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Le musée Munch rouvre ses portes deux jours après le vol du "Cri"
Mardi 24 aout 2004 - 16:09
"Le Cri" de Edvard Munch
© AFP/Scanpix/Archives
Le musée Munch d'Oslo a rouvert ses portes mardi, deux jours après le vol brutal du "Cri" et de "La Madone", les deux chefs d'oeuvre d'Edvard Munch, qui a plongé la Norvège dans un état de choc.
Placée sous une pression énorme, la police d'Oslo a au même moment indiqué qu'elle ne privilégiait toujours pas de piste particulière.
"Nous continuons à recevoir des tuyaux en même temps que nous procédons à l'analyse d'indices, notamment ceux retrouvés dans le véhicule volé", a déclaré à l'AFP Iver Stensrud, responsable de la section de lutte contre le crime organisé de la police d'Oslo.
Les voleurs ont toutefois compliqué la tâche de la police en vidant le contenu d'un extincteur dans la voiture à bord de laquelle ils ont pris la fuite, afin d'effacer leurs traces ADN.
Les résultats des analyses ne devraient pas être connus avant "quelques jours", a précisé M. Stensrud.
Les enquêteurs étudient au moins trois pistes: un vol commandité par un collectionneur peu scrupuleux, un "enlèvement" destiné à obtenir une rançon ou une action spectaculaire censée attirer l'attention sur ses auteurs.
Les tableaux étant trop connus pour être écoulés sur le marché de l'art, les experts estiment que les voleurs espèrent vraisemblablement obtenir une rançon.
Selon certaines estimations, la valeur combinée du "Cri" et de "La Madone", qui n'étaient pas assurés contre le vol, pourrait atteindre 100 millions de dollars.
Le musée Munch a rouvert mardi à 10H00 GMT. L'emplacement où étaient présentés les deux tableaux reste vide, le directeur du musée Gunnar Soerensen ayant décidé pour l'instant de ne pas sortir des réserves le deuxième exemplaire, moins abouti, du "Cri" détenu par son établissement.
A cette occasion, le maire d'Oslo Erling Lae a rendu hommage au personnel. "Les gardiens se sont retrouvés dans une situation difficile à vivre. Ils se sont très bien comportés et ont fait un travail formidable", a-t-il déclaré, selon l'agence norvégienne NTB.
Le dispositif de sécurité du musée est pourtant l'objet de diverses critiques depuis le vol.
Les voleurs s'apprêtent à s'enfuir après avoir dérobé deux tableaux d'Edvard Munch, dimanche à Oslo
© AFP/SCANPIX
Il n'avait fallu que quelques minutes à deux individus cagoulés pour s'emparer en plein jour des deux chefs d'oeuvre en tenant une employée de sécurité en respect avec une arme à feu. Tout cela sous le regard médusé de nombreux visiteurs.
Les deux tableaux, reliés à un système d'alarme silencieuse, étaient accrochés aux cimaises par de simples cordons métalliques.
Soulignant qu'il s'agissait de la première attaque à main armée jamais commise dans un musée norvégien, les responsables de la municipalité d'Oslo, légataire de l'oeuvre de Munch (1863-1944), estiment que toutes les mesures de sécurité avaient été prises "dans la mesure de ce qui est prévisible".
Selon le journal Dagsavisen, le musée s'était vu attribuer en mars quelque 500.000 couronnes norvégiennes (plus de 60.000 euros) pour renforcer son dispositif dans le cadre des dotations de la Direction nationale du patrimoine.
Dans son édition parue mardi, le magazine norvégien Se og Hoer, spécialisé dans les informations glamour et la vie des stars, a pour sa part promis une prime de 100.000 NOK (12.100 euros) pour le retour des deux chefs d'oeuvre.
"J'espère qu'une prime fera que Se og Hoer ou la police recevront des informations sur l'endroit où se trouvent les peintures", a expliqué le rédacteur en chef de la publication, Odd Johan Nelvik.
La police s'est montrée sceptique envers l'initiative de la publication.
La municipalité d'Oslo, elle, n'envisage toujours pas de verser de prime malgré les appels en ce sens de certains experts.