Plus gros transfert de l’histoire du FC Porto, l’ancien milieu de l’OM connaît une adaptation difficile.
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HUGO DELOM
Ce soir, Giannelli Imbula retrouvera Chelsea. Un club dont il aurait pu porter les couleurs... Pas un mois, ces dernières années, sans que Guy Hillion ou Tony White, scouts du club londonien en France, ne viennent superviser le natif de Vilvorde (Belgique). Séduits par son indéniable potentiel, les Blues, plus dubitatifs sur son jeu sans ballon, ne sont finalement jamais vraiment passés à l’action. Même s’ils ont toujours gardé le contact avec son père, le facétieux Willy Ndangi.
Les années ont filé et le diagnostic initial n’a pas beaucoup évolué. Arrivé en juillet au FC Porto avec la lourde étiquette de transfert le plus important de l’histoire du club (23 M€), l’ancien Marseillais (5 matches, 1 passe décisive) déçoit. Un quotidien portugais barrait récemment une double page d’un titre définitif : « Aboubakar oui, Imbula non ! » Au fil de prestations souvent quelconques, l’image de nouveau Patrick Vieira s’est donc brouillée. « Par rapport à ses qualités techniques, sa capacité à transpercer les lignes, sa progression avec Marcelo Bielsa, je pensais que ce serait plus rapide pour lui au Portugal », s’étonne Élie Baup, son premier entraîneur à l’OM.
UN ACCROCHAGE AVEC LOPETEGUI
Resté sur le banc face au Dynamo Kiev (2-2) lors de l’entrée en C 1 puis le week-end dernier contre Moreirense (2-2), Imbula soulève pourtant de nombreuses interrogations. Tactiques d’abord. Sous la direction de Julen Lopetegui, le FC Porto – et son immuable 4-3-3 – a évolué parfois dans un 4-2-3-1. Dans un rôle de milieu défensif, Imbula a multiplié les touches de balle sur les rares ballons qu’il a eu à jouer. Avec une efficacité toute relative.
Défensivement, sa capacité à assurer l’équilibre du bloc et son impact dans les duels font débat : « Le système du FC Porto demande de l’exigence tactique et ça, il ne l’a pas. On le sent parfois perdu dans le positionnement », analyse un agent, proche du club. En concurrence avec André André, Danilo Pereira ou Ruben Neves, le gamin d’Argenteuil (23 ans) a sans aucun doute des qualités à même de faire de vraies différences en Liga NOS. « Sur ses qualités, Giannelli peut jouer dans n’importe quel club en Europe, explique Jocelyn Gourvennec, son ancien entraîneur à Guingamp, qui avance une explication à cette intégration en demi-teinte. On le voit avec les milieux de l’OM aujourd’hui, ils ont du mal après une année de marquage individuel à se ‘‘recaler’’ en zone, Giannelli a peut-être aussi des difficultés par rapport à ça ». Le technicien breton propose une autre piste : « Ce poste-là, c’est avant tout de la bagarre. La question avec Giannelli, c’est toujours : le veut-il ou pas ? Avec lui, ce n’est qu’une histoire de volonté. »
Se pose donc la question de la personnalité du joueur, qui, cet été, avait initialement choisi le Valence CF. Le caractère ombrageux du jeune homme pèse-t-il ? Au cœur de l’été, un accrochage l’a opposé à Julen Lopetegui. Les causes de cet incident n’ont pas filtré, mais il a fallu que Vincent Aboubakar, l’un des proches du Français, le pousse pour renouer ce lien distendu avec le technicien espagnol, étonné par le peu d’appétence d’Imbula pour la préparation physique. « Je sentais avec Bielsa qu’il avait évolué d’un point de vue mental. Giannelli est quelqu’un d’intelligent qui, s’il ne va pas reconnaître ses torts publiquement, n’est pas buté », analyse Baup.
Sous pression pour obtenir son premier titre de champion, Lopetegui, malgré le montant du transfert et son statut de joueur de Doyen Sports (fonds d’investissement à l’origine de l’arrivée d’Imbula), n’est pas nécessairement connu pour sa patience. A fortiori pour un joueur dont on dit, au Portugal, que le transfert l’été prochain vers l’AC Milan, dont les propriétaires sont proches de Doyen, est déjà réglé. D’ici là, Imbula, annoncé titulaire ce soir, a neuf mois pour convaincre.