Anigo... Troussier... pour quelle stratégie?

La crise actuelle est loin de n'être qu'une question d'entraineur ou de joueurs plus ou moins motivés... C'est bien de stratégie générale qui se joue, entre le "secteur sportif" et le "secteur marketing"... ce dernier ayant donné l'impression d'être le seul qui compte aux yeux des dirigeants actuels.

José Anigo lui-même était d’abord là pour des raisons de marketing.
Dans un club qui perd complètement son âme, il fallait donner des gages aux supporters et
José fut un excellent gage. Honnête, engagé dans ce qu’il fait, meneur d’hommes, passionné de l’OM, parfois plus « supporter » qu’entraineur : il a pu servir de bouclier humain à l’actuelle direction. Troussier dont on murmure le nom aujourd’hui est d’une espèce plus technicienne et moins locale. La direction de l'OM a au moins compris que ce n'est pas en mettant un marseillais que les supporters redeviendront heureux: c'est en sortant de l'actuelle médiocrité !

La médiocrité n'était pas celle de José Anigo. Cet homme avait certainement ses limites : faible expérience de la L1 et de l’Europe, préférence exagérée pour la défense sur l’attaque, peut être… Des goûts et des couleurs tactiques on pourra toujours discuter. Pour moi, il menait très honnêtement sa barque. Il avait su fédérer les gars autour de lui, Drogba le premier, et pas seulement parce qu’il était cool avec les joueurs : il était exigeant mais protecteur et il incarnait un OM humain aux yeux de tous ces garçons venus là sans vraiment être faits pour… Il avait proposé une liste de profils taillés pour l’OM. Diouf et Bouchet n’ont pas donné suite. Il a donc pris ce que le marketing et la gestion lui proposaient…

En ciblant les attaques sur Bouchet, les supporters en colère ne se sont pas trompés et n’ont pas été dupes du rôle de bouclier que José Anigo était sensé jouer.

Si l’OM peine en ce moment, ce n’est pas parce qu’Anigo n’est pas au niveau. C’est parce que la stratégie actuelle est un véritable éteignoir pour le football : tout autre que lui n’aurait guère fait mieux. Le secteur sportif est devenu secondaire à l’OM: droits télés, merchandising sont prioritaires. Certains croient gentiment que cette priorité est temporaire et qu’il s’agit de bâtir une entreprise. Je crains au contraire qu’il ne s’agisse d’une inversion définitive des priorités.
Dans ce cas, les joueurs réduits à l’état de produits ou d’images font ce qu’ils peuvent… Ils ne défendent pas un maillot, ils gèrent un passage. Ce sont plus des hommes : ce sont des contrats et des investissements.
Et les pauvres, ils se retrouvent étranglés… par la passion marseillaise qui refuse cette stratégie… et par la furia des adversaires qui, devant leur stade comble et l’audimat chargé à bloc, font leur match européen contre nous… C’est pourquoi une équipe taillée pour être dans les 3 premiers se retrouvera encore 6ème cette année… Anigo n’y peut rien. Supporter, il refuse de cautionner et s’en va. C’est à son honneur.

Mais maintenant, que faire ? La rumeur Bianchi était une bonne trouvaille. Depuis longtemps, le marketing (parisien) assimile l’OM à l’Amérique du Sud (d’où, par exemple, le maillot argentin pour les matchs à l’extérieur). Bianchi, c’est du mondial, du latino, il a vécu sur la Côte d’Azur… vu du marketing, c’est jouable. Les rumeurs Blanc, Tigana étaient du même accabit. Troussier idem.

Vu du football, elles sont toutes acceptables si l’entraîneur quelqu'il soit est capable de "faire venir" deux joueurs de classe mondiale par ligne. Une Juventus Bis à l’OM.. Alors peut-être l’OM sera compétitif… Cela signifie que RLD rallonge encore. C’est de toutes façons la seule chose qui lui reste à faire, sinon ce qu’il a mis est perdu. Propriétaire d’une société qui a une dette colossale envers sa holding personnelle, RLD est face au dilemme suivant : quitte (et le club plonge) ou double.

On comprend que dans ce contexte, José n’est qu’une péripétie. Mais qu’il soit remercié pour son passage. On se réjouit qu’il reste au club (selon son contrat). Il restera un recours valable, car il aura énormément appris en un an… Le capital de l’OM, c’est aussi cela.