DAKAR, 4 oct (AFP) - "L'OM, c'est la première équipe de football du Sénégal. " André Ndione, gendarme à Colobane (quartier de Dakar) est formel: "avant pour les plus vieux c'était Saint-Etienne, mais maintenant, depuis les Papin et les Waddle, c'est Marseille."
Dans la caserne, tous les collègues se sont cotisés pour suivre les matches sur la télévision par satellite. "Des fois, devant l'écran dans la cour, on est des centaines", confie-t-il.
"On est même des milliers dans tout le Sénégal, plus que les supporteurs marseillais", renchérit Abdou, assis sur les marches d'une boutique de la rue Carnot, dans le centre de Dakar.
Petits, adolescents, et plus vieux, footballeurs ou simples amateurs, l'Olympique de Marseille, où évoluent actuellement cinq Sénégalais (Sylvain et Leyti Ndiaye, Lamine Sakho, Habib Beye, Rachmane Barry), séduit beaucoup d'admirateurs, parfois convaincus de longue date.
Souleymane Diop suit l'équipe depuis 1979, "bien avant les bons résultats des années 90", et a créé un fan-club chez lui. Au total, vingt-sept années de passion jamais entamées par les sombres affaires de transferts, ni les récents mauvais résultats.
Et pourtant, à 43 ans, Souleymane, comme la majorité des Sénégalais, n'a jamais assisté à un match au stade Vélodrome, ni rencontré ses joueurs préférés, et encore moins vu Marseille. Souleymane Diop n'a tout simplement jamais foulé le sol français. "En rêve" seulement, avoue-t-il sous un parapluie détrempé, par une après-midi pluvieuse sur la petite plage de l'île de Ngor, au nord de Dakar.
Qu'importe. "L'OM est une grande équipe, elle a fait ce que le PSG n'a jamais fait", explique-t-il. "Et puis, il y a toujours des joueurs sénégalais qui sont là-bas. Même le directeur sportif, Pape Diouf, est Sénégalais."
Tenue complète
Pour Jean-Baptiste Ndiaye, ancien footballeur à la Jeanne d'Arc (une des grandes équipes de Dakar), qui ne se sépare jamais de son "maillot original made in France", "Marseille, c'est comme chez nous: on a de la famille là-bas, c'est normal que l'on supporte l'équipe. Quand ils ont gagné la Coupe d'Europe contre Milan en 1993, tu te croyais à Marseille."
A Dakar, aucun magasin officiel "Droit au but", mais le fameux logo inscrit à la peinture blanche sur le bitume de certaines rues du quartier de Yoff, au nord de Dakar, ou sur quelques pirogues, tel un parraineur officiel local.
Dans les boutiques, les vendeurs étalent fièrement, en première ligne de leurs articles vestimentaires, les maillots bleu méditerranée de contrefaçon, que les banas banas (vendeurs ambulants) n'hésitent pas à proposer le temps d'un feu rouge, aux automobilistes de passage.
Résultat, chaque coin de rue a son petit Mido de 8 ans ou son Ndiaye de 35 ans. Même les filles arborent la tenue complète les jours de match. "L'écharpe en moins, avoue Fatou en attendant le Niaga Diaye (bus), parce qu'ici on ne la trouve pas."
Au quartier Sacré Coeur, dans un immeuble branché sur parabole, deux étages sur quatre sont allumés sur Canal +. "C'est Marseille-Istres", précise Mohamed, supporteur depuis sa tendre enfance.
Au rez-de-chaussée, voisins ou passants discutent. Quelques retardataires demandent le score. Mohamed, la tête rivée sur le petit écran, s'énerve, fait signe aux plus jeunes de s'asseoir. "Ils ont marqué un but." Pour lui, pas question de rater une seule seconde de l'événement. "Ce club est dans mon coeur", assure-t-il.
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