L’homme à abattre
Satisfaits du maintien de José Anigo aux commandes de l’équipe, les supporters de l’OM n’ont maintenant plus qu’une seule chose en tête : descendre Christophe Bouchet de son trône. Le président marseillais, conspué à chaque sortie, n’est plus crédible à leurs yeux.
Les sifflets accompagnent la sortie des Marseillais de la pelouse du Vélodrome. Pourtant vainqueurs quelques minutes plus tôt de Strasbourg (2-0), les hommes de José Anigo sont hués par leurs propres supporters. L’entraîneur de l’OM reçoit, lui, des cris de soutien. « Ne pars pas José ! » Pour beaucoup de monde, Anigo avait prévu, samedi dernier, de donner sa démission à l’issue du match. Ecœuré par la double défaite contre Paris, lassé de tout un tas de choses, l’ancien minot ne mettra finalement pas ses menaces à exécution. Quatre jours seulement après que sa démission a été refusée par son président. Quelques heures plus tard, Anigo sera confirmé dans ses fonctions par la direction du club. Pour le plus grand bonheur de tous les supporters marseillais, éternels fans de l’enfant du pays.
« José Anigo met tout son cœur de Marseillais. Ce sont les joueurs qui n’ont pas envie et c’est désolant, » regrette René Malville. Pourtant, au-delà du regret de ne pas voir l’équipe « se donner à fond » depuis le début de saison, c’est essentiellement la présence de Christophe Bouchet aux commandes du club qui heurte le vice-président des Yankees et ses collègues. A force de demander la démission du dirigeant marseillais, ces derniers en perdraient même presque la voix. « Il lui manque des heures de cuisson à ce Bouchet, clame Malville. Il faut qu’il se casse ! Ce n’est pas un chef d’entreprise, c’est un journaliste. Il a une totale incompétence dans la gestion des êtres humains. Pour qu’une entreprise tourne, il faut connaître les gens, savoir les apprécier. Aller chercher un gabarit comme ça pour gérer l’OM… Dreyfus doit prendre les dispositions qui s’imposent pour que nous attaquions janvier avec une nouvelle équipe, sérieuse. Qu’on aille nous chercher un vrai chef d’entreprise, qui a fait ses preuves. »
Pour Marchand ou Roussier, les supporters de l’OM, à les entendre, s’étaient montrés transigeant. Seulement, deux présidents « en bois », ça va, mais, trois, bonjour les dégâts ! A l’instar de René Malville, fatigué de « cette direction qui vasouille et ne se satisfait que des bénéfices effectués par l’OM », les Marseillais rêvent donc de nouveau d’ « un Marseillais à la tête du staff et un chef d’entreprise à la tête du club ». Un « ticket gagnant » qui a fait ses preuves par le passé avec les Leclercq, Tapie ou Gili. Des hommes qui n’ont laissé que de bons souvenirs sur le Vieux-Port. On comprend donc mieux pourquoi tant de joueurs phocéens, dans la droite lignée de leurs supporters, souhaitaient tellement que José Anigo reste leur entraîneur. A l’image de Fabien Barthez, champion d’Europe avec l’OM en 1993, les Olympiens – spectateurs comme acteurs – savent qu’ils ont tout à gagner en conservant comme coach un vrai Marseillais. Et puis, comme le disait si justement Benoît Pedretti, le soir où son entraîneur a failli tout abandonner : « Ce n’est pas non plus l’entraîneur qui est sur le terrain. »