouvelle fois prétendant au titre l’été dernier, l’OM a livré sa meilleure prestation de la première moitié de saison dans l’antre de l’ogre lyonnais. Demain soir, il s’agit de se rendre à Lille, le deuxième de la L 1, et Peguy Luyindula avance : « Peut-être qu’en ce moment on aime être outsiders, ça pourrait nous réussir. »
C’est tout le problème de Marseille. Le costume de favori vient de lui être fatal contre Angers (2-3), comme il l’avait été face à un Paris-SG bis (2-3) en 16e de finale de la Coupe de la Ligue. Deux équipes qui avaient parfaitement révisé le manuel du jeu face à l’OM, chapitre Stade-Vélodrome, en cas d’ouverture du score par les Marseillais. Il a suffi aux Parisiens et aux Angevins d’attendre, puis d’accélérer. Confirmation samedi soir par Johnny Ecker : « On a reculé un peu trop, on voulait jouer plus haut sans y arriver. L’équipe d’Angers en deuxième période était radicalement différente et nous a posé beaucoup de problèmes. » Paris est passé de 0-2 à 3-2, Angers de 0-1 à 3-1, puis à 3-2.
Contre les Parisiens, c’était José Anigo aux commandes ; face à Angers, c’était Philippe Troussier. Sur le fond, rien n’a changé. Pour l’instant, l’effet Troussier, c’est quatre matches, une victoire à Caen (3-2), un match nul à Lyon (1-1) et deux défaites au Stade-Vélodrome, contre Auxerre (0-1) et Angers (2-3). Très peu, trop peu.
Félicité par Robert Louis-Dreyfus pour avoir estimé que l’effectif de l’OM lui paraissait suffisant afin de bien figurer dans la seconde moitié de saison, Philippe Troussier va devoir corriger son analyse. Car il manque visiblement à Marseille, entre autres, des joueurs de couloir, un attaquant travaillant en remises, des leaders dans le vestiaire et sur le terrain. Mais aussi un entraîneur qui dispose des réponses adaptées, en cours de rencontre, aux problèmes posés à son équipe. Pape Diouf avait avancé que l’OM allait regarder passer le train du mercato. Depuis samedi soir, il n’en est plus de même (voir ci-dessous). Car Marseille n’a plus qu’un objectif : la qualification pour la Ligue des champions. Et l’OM a commencé 2005 de la pire des façons, comme l’indique Johnny Ecker : « Cette défaite fait mal pour le premier match de l’année, on voulait impérativement gagner pour nous-mêmes et pour l’équipe, et nous avons montré un triste visage. »
Semaine test
pour Troussier
Un constat lancinant, une fois rappelé que l’OM a changé de président et d’entraîneur avant la trêve, ce qui n’a apporté rien de nouveau. Alain Perrin a été limogé il y a un an, José Anigo il y a un mois et demi, pour une spirale de défaites qui leur a été fatale. C’est désormais Philippe Troussier qui est sur la sellette. Après l’élimination contre Angers, cette semaine s’annonce déjà cruciale pour lui, avec le déplacement à Lille demain et la réception de Nice dimanche. En cas d’enchaînement de mauvais résultats, la broyeuse marseillaise à entraîneurs pourrait se faire entendre. Le temps est compté pour Troussier, alors qu’il n’est en place que depuis quatre matches. Avec lui, l’OM a été chanceux à Caen (3-2), en progrès dans le jeu, par séquences, face à Auxerre (0-1), de manière plus prolongée à Lyon (1-1), en panne contre Angers (2-3).
Pour le déplacement à Lille, l’entraîneur marseillais a manifesté l’intention de s’en remettre à des joueurs pas forcément les plus huppés mais qui lui paraissent plus adaptés à la culture de la victoire. Pape Diouf, lui, est d’ores et déjà partisan d’un électrochoc. Car le président du directoire ne serait pas dupe d’une embellie marseillaise à Lille. Il sait ce que signifie ce meilleur comportement à l’extérieur. Un déficit sur le plan mental, lequel frappe les recrues, y compris renommées, un gage d’instabilité dans les résultats qui ne mènera pas l’OM en Ligue des champions la saison prochaine.
DOMINIQUE ROUSSEAU
On marche sur un fil »
SYLVAIN N’DIAYE, le milieu de l’OM, s’inquiète
pour son équipe qu’il juge fragile. Il assure que les joueurs sont les premiers fautifs.
Sylvain N’Diaye s’est mis au service du collectif, samedi soir face à Angers (L 2, 2-3), en tenant une place inhabituelle pour lui dans le couloir droit. Comme ses coéquipiers, il se montre abattu par cette deuxième élimination de la saison dans une Coupe nationale. Avant un déplacement « très compliqué » à Lille demain, il analyse avec lucidité la défaite et la longue crise marseillaise.
MARSEILLE –
de notre correspondante
« À QUOI PENSE-T-ON après une telle défaite ?
– À la fin du match, on a des images qui reviennent, on se dit qu’on aurait dû faire ça ou ça… On ne dort pas très bien. Il faut pourtant récupérer parce que nous enchaînons sur un match très important. Ce n’est pas facile de perdre comme ça à domicile, contre une équipe hiérarchiquement inférieure. On tente d’analyser en se disant : “Comment faut-il faire pour repartir du bon pied ?”. Parce qu’il le faut. Demain, on a un match capital en Championnat. On se pose la question… En fait, non, on ne se pose pas la question, on se dit : “Il faut repartir, il n’y a pas le choix.” »
– Comment expliquez-vous que vous ayez arrêté de jouer après le premier but ?
– Je ne sais pas vraiment. Peut-être par manque d`ambition, par manque de confiance en nous. Mais c’est vrai, ce premier but nous a fait presque plus de mal qu’autre chose. Souvent, depuis le début de la saison, quand on mène au score, on ne sait plus ce qu’on doit faire.
– Comment avez-vous analysé ce match avec Philippe Troussier ?
– Il y a eu, ce matin (hier), un débriefing au cours duquel il a fait le compte rendu de son analyse. Le coach a repéré un manque d’ambition en première période, après le premier but. Malheureusement ce fut dommageable car ce manque d’ambition, on l’a payé au retour des vestiaires. On a peut-être cru que cet avantage suffirait pour nous qualifier. À ce moment, Angers a réussi à sortir de son cocon parce qu’on les a remis en confiance, et ils ont fait alors quinze minutes de rêve. Il (Troussier) nous a dit aussi qu’il était responsable à 80 % de cette défaite en terme de choix des hommes, de choix tactique. Je pense pourtant que nous sommes les principaux fautifs. À partir du moment où il fait le choix des hommes, nous devons assumer nos responsabilités.
– Est-ce un problème mental ?
– Non, peut-être que physiquement, on était en dedans. Il peut y avoir plusieurs explications, mais je crois que nous restons une équipe un peu fragile.
– Fragile, dans quel sens ?
– Depuis le début de la saison, on marche sur un fil. Dès qu’on s’écarte du chemin, on verse dans une crise quelle qu’elle soit. On est un peu en convalescence, mais il faut impérativement redresser la tête.
« On n’a pas
d’échappatoire »
– Est-ce le groupe dans son ensemble qui est affecté, ou certains joueurs en particulier ?
– Je crois que c’est sur le plan collectif qu’on a un manque de confiance en nous. Individuellement aussi, sans doute, ce qui explique qu’on fournisse ce genre de matches. Tous ensemble, souvent, on se pose la question : “Comment faire pour avancer ?” Quand un groupe va bien, il ne se pose pas ce genre de question, il avance, point.
– Vous en parlez souvent entre vous ?
– Bien sûr, on essaie de se parler pour partager l’analyse de cette situation. Même si nous sommes bien classés en Championnat (5e), nous avons conscience qu’il y a de nombreux matches où nous n’étions pas à la hauteur. Même si on marquait des points. C’est intéressant de s’en rendre compte, nous essayons de corriger ça.
– Désormais, il ne vous reste plus que le Championnat.
– On n’a pas d’échappatoire. L’avenir nous dira si c’était mieux de pouvoir se concentrer uniquement sur la L 1 pour atteindre nos objectifs ou si, effectivement, cela nous met une pression supplémentaire. Dans chaque match de Championnat, nous n’aurons plus droit à l’erreur.
– Ce sera le cas à Lille, demain ?
– Évidemment. Ce sera un match très compliqué, parce que leur groupe est très serein. Eux se trouvent dans une bonne spirale résultats.
– Vous semblez mieux réussir contre les grosses équipes, comme ce fut le cas à Lyon (1-1)…
– Mais Lille est une équipe moins joueuse que Lyon, qui peut tomber parfois dans la suffisance. Franchement, je pense que ce sera compliqué.
– Philippe Troussier est-il l’entraîneur de la situation ?
– Oui, je pense vraiment que c’est un bon entraîneur, qui s’appuie sur d’autres méthodes de travail. Après, je le répète, la solution se trouve entre les mains des joueurs qui sont sur le terrain. Le coach fait le choix des hommes et d’une mise en place tactique, mais ce sont l’animation et l’envie que l’on met sur le terrain qui font la différence.
– Alors, l’OM a-t-il le groupe de joueurs adapté à la situation ?
– Je crois que nous sommes un groupe de joueurs suffisamment expérimentés et talentueux pour renverser la tendance actuelle. »
HÉLÈNE FOXONET
l'Equipe du jour