Actualité, matchs, Olympique de Marseille, Ligue 1, championnats étrangers et football en général, c'est ici que ça se passe !
11 Nov 2004, 14:54
PSG-OM : la rivalité
La rivalité entre le Paris Saint Germain et l'Olympique de Marseille remonte réellement à une quinzaine d'années, lorsque l'OM a été repris par Bernard Tapie, et repris son envol sportif en 86/87. A partir de cette date, la rivalité entre supporters des deux camps a commencé à se former.
Dans les années 80, les principaux rivaux du Kop of Boulogne au niveau supporters étaient le Loire-side nantais. Le FCN avait dans ces années une grande équipe, régulièrement classée en tête du championnat, et les virées des supporters parisiens en Loire Atlantique donnaient lieux souvent à de nombreux incidents. C'était sûrement le club le plus détesté en tribune Boulogne. Dans le même genre, il y avait les confrontations nordistes avec Lens et Lille qui débouchaient sur des confrontations musclées au Parc ou en déplacement là bas. Bref, les incidents impliquant les supporters du PSG étaient surtout circonscrit dans la moitié nord du pays, sauf à quelques exceptions prêt. Cela se limitait souvent à des bagarres entre groupes de skins rivaux (avec Le Havre ou Lille). Peu de supporters allaient dans le sud, tout le monde se foutait d'aller à Toulon, Marseille, ou Nice. A l'époque les déplacements lointains de supporters sont rares, le mouvement ultra n'existant pas. Rien à voir avec maintenant. Les sudistes se battant entre eux (genre Marseille et Toulon), les nordistes en faisant autant (avec des exceptions bien sur) . Je signale néanmoins que la Brigade Sud Nice fera une expédition remarquée au Parc je ne sais plus quelle saison, avec fight violente en prime…
La saison 86/87 allait tout précipiter. C'est le début l'explosion de l'argent dans le foot, Tapie investit dans l'OM, Lagardère au Racing Paris. De nombreuses stars étrangères viennent en France, le mouvement ultra commence à prendre son essor. Marseille avec son équipe de vedettes monopolise l'attention, l'ambiance du vélodrome est montrée de nombreuses fois à la Télévision. Marseille surgit à la lumière médiatique avec fracas. La rivalité entre le Paris Saint Germain et l'Olympique de Marseille remox ans de résultats médiocres en D1et D2. Paris est à ce moment là champion de France, Marseille arrive aux yeux des parisiens comme l'équipe qui vole la vedette au PSG d'un seul coup. A partir de ce moment là, plus rien ne sera comme avant.
Une rivalité entre deux villes assez éloignées, pour qu'elle soit forte, généralement, il faut que les résultats suivent. Entre 86 et 90, on peut dire que la rivalité entre Paris et Marseille était moins forte que celle entre l'OM et les Girondins de Bordeaux. A partir de 1990, cela va changer avec notamment l'arrivée de Canal +, à la tête du club de la capitale. Le bref récit (je pourrais faire plus, mais ça prendrait trop de temps) de ces confrontations n'engage que moi, je ne raconte que ce que j'ai vu, ou des faits connus du KOB, qui m'ont été racontés de source sure. Néanmoins, on ne peut tout savoir
saison 86-87
Match aller au Vélodrome, Paris sombre 4-0. Le match est en direct sur Canal +, le premier d'une longue série… Le match retour au Parc sera gagné par le PSG 2-0, et privera à cette occasion Marseille du titre. Pour la première fois est sortie la grande voile " notre histoire deviendra légende " à Boulogne. Des cars de supporters marseillais seront endommagés à la sortie. Des supporters bien loin du mode ultra…
saison 87-88
Match aller au Parc, 1-1. Paris est au fond du trou, Marseille joue les premiers rôles. Tifo (relatif) à Boulogne : OM=SIDA. Premiers jets de bananes sur Bell…
saison 88-89
Cette saison, Marseille et Paris jouent le titre. Match aller au Parc, 0-0. Le PSG sera en tête du classement durant pratiquement toute la saison, jusqu'au match retour au Vélodrome… Tout va se jouer là bas. Le PSG annonce qu'en raison de l'enjeu, il organisera un déplacement de supporters… Mais le club va céder sous le climat houleux qui entoure déjà cette rencontre. Des menaces par coups de téléphones et lettres anonymes arrivent par dizaines au siège du PSG. Cette modique provocation fera plier les dirigeants du PSG ! Le club prétend ne pas pouvoir assurer à 100% la sécurité, il faut dire qu'à Marseille, on ne s'est pas foulé non plus pour accueillir des supporters adverses. Le vélodrome sera totalement bleu et blanc. Quelques parisiens iront en indépendant, mais seront très discrets. L'OM marquera dans les arrêts de jeu, le PSG passe second. Le titre ira pour l'OM, qui fera d'ailleurs le doublé.
saison 89-90
Match aller au Vélodrome : le PSG perd une nouvelle fois dans les arrêts de jeu (2-1).
Le match retour va être chaud. La saison est marqué par le retour en force de nombreux skins au KOB, et les incidents au Parc se multiplient avec notamment la chaude réception au Parc des turinois de la Juve. La banderole Pitbull Kop apparaît. Les Boulogne Boys voient leurs effectifs grossirent… Mobilisation à Boulogne. Le souvenir du déplacement annulé, et des pressions de l'année dernière motive beaucoup de monde. Marseille vient de paumer contre Benfica mais arrive au Parc en leader. Le Parc est comble, il est à 60% pour l'OM… Beaucoup de skins et têtes anciennes sont visibles aux alentours du Parc, de nombreux supporters de Marseille (de la région parisienne) sont pris à partie, du moins ceux affichant leurs couleurs. Ce qui n'était pas le cas les matchs précédents. Rien de bien grave néanmoins sera à signaler, par rapport à d'autres matchs de la saison. Tifo remarqué à Boulogne pour l'époque, victoire 2-1 du PSG, avec un KOB en folie… 50 ultras marseillais viendront, en toute discrétion, on l'apprendra d'ailleurs par " Génération Supporter "… Pas visibles depuis Boulogne en tout cas, mais enfin, ils étaient là. Et je confirme, on a bien été maintenu à la fin du match dans le tribune par les CRS, qui avaient bloqués les portes métalliques… On ne savait pas pourquoi sur le moment…
saison 90-91
Match aller à Marseille, le PSG perd (comme d'hab) sur le score de 2-1. Les Boulogne Boys font un car et bâchent ouvertement au Vel. C'est une première pour des supporters parisiens là bas. Pas d'incidents du fait d'une organisation parfaite des flics, et d'une protection efficace en dehors du stade.
Le match retour au Parc verra aussi le premier gros déplacement ultra des olympiens au Parc, avec deux cars FUW. Pour la première fois au Parc, des supporters ultra français sont parqués dans une tribune condamnée ( le secteur G rouge). En gros 120 marseillais présents. Les flics parisiens les encadrent mieux que la saison dernière (pas de mal !), les CRS repoussent une charge de skins et du Commando Pirate (avec ses premiers casuals) devant Boulogne, les cars marseillais étant stationnés devant la tribune présidentielle… Le PSG se fait balayer par la dream team de l'OM (on perd que 1-0, mais on touche pas une bille du match).
Grosse charge Porte de St Cloud contre les CRS, ces derniers ne voulant pas qu'on accède coté Auteuil… Violentes bagarres. Les cars de supporters marseillais passeront Porte de St Cloud avec une protection relative de la police plus d'une heure après les affrontements. Très peu de fans parisiens restent dans le coin, mais assez pour repérer les cars et péter à coups de projectiles les vitres. Les marseillais descendent, quelques coups sont échangés, les CRS séparent les deux camps rapidement. Les marseillais étaient paraît il armés. Et oui, dans un car d'ultras de foot, il arrive qu'on emporte pas que des bières…
En Avril 1991, Marseille revient au Parc avec ses ultras en 8/ème de finale de Coupe de France*. 150 marseillais sont présents… au coté d'environ 35000 spectateurs pro-OM. Je me souvient d'une tribune Auteuil bleu et blanche (malgré la discrétion de ces gens autour du stade…) à coté du G rouge marseillais. L'OM s'apprêtait à disputé une finale de C1… Une nouvelle fois c'est la branlée sur le terrain (0-2). Pas d'incidents avant le match si mes souvenirs sont bons. Au KOB, ça pète avec les flics juste après le premier but de l'OM, avant la mi-temps. Le match est télévisé par TF1, et une partie des troubles passent à la TV. Ca va durer toute la mi-temps dans les coursives, les sièges volent dans tous les sens, comme les matraques… Les CRS investissent la tribune et condamnent les premières rangées en Bleu. Le Parc nous sifflent, la tribune est bondé de flics, notre équipe touche pas un ballon, beaucoup de kopistes sortent de la tribune… A la fin du match, passant subtilement par un chemin inhabituel, le gros des hools parisiens se massent devant Auteuil, et font face aux marseillais… mais avec une bonne séparation de CRS. De nombreux skins sont là ; les marseillais ne bougent pas, et nous observent. Les parisiens commencent une charge stoppée net par une rafale de tir de lacrymo, le temps d'y échapper, les CRS chargent les parisiens. Dispersion, traditionnelle course poursuite jusqu'à la porte d'Auteuil, arrestations, etc… Des rumeurs coururent sur un contact entre parisiens et marseillais, quelques temps après dans un sorte de square, si quelqu'un a des infos précises…
Enfin, lors de la finale de la Coupe de France 1991, c'est OM/Monaco au Parc. Des skins parisiens attaqueront des marseillais devant les princes, et des bagarres éclatèrent. Mais rien avec les ultras de l'OM.
saison 91-92
Canal + investit dans le PSG, et l'équipe parisienne se donne enfin les moyens de rivaliser sur le plan sportif avec l'OM vice champion d'Europe. La grande rivalité va prendre à partir de cette saison sa réelle dimension. Le match aller a lieu au Vélodrome en plein mois d'Août (0-0), les supporters parisiens sont absents. Les Boys annulent leur déplacement faute de monde à Paris (ah… les joies des vacances…).
Le match retour au Parc sera comme d'habitude plus chaud. Au KOB, la mode hools gagne du terrain. La frange la plus turbulente des Boys fonde l'Army Korps. Le Commando Pirate, tient solidement la partie opposé à celle des Boys à Boulogne. Les skins sont encore nombreux. Les incidents se multiplient au Parc contre les CRS (notamment contre Toulon). PSG/OM est programmé en décembre. Un cortège important de marseillais se déplace au Parc, le déplacement à Paris devient de plus en plus sûre avec une sécurité de plus en plus impressionnante. Les marseillais seront parqués en F bleu. Comme d'habitude pour ce match, beaucoup de skins viennent au Parc, et plus d'une centaine d'entre eux, ou de gars arborant le look, seront arrêtés aux guichets Boulogne et placés en garde à vue durant la rencontre. Ce délit de faciès va marquer un point de rupture au niveau vestimentaire à Boulogne. Les paras vont laisser place aux baskets, la veste de survèt va gagner du terrain au détriment du bomber, les cheveux vont (très) légèrement poussés… Bref, la famille casual grandit... Des incidents se produiront comme d'habitude à la fin de la rencontre (0-0), à la sortie du stade… Amusement numéro 1 à Boulogne pour quasiment tous les matchs. Les marseillais ne seront pas inquiétés, la protection étant trop forte.
saison 92-93
Cette saison, c'est le PSG qui accueille le premier chapitre de la grande confrontation du championnat. Le PSG et l'OM jouent les premiers rôles en France, et effectuent parallèlement un excellent parcours en Coupe d'Europe. Le Kop of Boulogne est à son apogée niveau fight, les incidents se multiplient à domicile comme à l'extérieure, mais c'est le Parc des Princes et ses alentours qui deviennent le plus souvent un véritable champs de bataille… Le Commando Pirate (de loin le groupe hools leader de l'époque) et L'Army Korps entraînant avec eux plusieurs centaines de suiveurs issus pour la plupart des associations officielles, ces dernières étant jugées trop frileuses et plus trop représentatives de la mentalité dominante en tribune. Les matchs contre Salonique et Anderlecht seront les exemples les plus démonstratifs de cette première moitié de championnat. Le dernier match de l'année 1992 est donc contre Marseille, le 19 décembre exactement. Les FUW déboulent à la Gare de Lyon à 18h00 avec 400 unités. Ils seront parqués en F bleu avec d'autres sections de toute la France, formant en tout un millier de supporters. 1400 policiers seront déployés pour ce match, quasiment le double de l'année dernière ! ! Et sûrement un chiffre rarement atteint en Europe pour l'époque. A l'entrée des joueurs, les marseillais balancent de nombreuses torches sur le virage Auteuil, les médias n'en parleront pas… Les signes anarchistes sont aperçus coté marseillais, les croix celtiques sont de sortie coté Boulogne. A la mi-temps du match, les premiers incidents éclatent avec les CRS au KOB, la bataille rangée va durer toute la seconde moitié du match. Prés de 400 hools vont harceler les CRS à coups de fumis, projectiles de toutes sortes (on a plus de siège depuis le saison dernière)… Plus personne regarde le match, comme à chaque fois… Marseille plante son petit but, et gagne une nouvelle fois en terre parisienne (0-1). Les incidents vont durer pendant une demi heure à la sortie du stade avec environ 500 jeunes (tous de Boulogne) contre plusieurs compagnies de CRS… A l'époque, les leaders hools étaient connus et respectés de tous, et dés qu'ils bougeaient, c'est avec une entière confiance que des centaines de jeunes suivaient… L'après match provoqua donc de nombreux dégâts aux forces de l'ordre, et quelques arrestations à la clef…
Le match retour à Marseille est donc programmé le 29 mai 1993. Deux mois à l'avance, nous savons que le club organise un déplacement en train pour un tarif relativement abordable : 500 f . Avec le potentiel impressionnant de cette saison, il serait impardonnable de ne pas y aller. Surtout que les déplacements à l'étranger furent massivement suivis. 750 parisiens s'inscrivent pour ce déplacement que beaucoup attendaient avec impatience. Soit 350 gars de + que les marseillais venant de Marseille en décembre. Les sections parisiennes en provinces étant quasiment inexistantes. Par contre, pas de TGV, mais un vieux corail bien pourris… Sur 750 fans, on pouvait compter facilement 500 hools (sûrement le plus gros potentiel parisien qu'il m'ait été permis de voir en déplacement), les gars d'Auteuil étant une grosse quarantaine. Pas mal de gars qui ne venaient pas trop au foot étaient là, dont quelques skins pas trop connus de Boulogne. Voyage en train sans histoire dans une chaleur étouffante. Arrivée à Marseille dans une excitation indescriptible, on nous fout dans des cars, et c'est parti pour le Vélodrome, les fameuses fusées commencent à partir des ouvertures des bus, toute la population locale nous voyant passer nous insultent… Arrivée au Vel, où nous rejoignons une petite vingtaine de hools de l'AK, en indep sur Marseille depuis la veille. La rentrée dans le vélodrome sera digne des gaulois d'astérix sortant de leur village : les CRS remplaçant les légionnaires romains pour la circonstance… Les marseillais sont assez surpris du nombre, et de la motivation. Au bout de 5 minutes en tribune, ça repète avec les CRS. Deux charges coup sur coup, un CRS est évacué. Les journalistes présents sur la pelouse se massent devant notre tribune, les flashs crépitent, certains parisiens en profitent pour se dégourdir le bras droit et exhiber quelques drapeaux noirs et blancs… Marseille sort le tifo des grands soirs : tout le stade s'y met, le titre de C1 est fêté comme il se doit. Le match en lui même est pas mal, sauf qu'on s'en occupe pas trop comme d'habitude. Les incidents avec les forces de l'ordre vont s'accentuer tout au long du match. Au troisième but de Marseille, des fusées sont tirés dans le public marseillais, en quart de virage et en tribune Ganay. Des marseillais du virage sud se pointent alors en latérale et arrachent des sièges en nous les lançant sans bien sur nous atteindre, nos stewards (qui nous ont jamais aidés à faire rentrer les stylos lance-fusées, comme cela a été dit dans la presse) et les CRS nous repoussent. Nous sommes évacués 10 minutes avant la fin, pas de marseillais à l'horizon, bien qu'on s'est douté qu'ils ont essayé de venir au contact. Les Bus jusqu'à Aubagne, puis train direction Paris. Des rumeurs les plus folles les jours suivants faisant état de 3000 ( !) marseillais nous attendant à St Charles, etc… Le PSG interdit les déplacements organisés en France jusqu'à nouvel ordre, et grâce à cette mesure super dissuasive ( !), les déplacements en indépendants vont se multiplier et les incidents avec… Voilà, rien de bien extraordinaire, mais la presse va en parler toute la semaine, que ça soit dans les journaux ou à la TV. Les marseillais avaient canardés Auteuil au match aller, personne n'en avait fait écho. Les parisiens en font de mêmes avec, il est vrai, un effet plus spectaculaire, et là c'est le tôlée général. Ce déplacement est resté mythique du coté du KOB, et dans l'histoire des fans parisiens par sa résonance médiatique, et le fait que c'était le premier gros voyage en terre marseillaise avec un effectif clairement hools. Les incidents ayant été commentés en direct sur canal +, match interrompus, sans compter une fameuse vidéo privé du coté parisien qui a du voyager dans toute la France… Sinon, dans l'absolue, le contact fut nul, et à coté de ce qui s'est produit cette année là, y avait vraiment pas de quoi en faire des tonnes ! A noter que le leader charismatique du Commando Pirate décède dans un accident de voiture la veille du déplacement, à partir de ce moment plus rien ne sera comme avant en tribune Boulogne. En perdant à Marseille, Paris s'enlève toute chance pour le titre, et laisse l'OM gagner son cinquième titre d'affilé. L'affaire du match truqué OM/VA éclate alors, le titre de champion est retiré aux phocéens. Paris doit alors être sacré en tant que dauphin, mais la direction refuse pour ne pas envenimer les choses entre les supporters des deux camps… Personne ne gagne donc le championnat 92/93 ! !…
saison 93-94
Le match aller a lieu à Marseille en plein mois d'Août, le 15 exactement !… Le choix de cette date n'est sûrement pas étranger, suite aux incidents encore présents dans tous les esprits du 29 Mai dernier… La volonté de ne pas avoir de supporters parisiens est bien réelle. La Ligue comme les deux clubs nous sortent donc l'Assomption comme date du match !… Cette saison, les hools du PSG sont toujours à la une des journaux, et feront parler d'eux dès la première journée, le 24 juillet à Bordeaux. Depuis la dernière virée au Vélodrome, le PSG a décidé " l'annulation de toute organisation de déplacement de supporters pour les matchs à l'extérieur " , résultat : une liberté encore plus grande pour les casuals et ultras parisiens. Le match du 15 Août est redouté par toute la presse qui, comme elle sait si bien le faire, va multiplier les articles alarmistes, en affirmant la possibilité de graves affrontements. La police marseillaise va quadriller la ville, et les abords du stade vélodrome : les parisiens sont indésirables au stade, et tout groupe suspect doit être arrêté. Les directions des deux clubs se sont mis d'accord : pas de parisiens au Vel ; d'ailleurs les places réservés aux supporters adverses, sous le filet, ont déjà été vendu à des marseillais. Mais comme souvent le choc promis accouche d'une souris… Les rares parisiens présents ne purent accéder au stade, et notamment un groupe de hools venus par le train (une vingtaine), après s'être frotté à quelques marseillais dans le périmètre de la gare, se feront arrêtés, et seront reconduits au train de 21h16. Bref, la forte mobilisation policière et surtout la très discrète présence parisienne ne donna rien, à part une traditionnelle victoire marseillaise (1-0) sur ses terres…
Le match retour au Parc est programmé le vendredi 14 Janvier 1994. Entre temps, le mouvement hools parisiens fut touché de plein fouet par la justice suite aux incidents du match PSG/Caen du 28 Août 1993 qui suivit le match à Marseille. Le Commando Pirate et l'Army Korps vont voir leur meneurs allés de nombreux mois en prison, la tête du mouvement est décapitée. A partir de cette date, la violence va s'atténuer progressivement d'années en années, du moins, elle sera moins répétitive. Autre fait marquant, pour des raisons soit disant de sécurité, Boulogne Bleu sera fermé de nombreux mois pour travaux. Le PSG en réalité réalisera des aménagements pour cloisonner la tribune, et défigurer l'étage, place du Kop historique. Mais une nouvelle fois, le seul résultat de ces mesures fut la naissance de la " Fosse ", et l'époque des " Indépendants Boulogne Rouge " pouvait commencer. En effet, le PSG n'avait pas compté sur le fait que la majorité du Kop resterait en bas : les hools avait désormais leur propre tribune, sans siège, sans barrières, une " terrace " à l'anglaise. Aux antipodes de la prison qu'était devenu l'étage en Bleu, où étaient remontés les associations avec une grosse hémorragie d'effectif à la clef ; les jeunes préférant l'ambiance anarchique des IBR, l'animation étant en bas (" Comme un concert " avait écrit le parisien). Donc, malgré un coup d'arrêt à la base, beaucoup de nouvelles têtes apparurent, et les effectifs restaient encore assez impressionnants. L'affaire VA/OM, les sanctions sportives et financières touchant l'OM, une équipe du PSG étant de plus en plus forte, le clivage marseillais/parisiens atteint son paroxysme. L'équipe " d'Envoyé Spécial " se décida d'entamer un reportage sur les fans des deux équipes. C'est dans cette ambiance tendu qu'arrivait ce match retour entre le 1er et le second du championnat (c'était le bon vieux temps…). Comme il était soit disant prévu depuis le match aller, les ultras marseillais n'auraient pas de places pour le Parc. Une réciprocité de la décision de l'été dernier en quelque sorte… C'était sans compter sur la puissance des associations marseillaises, qui mobilisèrent les médias, et envoyèrent leurs responsables à Paris négocier un droit d'accès au Parc. Les ultras phocéens menacent de détenir plusieurs centaines de billets dans différentes tribunes du Parc, sans compter sur 700 fans qui viendront sans billets et qui pourraient provoquer des heurts… Tonini ira même jusqu'à dire : " Attention, on a 20 billets pour le Kop… " Bon… Il est clair que tout est mis en œuvre pour faire gober à la Ligue et au PSG que sans places, ce sera la troisième guerre mondiale… Mais, malgré cette requête désespérée, l'action des supporters marseillais se soldera par un échec : pas de places aux marseillais. Le train spécial d'ultras venant de la cannebière est annulé. Malgré cela, les noyaux durs des groupes ultras marseillais vont monter à Paris : en bus pour les winners, en train pour les ultras. Tout le monde se fera toper par les flics (environ 200), seul une poignée réussira à rentrer sous étroite surveillance tout en haut de la tribune F, sans bâche et matérielle. Les autres étant maintenus à quelques centaines de mètres du stade par les CRS, avec quelques échauffourées en prime avenue Gordon-Benett. Bref, les seuls supporters ayant pu soutenir l'OM furent…des parisiens. Coté parisien ce fut l'affluence des grands soirs, avec présence en Rouge d'une partie du Viola Front Toulouse, et de quelques belges et hollandais (Standard notamment… et oui, à l'époque, une partie fréquentait Boulogne…). Des portiques de détection métalliques sont installés à Boulogne et Auteuil, mais avec la foule présente, les ¾ passeront à coté… Le PSG et l'OM feront match nul (1-1). La sortie du match donnera lieu aux traditionnels affrontements contre les CRS Porte de St Cloud et Porte d'Auteuil avec environ prés d'un millier de parisiens tournant autour du Parc ! J'ai réellement le souvenir d'un cortège impressionnant. Bref, le sport de rue made in Paris. Pour le premier match sous la nouvelle loi " Alliot Marie ", rien de bien méchant fut à signaler. A la fin de la saison, Paris fut champion, et l'OM rétrogradé en D2 par décision de la Ligue
saison 94-95
Depuis la dernière saison, la firme hools parisienne est plus communément appelée « IBR » à cause de sa nouvelle localisation en tribune Boulogne Rouge, et à sa tête, la Casual Firm (CF) est de loin la plus entreprenante, attirant de nombreux jeunes. Cela s'explique par le déclin du Commando Pirate et de l'Army Korps suite aux nombreuses poursuites pénales des incidents de PSG/Caen en Août 1993. La toute jeune CF est imprégnée des déplacements en indépendant suite à l';annulation des déplacements officiels des associations en cars décrété par le PSG à la fin de la saison 92/93. Les virées en indépendant se multiplie au début de cette saison par le train ou la voiture, que cela soit pour les hools ou les ultras d';ailleurs. La liberté de mouvement que donne ces déplacements débouche plus facilement sur le contact avec les supporters adverses, et donc, les affrontements se multiplient. Les déplacements du début de saison au Havre, Strasbourg, Nantes, Lyon, Caen donne lieu à des bagarres plus ou moins violentes suivant l'adversité. Les hools parisiens sont les seuls en France à se déplacer ainsi, « à l'anglaise », sans escorte, arrivant le plus souvent le midi, squattant les bars des centre ville par petits groupes et se rassemblant une fois « chaud » pour aller au stade. Autre signe des temps, hools et ultras, toujours en indépendants, se déplacent enfin de façon significative dans les villes bordant la méditerranée (c à d + de 100.) En effet, entre le 14 octobre et le 5 novembre 1994, le PSG se rendra à Cannes, Nice, et Martigues. La dernière destination va vite attirer l'attention.
L'Olympique de Marseille était remonté en division 1 en 84/85, dix ans plus tard, ils retrouvent la seconde division. Une rétrogradation imposée par les instances du football français comme la sanction suprême de la tentative de corruption lors du match VA/OM. Du même coup, les supporters parisiens pensent perdre leurs principaux rivaux pour cette nouvelle saison… Heureusement, les faits vont démontrer le contraire. L'OM est en division 2 et l'on se passera de l'affiche du championnat PSG/OM cette année. Mais les marseillais vont monter à Paris, pour la rencontre contre le club de la banlieue nord de la capitale : le Red Star.
Le match Red Star / Marseille est programmé le 10 septembre. Les jours précédents la rencontre, les noyaux durs des groupes hools parisiens téléphonent aux locaux CU84 et SW87 pour se donner RDV loin des flics. Les RG mettent la pression sur les parisiens en promettant une jolie rafle, si des têtes connues étaient aperçues du coté de la Porte de Clignancourt. Les leaders casuals, dont la plupart viennent de sortir de prison suite à PSG/Caen de la saison dernière, refusent d'aller à Bauer défier les marseillais, et prendre le risque de retomber au main de la police. Ces derniers, sans pour autant accepter le RDV fixé à Roland Garros, sont au courant du lieux de rencart. Une grosse centaine de parisiens expérimentés se rassemblent prés du Parc en fin de soirée. Au même moment, d'autres parisiens valables vont à Bauer, curieux de voir ce qui pourrait se passer. Malheureusement, ils ne sont qu'une poignée, une vingtaine tout au plus. Par contre, de nombreux jeunes parisiens lookés " umbro " (certains arborant des écharpes PSG…) sont visibles. Ces jeunes brebis égarées vont être malmenées par les marseillais. Les ultras phocéens sont venus en nombre, avec les noyaux durs au complet. Au grand dam des observateurs parisiens, ils sont libres de tout marquage, et peuvent faire le tour du stade comme ils le veulent. Ils sont chez eux, les parisiens en face ne font pas le poids, quelques parisiens plus expérimentés tenteront une charge, mais reculèrent rapidement. Certains marseillais isolés arborant du matos ultra se feront attrapés, mais rien de transcendant… Dans le stade, 600 ultras marseillais occupent un coin de latéral, à l'opposé de la tribune des (rares) supporters du Red Star, occupé pour l'occasion de 200 supporters parisiens anti-marseillais. Avant le match, les joueurs et dirigeants marseillais vont être la cible de projectiles venant du coin des supporters parisiens, Jean Louis Levreau, le vice-président de l'OM, aura la pommette ouverte. Les parisiens cassent les chiottes et des morceaux de gradins ( !) pour se fabriquer ces projectiles. Certains hools parisiens présents, quittent le stade dégoûtés, et convergent vers le Parc des Princes. D'autres en profite pour enfoncer un grillage et approcher le parcage marseillais, mais les CRS les chassèrent rapidement, de toute façon, à une dizaine… Pour couronner le tout, certains parisiens seront pris à partie par des membres des Perry Boys (skins sharp) à la mi-temps dans les coursives du stade, qui blesseront un parisien pro-PSG d'un coup de couteau. Du coté du Parc des Princes, les casuals parisiens attendront en vain, point de marseillais à l'horizon. Après tout, ces derniers n'avaient pas assurés de leur présence. Les conclusions étaient claires, il aurait fallu aller en masse au Stade Bauer, où les marseillais étaient en indépendant, et les flics très discret (Les RG avai? ??A ent comme d'habitude pipotés). Rapidement, tout le monde comprit qu'on était passé à coté du sujet. Dans la presse, les vandales parisiens eurent les honneurs des journaux (" Les abrutis sont passé par la banlieue " France Football). Quelques jours plus tard, à la fête de l'Humanité, le président du Red Star J.C Bras déclare : " Il y en a marre des deux cents barjos et débiles du PSG, qu'ils restent chez eux ! " Heureusement que les hools n'étaient pas là… La municipalité de St Ouen (propriétaire du stade) déposera une plainte contre X. Au fait, l'OM perdra sur le score de 2-1.
Sans pour autant parler de déroute, puisque les deux groupes ne se sont pas rencontrés, la promenade marseillaise à Bauer laisse un goût amer à de nombreux parisiens. Surtout pour ceux présents prés du stade, ayant constaté leur impuissance face à une colonie marseillaise très motivée, nombreuse, et un dispositif policier particulièrement faible. Paradoxalement, cet épisode intervient en plein renouveau du mouvement hools à Paris, ou les déplacements en indépendant se multiplient, donnant lieu à de bons contacts. Par exemple, une semaine après le Red Star, il y aura une mémorable virée à Lyon, où pour la première fois là bas, une centaine de parisiens affronteront les gones devant le virage nord. Les anciens groupes leaders comme le CP et l'AK, suite aux poursuites judiciaires mettent un frein sérieux à leur activité. De plus, des tensions et règlements de compte entre ces deux groupes autrefois unis, minent le mouvement. Heureusement, la nouvelle génération va faire rapidement ses preuves… La Casual Firm va se créer cette saison suite au regroupement de groupes comme le Block B, les Sus Scrofa, plus d'autres jeunes indépendants motivés. Ce groupe devient la locomotive du mouvement grâce à son nombre, sa fougue, sa jeunesse. Même si les anciens groupes conservent l'autorité au sein de Boulogne Rouge, la CF devient le poumon de la tribune. Effectuant tous les déplacements, elle ne digère pas très bien l'échec du Red Star, et décidera à partir de ce moment de faire comme bon lui semblera. Elle sera présente en indépendant à Cannes et à Nice en octobre, et s'y fera facilement respectée. Mais déjà un certain déplacement à Martigues se déplace à l'horizon le 5 novembre…
Le mois précédent ce déplacement, la mobilisation est décrétée. Associations ultras et indépendants font circuler le mot d ordre : « Tous à Martigues ! ». Ne pas s y rendre serait un aveu de faiblesse et de lâcheté. La saison dernière, Martigues/PSG avait donné lieu à une fronde anti-parisienne de la part du public local composé pour la plupart de supporters marseillais. Les joueurs parisiens ayant été insultés, menacés et bombardés de projectiles tout le match. Cette saison, il était clair que les fans parisiens devaient être de la partie. Nous aussi on a le droit de s amuser ! !& Comme prévu, nous savions que le département supporter n organiserait pas de déplacement, néanmoins, une partie du stade nous serait réservée. En gros, au stade vous serez tranquille, maintenant, débrouillez vous pour vous y rendre. On n' en demandait pas tant ! Boulogne et Auteuil se mirent donc à rameuter les troupes à coups de tracts distribués en tribune. Celui du Commando Pirate étant le plus claire : « Déplacement obligatoire à Martigues, les supporters qui ne s y rendront pas ne seront plus considérés comme tel dans la tribune !». Le genre de message qui te botte le cul. Nous savions que ce remue ménage allait nous mettre les flics en alerte, le tout était de partir tranquille et discrètement de Paris. Dans la semaine précédant le match, la CF imposa son idée de partir la veille au soir en train et d en profiter pour faire une petite virée à Marseille ! Il fallait qu on soit un petit nombre sympa avec une solidarité sans faille. On allait bien voir.
Le 4 novembre au soir à la gare de Lyon, nous fumes 175 fans du PSG à nous rassembler sous le panneau des départs. Nous comptions au départ sur 120-150 personnes maximum .La plupart étaient des IBR, renforcés par quelques membres d assocs aimant les sensations fortes. Tout ce petit monde prit d'assaut le pauvre corail de nuit en direction de Marseille sans titre de transport. L'absence étonnante de toute présence policière facilita la chose. Avec les contrôleurs, et 2, 3 types de la police ferroviaire, le deal était simple : le voyage sans billets en échange d aucune dégradation à bord du train. Tout était ok, le train pouvait partir.
Le voyage se déroula de façon assez calme, entre alcool et quelques joints, l important était de dormir un minimum avant une journée qui s annonçait rude& Néanmoins, le sommeil est dure à trouver, l'excitation devenant de plus en plus latente au fur et à mesure que les kilomètres défilent. Les premières lueurs des zones industrielles éveillent notre attention. La pluie battante qui tombent depuis déjà quelques instants donnent une vision lugubre du dehors. Le train commence à ralentir, le terminus ne devrait plus trop tarder. Tout le monde a compris et s est réveillé, quelques fusées seront tirées du train à l aveuglette à notre passage dans de petites gares provençales, vivement Marseille !
Vers 5h 15 du matin, le train de nuit de Paris arrive en gare St Charles. Il n est même pas encore à l'arrêt, que les premiers parisiens sautent des fenêtres, forcent les portes et sautent sur le quai. Les pétards explosent, les fumigènes s'allument, les chants fusent dans un vacarme assourdissant décuplé par le toit de la gare qui agit comme une caisse de résonance. Les rares marseillais présent n en croient pas leurs yeux en voyant débarquer dans le brouillard des fumigènes 175 types chantant des slogans hostiles à leur ville à une heure aussi matinale ! Au premier coup d’œil, pas de flic à l horizon ; nous sommes donc libres de nos mouvements.
Première chose, il faut se ravitailler. Le premier café en face de la Gare est pris d assaut, tout ce qui ressemble à de la nourriture va disparaître en quelques secondes ! Néanmoins, cela reste insuffisant pour tout le monde, retour à la gare et sa cafétéria où le même scénario se reproduit. Dans les deux cas, personne ne sera malmené physiquement, ni rien ne sera cassé. Après cette pause petit déjeuner, les premières forces de police arrivent mais de façon très limitée. La décision est prise de faire une virée au stade vélodrome. Tout le monde s'engouffre dans les escaliers descendant aux lignes de métro. Nous voici sur le quai, direction la station du stade : « Rond-point du Prado ». Un métro arriva, et fut investi assez calmement. Le problème c est que le métro ne redémarra jamais. Le chauffeur ayant
sûrement reçu des ordres de la part de la police qui cerna vite le quai avec pas mal de maître chien. Craignant une rafle générale, la décision fut prise d évacuer le métro et de sortir de la gare. Cela permit à certain de laisser de multiples traces de notre passage à l aide de bons vieux marqueurs. C'est à cette instant que nous retrouvèrent une dizaine de gars du Viola Front Toulouse, qui nous avaient déjà prêtés main forte à Lyon cette saison. La CF et le Viola entretenant des rapports soutenus. Il était 7 heure du matin, et la gare St Charles commençait à grouiller de forces de l'ordre. La pluie s étant arrêtée, le jour s'étant levé, une virée sur la canebière s'imposait.
Nous partîmes de la gare, direction le Vieux Port, en cortège dans la rue. Comme on dit, cela avait de la gueule. Il fallait se pincer pour le croire : on était là, à Marseille, en train de déambuler sur la Canebière, avec la drapeau croix celtique en tête en chantant « Marseille on t'encule », ou « Bleu, blanc, Rouge, la France aux français ». Les flics ayant tout bonnement disparus ! Arrivés sur le vieux port, on fit plusieurs photos histoire d'immortaliser la scène. Il faut bien reconnaître, qu à cette heure, il n y avait pas grand monde dans le coin. Ne sachant pas trop quoi faire, la remontée à la gare fut décrétée. Il était claire que la relative absence de flics n'allait pas durer éternellement, et que le mieux était de partir de Marseille, et de se rendre à Aix ou à Avignon, afin de minimiser les chances de se faire attraper par la police et de les avoir sur le dos toute la journée. La remontée sur la Gare se fit calmement, jusqu à la rencontre de deux gars portant insignes du CU et des Fanatics sur la Canebière. L'embrouille fut inévitable et une dizaine de type de chez nous se ruèrent sur eux. C'est à ce moment là que des fourgons de CRS sortirent dont ne sait où, renforcés de flics en civil. Tout le monde se mirent à charger les forces de l ordre, qui contre chargèrent rapidement à coups de lance grenades. Le brouillard des lacrymogènes et les cris de rage des fans parisiens donnaient à la Canebière un petit parfum de manifestation étudiante qui se finit mal. Six arrestations de notre coté. Les esprits se calment progressivement, nous remontons alors vers la gare, encadrés de prés par les CRS. Une seule chose à faire maintenant, partir de Marseille.
Pas de nouvelle de nos six compatriotes, mais le temps presse. La gare est maintenant sérieusement cernée par la police. Nous savions que le reste du contingent parisien qui partait ce matin, passerait par Avignon. Partir pour cette destination s'imposa rapidement. Un train régional allant à Avignon s'apprêtait justement à partir, on fonça alors à l intérieur. Cinq minutes plus tard, le train était cerné de flics, on compris vite qu'on ne partirait jamais. Des dizaines de civils nous bloquaient dans les wagons, nous ne pouvions nous échapper. La descente du train se déroula sous une fouille individuelle très stricte, les flics en civils marseillais étant la caricature des « flics-cowboys » du sud, grandes gueules et provocateurs. Un arsenal impressionnant est saisi dans les wagons : stylos-fusées, bombes lacrymos, opinels, cutters, poings US... Cet « outillage » ne devant servir qu'en cas de situations extrêmes ; et à Marseille, un problème est plus vite arrivé qu ailleurs. Sur l ordre du préfet de police, nous sommes parqués dans la salle d'attente de la gare. Il est 8h30 ce samedi matin, on restera bloqué au même endroit jusqu à 17h30. Cette salle d attente est entouré de plusieurs cordons de CRS, tout le monde comprend qu'on y est pour longtemps. Certains vont en profiter pour dormir un bon coup, certains n'ayant pas pu fermer l’œil de la nuit. D'autres vont improviser un foot avec une ou deux canettes qui traînent ; l'ambiance est soudain très détendu, la pression du matin est retombé d'un coup, l'adrénaline laissant place à la fatigue.
La journée va passer très lentement. Nous ne savions pas quand les forces de l'ordre allaient nous relâcher, et si on pourrait aller voir le match ou pas. Comme d habitude, ils nous promirent de nous rendre notre liberté très vite, afin de nous endormir et qu on soit sage. Certains ayant les numéros de téléphone des locaux CU84 et SW87, et ayant des postes téléphoniques dans notre salle, ils appelèrent nos chers amis afin qu'ils sachent bien ou l'on était, et si possible, de venir nombreux histoire qu il y est un peu d animation, car là on était vraiment coincés et l'on s'emmerdait sec! Finalement, très peu de gars vinrent nous dire coucou, tout au plus une quinzaine de winners. A noter qu'on avait passé des coups de fils similaires la veille, pour signifier notre arrivée, mais sûrement que l'heure matinale en a découragé plus d'un. Quoi qu'il en soit, cette garde à vue en salle d'attente, paru interminable ! A chaque fois, que quelqu’un un avait envie de pisser, ou d'aller acheter à manger, il était encadré de civils ou de CRS dans la gare. Les six « détenus » du matin nous rejoignirent sous nos acclamations. En milieu d'après midi, une des vitres de la salle vola en éclat et quelques uns tentèrent de s'échapper de notre « prison », mais ils furent vite interceptés par les flics. Chacun du décliner son identité au poste de police de la gare sous peine de ne pas voir le match. Après tout, on était déjà tous fichés au Parc, alors une fois de plus ou de moins. La police n'ayant aucune charge à l'encontre de quelqu’un de particulier, la décision fut prise de nous affréter un train spécial pour le stade Francis Turcan vers 17h00. Pendant quelques minutes, la gare fut vidée de ses occupants, et c'est avec un grand soulagement que nous sortions de notre « tanière » sous bonne escorte. Un train «à bestiaux » nous attendait sur un des quais, direction : Martigues !
Le trajet dura trois bons quart d'heures, ce train était vraiment pourri, quelques compartiments avec à coté des enclos pour transporter sans doute moutons, chèvres et autres bestioles du même genre. Certains se mirent à chanter face à la police ferroviaire : «Nous sommes des animaux ! ! », par défi face à cette provocation manifeste de la police locale. Histoire d'en rajouter une couche, tout le monde se mit à chanter : « On s'en fout du football ! ». A voir leurs visages, on comprenait bien que les flics se demandaient s'ils avaient pris la bonne décision de nous emmener voir le match. L'arrivée à Martigues se fit dans le calme, 5, 6 bus style RATP nous attendaient. Le trajet se fit comme d'habitude à grands coups de gyrophares, et de sirènes hurlantes en grillant tous les feux, sous une pluie qui recommençait sérieusement à tomber. Pas de marseillais hostiles à l'horizon. A l'entrée de notre tribune, la fouille fut draconienne, les nombreux parapluies qu'on avait emportés furent confisqués (ils avaient bien compris qu'on allait pas s'en servir pour se protéger de la pluie), la plupart perdurent leur ceinture, ceux qui avaient des chaussures à coque renforcée durent les laisser à l entrée. En chaussette sous la pluie ! Le stade de Martigues était vraiment nul, vraiment niveau D2, je me souviens m'être dit que c'était la dernière fois que j'y foutais les pieds ! A notre grande surprise, plus de 150 autres supporters du PSG étaient déjà présent dans notre parcage. La plupart étaient des membres d'associations ultras d'Auteuil, et donc pour l époque, une majorité de Supras. Les associations ultras d'Auteuil s'étant plus mobilisés pour ce match là que celles de Boulogne. Néanmoins, le KOB représentait les 2/3 de la tribune grâce à tous ses hools. Les gars du CPP n'étaient qu'une petite dizaine à être venus, ce qui était décevant. Donc, nous étions entre 300, et 350 fans venus en indépendant de la Capitale ce soir là à Martigues dont prés de 200 hools.
Le stade se remplissait lentement, nous repérâmes vite les premiers provocateurs marseillais qui se mirent à coté de nous. Première charge sur la grille de séparation, les CRS décidèrent d'évacuer entièrement la tribune à coté de nous ! Là, on était vraiment isolé ! La sono du stade crachait le dernier album d'IAM pendant que les premier winners commençaient à rentrer le coin de tribune la plus proche de la notre, sur notre droite. Même si le stade était minuscule, l'ambiance devenait de plus en plus électrique. Une cinquantaine de SW avait pris place dans les gradins du stade, les premières fusées furent lancées dans leur direction, les chants nationalistes et sigles nationalistes étaient de sortie, ce qui irrita plus d un «orangiste ». La rentrée des joueurs sur le terrain fut le moment ou certains vidèrent leur lance-fusées sur la tribune marseillaise, avec quelques fumis en supplément. Les winners enjambèrent alors le ridicule grillage de 2 mètre de haut qu il y avait dans cette tribune latérale, et allèrent en toute tranquillité sur la pelouse. Nous, c'était impossible d'en faire de même, un filet de protection prolongeait notre grillage, et il fallait escalader à plus de 5 mètres de haut pour pouvoir se rendre sur la pelouse ! Certains marseillais essayèrent d'arracher des banderoles parisiennes, ils réussirent à dérober celle des Supras ( !), et ce fut tout. Pendant que les joueurs regagnaient les vestiaires, dans notre tribune, c était l effervescence, tout le monde se rua sur le grillage pour le faire plier, mais sans succès. Les CRS interviennent enfin après plusieurs minutes de confusion. Les winners arrêtés en flagrant délit, sont remis bien gentiment aux steewards locaux. On apprendra plus tard, que pour ce match là, le responsable de la sécurité était Rachid Z., un des leaders SW. Incroyable n'est ce pas ? Mais bon, on est dans le Sud après tout, donc rien de surprenant. Le match va débuter avec un quart d'heure de retard, les joueurs des deux camps tentant de calmer leur public respectif. Fernandez se rendant jusqu'à notre grillage afin de parler avec nous devant une rangée de CRS. Finalement, le match débuta à 20h21.
Un match se déroulant dans une ambiance « made in Martigues », avec un public qui s'en prenait aux joueurs du PSG,à coups d insultes verbales permanentes, de fumigènes, de boulons, de pièces de monnaies ; Kombouaré voyant une paire de ciseaux ( !) tomber à ses pieds. Un partout fut le résultat final, de nombreux joueurs vinrent nous saluer et nous applaudir. Cette réaction fut critiquée dans la presse, mais après ce qu'ils avaient vécus tout le match, je pense que notre présence leur avait fait chaud au cœur, et leur geste n'était bien sur nullement pour cautionner les débordements d'avant match. Les tribunes du stade se vidèrent, nous restâmes une heure dans le parcage, puis on nous embarqua dans des bus direction la gare de Martigues où nous attendait un train spécial pour Paris. La tension était à son comble, tout le monde était sur le qui-vive, prêt à descendre à la moindre caillasse. Le bus de tête était rempli des hools les plus dures, et sur le port de Martigues, c est celui là qui se prit un beau petit pavé. Un des nôtres tira le frein à main ( !), et le chauffeur sous un gros coup de pression nous ouvrit les portes. Les assaillants étaient devant un bar, le contact fut rapide, les locaux se réfugiant à l intérieur du troquet dont une vitrine explosa par le lancé d'une mini-table extérieure. Mais déjà, civils et CRS se ruaient sur nous, et ça commençait à matraquer dans tous les sens. Rapidement, on regagna notre car. Les flics voulant cette fois monter avec nous, ils furent repousser à coups de pieds et de ceintures. Ils décidèrent de regagner leurs fourgons, et le convoi repris sa route. Notre chauffeur était complètement sur les nerfs, et on le surveillait dés fois qu'il fasse un malaise. Des qu'un groupe était aperçu à l'extérieur, des fusées partaient en leur direction. Notre bus prenait des allures de « Char Leclerc » ! Nous arrivâmes en gare de Martigues, où notre train nous attendait. La tension était remonté, et on se disait que notre petite virée touchait à sa fin.
Cette fois ci, nous étions environ 350 dans le corail spécial affrété par la SNCF, nous étions regroupés dans des compartiments dans plusieurs rames, une ou deux autres étant réservées aux CRS et à la police ferroviaire. Bref, nous étions biens encadrés, et tout le monde se vautrait sur les sièges, prêt à passer une nuit de repos bien mérité. Tout se passa calmement jusqu à l'arrivée en gare de Miramas, ou le train se mit à ralentir. Une pierre fracassa une des vitres du train. La réaction fut immédiate, les poignets d'alarme du train furent tirées, les portes s'ouvrirent sous notre pression, et une bonne partie du contingent parisien se retrouva sur la voie ferrée. Les marseillais furent vite repérés, un groupe se détacha et les chargea. Un autre groupe de parisiens s'occupant de tenir les CRS à distance, en balançant une pluie de pierres sur ces derniers qui étaient descendus eux aussi des wagons. Pendant ce temps là, l'autre section parisienne commençait à rentrer dans les rues de Miramas, les marseillais avaient disparus. Quand soudain une voiture roulant à très vive allure, frôla le cortège. La caisse était immatriculée 13, avec 5 types à l'intérieur. Charge immédiate des parisiens. Quand soudain les gars sortirent de la voiture avec des flingues ! ! Pris de panique, toute la troupe se mit à terre, ou se planqua derrière des voitures en stationnement. C'est avec un grand soulagement que l on constata que ce n'était que des flics en civils. Toujours le gun à la main, ils gueulèrent de regagner le train. Bon, tout le monde n'osa trop rien dire, l'assaillant n'étant pas visible, le retour au corail était la meilleure solution.
Au train, les CRS avaient remis tout le monde dans les wagons, menaçant que le train allaient repartir même s'ils manquaient du monde. Les gars restés dans le train assurèrent avoir vu passer une bagnole de SW, avec leur leader dedans, qui les auraient nargués. Suite à ce contre temps, un parisien fut arrêté et il passa 24h de garde à vue dans le midi. Les derniers parisiens remontaient dans le train avec quelques bons coups de matraques, et notre bon vieux corail se mit en route. Plus rien ne fut à signaler jusqu à Paris. Tout le monde salua les toulousains qui descendirent à Avignon afin de rejoindre la ville rose. Ensuite ce fut le traditionnel voyage interminable qu impose un corail, tout le monde dormant comme des kosovars, le squatte des portes bagage, etc...L arrivée à Paris la tête dans le cul, avec une gare de Lyon blindée de flics, le traditionnel pillage du journal du Dimanche, avec la délectation suprême de voir qu on fait les gros titres. Tout le monde se quitta rapidement, après deux nuits dans un train, moi, je ne pensais qu à ma couette. Ce déplacement resta pour tout ceux l'ayant fait, comme un des plus mythiques des indépendants parisiens. Niveau baston, le contact avait quasiment été nulle par rapport à d'autres déplacement, mais le fait d'être parti un jour avant, que la destination était Marseille, qu'on partait vraiment dans l'inconnu. Tout cela a contribué à rendre inoubliable cette virée. Nous voulions marquer les esprits de tout le milieu supporter français, la couverture médiatique de notre périple dépassa largement nos espérances. « Le retour de la horde sauvage »(France-Soir) ; « Le terrible réveil de hooligans parisiens »(Le Parisien) en furent des exemples. Sans compter la TV, et les articles de la presse marseillaise (Le Méridional, Le Provençal). Un peu plus d un an après le célèbre déplacement du 29 Mai 1993, les fans parisiens avaient à nouveau fait parler d'eux dans le Sud. L'objectif était atteint.
Puis la Coupe de France va nous donner avec bonheur un bon vieux PSG/OM au Parc des Princes en demi-finales, à défaut d'une finale… En effet, il est plus facile de gérer pour la police une demi-finale avec 3000 marseillais encadrés que 20 000 phocéens en indépendants… Truqué le tirage ? ?…Non… Donc, Coupe oblige, la tribune F sera entièrement marseillaise. Cette année, pas de problème de places. Le match aura lieu le 11 avril 1995, en pleine semaine, mais pendant les vacances. Les journaux, vont comme d'habitude faire monter la pression au fil des jours précédents la rencontre. La parole est donnée aux supporters des deux camps, la rivalité dans les tribunes d'un PSG/OM est vendeur… Les marseillais arrivent à la gare de Lyon, et sont installés dans des cars direction le Parc des Princes. Prés du Parc, c'est déjà la grosse affluence du coté de la Porte de St Cloud. A partir de 17 h, prés de 500 supporters tournent dans les environs du stade à la recherche de groupes de marseillais en indépendant… N'ayant rien à se mettre sous la dent, prés de 200 hools prennent la direction de Roland Garros vers 18h00, et marchent en silence vers l'avenue Gordon-Benett, lieu de parcage habituel des ultras adverses. Une camionnette et une voiture de police commencent à suivre le groupe, ce dernier accélérant le pas, et soudainement se met à courir en hurlant vers le carrefour du parcage marseillais. Les CRS reculent, des fusées sont tirées, les flics répondent par des lacrymos. Les parisiens sont en face des marseillais, séparés par une trentaine de CRS. Les premières barrières métalliques commencent à voler, quand les renforts policiers arrivent. Le groupe parisien recule, puis va se reformer une centaine de mètres + loin, et attaque un fourgon de police, qui va passer à deux doigts d'être renversé. Sur le chemin du retour vers le Parc, de multiples incidents vont se produire avec les flics. Au moment de l'attaque, les plus virulents marseillais n'étaient pas encore là. La tension monte aux abords du Parc. Vers 19h - 19h30, une petite centaine de hools parisiens du noyau dur décident d'attendre les marseillais devant la F, coté présidentielle. Un autre groupe de 150 à 200 personnes se poste de l'autre coté, entre la Porte Molitor et la tribune Auteuil. Ces derniers vont avoir de la chance… En effet, ces derniers vont se retrouver nez à nez avec les cars SW87 qui commençaient à sortir du périphérique. Une pluie de projectiles s'abat sur le bus de tête, qui recule, et se met à l'abris sous le pont. La plupart des vitres sont cassées. Les winners sortent, et restent au début à l'abri sous le pont, car dehors c'est un déluge d'objet divers (bouteilles, branches d'arbres, pierres, panneaux de signalisation…). Le chaos dure 5 bonnes minutes, jusqu'à ce que les CRS chargent. Les winners remontent en courant la rampe d'accès, et se font coincer par les flics. Les parisiens pendant ce temps se font chasser par les civils et les CRS, ça courre de partout, le groupe va finalement être pris en tenaille… Prés de 150 arrestations vont avoir lieu (sûrement un record pour un match français !…). Les parisiens devant la F, ne voient passer devant eux que des marseillais n'ayant pas trop le profil ultra… Car les cars FUW suivaient ceux des winners !… Le cortège ultra marseillais va donc passer devant Auteuil pour aller à la F : deux cortèges différents en tout… Les derniers irréductibles parisiens sont repoussés vers Boulogne. Le match peut commencer. Le PSG va gagner logiquement 2-0. Les ultras marseillais sont en F Bleu, les + softs en Rouge. Ils vont réaliser une grande prestation visuelle et vocale durant tout le match. Plusieurs sièges vont être jetés sur la pelouse ou en F Rouge ( !) par les ultras Mars à la fin du match… La sortie du stade sera comme d'habitude un peu chaude avec les CRS et parisiens, un dernier décrassage avant de rentrer à la maison…
saison 98-99
Quelques mois auparavant des membres de la tribune Auteuil (T.M 93) casse une voiture et vol la bâche à l'intérieur en l'occurrence celle du C.U 84 "extérieur" faut-il préciser que les occupants étaient absents. Tout ce stratagème lors d'un match amical.
En dehors du stade cela pète sérieusement les actifs du K.O.B tentent à plusieurs reprises de forcer les barrages des C.R.S. Les Marseillais réunis en cortège entonnent de nombreux chants Anti/Parisiens. A force de tentatives, parisiens et marseillais se retrouvent à quelques mètres, seul un faible barrage de C.R.S séparant les deux groupes. Fusées et autres artifices sont échangées mais très rapidement la police en civil intervient massivement et les parisiens rebroussent chemin.
Les Marseillais rentrent très tôt dans le stade et prennent l'initiative d'investir la pelouse du Parc des Princes et tentent de s'octroyer quelques bâches tout en invitant les TM 93 à se joindre à eux un pugilat commence.
Une fois le calme rétabli, un match se déroule, victoire laborieuse des parisiens, le K.O.B après avoir fait quelques incursions dans les tribunes jouxtant la leur (bagarres avec des jeunes banlieusards), envahissent la pelouse, la police est rapidement débordé, tout le monde se précipite vers le secteur marseillais.