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02 Déc 2004, 23:14
Tous présidents !
Les crises à répétition qui émaillent la vie de l’OM nous donnent l’occasion de refaire la stratégie, en plus de refaire le match.
Ainsi sur le site OMLIVE.COM peut-on assister avec délice aux affrontements entre les « hyènes » (ces supporters décérébrés qui ont pour seul plaisir de faire tomber des têtes) et les « vautours » (ces fanatiques néo-libéraux qui ne jurent que par le pognon). Ou encore, pour parler positivement, entre les « chacals » (ces fiers supporters qui redressent la tête contre les dérives du marketing) et les « requins » (cette élite réaliste et raisonnable qui prône la stabilité et le développement économique face aux dangers du populisme).
Quelque chose nous unit pourtant : la passion de l’OM. Au point d’ailleurs d’être chacun convaincu que l’on est plus et mieux passionné que l’imbécile d’en face… Dans toutes les têtes pourtant : l’OM.
En attendant, RLD, pathétiquement seul, qui s’est payé un jouet et passe désormais pour un hybride entre le con, le saint ou le martyr, s’en remet au premier venu de son entourage pour avoir un avis. Dur : c’est Louis Acaries, ancien boxeur qui croit qu’un audit, c’est une voiture allemande. Encore heureux, comme le disait l’un d’entre nous, que RLD n’ait pas appelé Jeannie Longo, sous prétexte que l’OM joue au Vélodrome…
Devant cette incurie générale, nous avons tous envie faire quelque chose. Nous avons tous des idées. Assez différentes, d’ailleurs… Et sans doute une partie d’entre nous a le sens des responsabilités.
Nous pensons chacun être majoritaires. Ainsi, je suis sûr que amis de Gob l’Economiste sont un groupuscule (Cookies doit être du lot). Pas du tout : c’est Gustave Ganay l’Anarchiste qui est un doux rêveur (seul Jester et Baioko doivent le soutenir…). Peu importe d’ailleurs, que dans la vie civile, l’un sauve son prochain et l’autre soit économiste … et pas celui qu’on croit.
Eh bien, il se trouve que depuis plusieurs siècles, les hommes qui ont des choses à faire ensemble et qui ont toutefois des manières très différentes de voir ou de penser ont inventé un système atroce, plein de défauts… mais qui est en fait le seul viable à long terme : la démocratie. Ce système n’existe pas vraiment en réalité (pas plus qu’un marché pur et parfait d’ailleurs). Mais c’est un système qu’on désire et qu’on essaye. Débattre, s’affronter, décider, agir. Le sens des responsabilités qui touche quelques uns (d’un côté comme de l’autre), fait que, si la décision ne nous plaît pas, on l’accepte et on essayera d’être plus fort la prochaine fois...
C’est un système comme ça qui permettrait de réguler toute l’agitation qu’il y a autour de l’OM, sans pour autant gommer les passions et les empoignades.
Ce système a été mis en place dans quelques clubs de foot, en Espagne principalement : FC Barcelone ou Réal de Madrid en sont des exemples. Là encore, c’est très imparfait, mais il y a de l’idée.
Le Barça par exemple est une société coopérative. Un homme, une voix.
Il y a environ 100.000 sociétaires, pour 130.000 personnes qui vont au Camp Nou. La carte de sociétaire vaut 132 euros. Le « socio » a un droit de vote aux assemblées générales. Les plus dynamiques organisent des associations et regroupent ceux qui ont une certaine sensibilité. Le tirage au sort est utilisé dans diverses instances. La carte de socio permet d’acheter l’abonnement moins cher (50 euros en virage, 200 euros en tribune genre « Juan Buenos ») et donne des rabais sur les babioles et autres merdes que vend le club pour diversifier ses recettes. On peut même avoir son adresse @fcbarcelona.com ou dissiper ses cendres sur la pelouse, une fois mort... Mais surtout, de son vivant, on vote tous les quatre ans sur un projet et un homme pour le mener. Et en cas de crise sur un sujet d’urgence, avec 4500 signatures, on peut obliger le président à solliciter le scrutin. Evidemment, on ne le fait pas pour un oui ou un non, sinon, on disparaît du paysage des crédibles… Car dans ce système, on est responsable !
Avec un tel système de sociétaires, c’est une vision moderne de la gouvernance d’entreprise qui est appliquée. Au lieu de subir l’ancien modèle où l’actionnaire est roi (vous savez ce qu’on leur fait, nous autres Français, aux rois…), ce sont les parties-prenantes qui prennent la responsabilité de mener la barque. C’est le principe des stake-holders (parties prenantes) face aux share-holders (actionnaires).
Evidemment, ce système fait horriblement peur à tous ceux qui ont besoin d’un chef dans la vie et qui, de ce fait, déchainent contre eux tous ceux qui ne peuvent pas blairer les chefs. Par ailleurs, ce système fait horriblement suer tous ceux qui préfèrent gueuler et râler sans rien faire d’autre, au fond parce que c’est plus confortable… ce qui en oblige quelques uns à agir à leur place. Ca conduit à des tensions pas possibles.
Au contraire, le système de sociétaires donne une place à tout le monde, pour peu qu’on accepte de se retrousser les manches, de lire, d'aller voter, même après s’être copieusement affronté, sur Internet et ailleurs.
Bref, c’est un système qui donne de la liberté, à condition d’accepter d’être parfois minoritaire, et qui donne de la responsabilité.
Alors j’entends déjà, à ma gauche : pas question de se compromettre avec ces salauds de requins ! Et à ma droite : pas question de donner une parcelle de pouvoir à ces abrutis de chacals. Et on repart comme en 14, les gars ?
En fait, tout ça est amusant, mais il serait quand même dommage de ne pas voir que la crise actuelle autour de l’OM pourrait être l’occasion de tenter de faire naître un truc nouveau et intelligent… et dont on voit ailleurs qu’il peut fonctionner. Qu’on se le dise !
Gustave Ganay (tendance d’origine : chacal).