Gérard Gili, a entraîné l’OM à deux reprises, avec des titres pendant la période Tapie, (auteur d’un doublé en 1989 et d’un titre de champion de France en 1990) et à la remontée de l’OM en 1995-97. Il reste ainsi un observateur privilégié de l’histoire olympienne. Cela fait 7 mois depuis son retour du Qatar, qu’il a pris un certain recul par rapport à ce métier pour profiter de sa famille et de la vie en général. De retour dans la région marseillaise, qu’il n’a jamais vraiment quittée, il a repris un abonnement au stade Vélodrome comme un illustre inconnu. Aujourd’hui, il prend plaisir à venir voir l’OM « en simple supporter ».
- Gérard Gili, peut-on parler de vous comme d’un jeune retraité ?
- Je goûte un repos bien mérité. Je jouis de la vie, de ma famille, avant peut-être de reprendre une fonction dans le foot. Après le Qatar, j’ai eu envie de me poser un certain temps pour profiter des miens. Je regarde mes petits enfants grandir. Le Qatar, c’est facile quand tu as des résultats, et au début ça l’a été. Quand c’est difficile, il ne s’embarrasse pas de formules pour te faire partir, tu peux être viré par sms. Aujourd’hui, mon seul projet à court terme, c’est de trouver du bien être dans la région.
- Vous allez tout de même au Vélodrome ?
- J’ai pris deux places d’abonnement et j’y vais incognito.
« Le Vélodrome, un amplificateur de plaisir ! »
- Comment le trouvez-vous justement ce nouveau Vélodrome ?
- Je le trouve magnifique. Et je pense à tous ces gens qui ont la possibilité d’y travailler, il faut qu’ils goûtent ce privilège car c’est sans doute le plus beau stade de France. Cette ambiance doit porter tout le monde. C’est un amplificateur de plaisir.
- Vous auriez envie d’entraîner dans cette ambiance ?
- Ca fait envie, c’est sûr. Nous, dans l’ancien stade, nous étions portés par l’histoire du club. Ensuite il y a eu des transformations pas forcément heureuses. Aujourd’hui démarre vraiment une nouvelle histoire.
« Les joueurs adhèrent à 100% »
- Que pensez-vous de cette équipe marseillaise ?
- Ce qui est vraiment intéressant, c’est l’état d’esprit. On sent une adhésion de tous les joueurs au projet de Bielsa. Cela se matérialise par une débauche d’énergie qui étouffe l’adversaire, et qui met le feu au stade. On voit beaucoup de points forts chez cet OM, et de transformations radicales chez ces joueurs qui étaient tous là l’an passé. Cela prouve l’influence que peut avoir un entraîneur sur un groupe. Il est toujours plus important que l’on présente habituellement.
- Qu’a t-il apporté Bielsa selon vous ?
- L’atmosphère de travail, c’est certain. Mais cela passe aussi par une forme de travail différente, et ca passe par sa capacité à se faire entendre des joueurs. Car beaucoup d’entraîneurs souhaitent mettre une pression très haut pour la récupération du ballon, mais pas tous se font entendre ; bielsa met une pression positive sur eux et contrairement à ce qu’on peut penser, il doit beaucoup leur parler et les encourager. Malgré son exigence, les joueurs adhèrent à 100% à ce qu’il préconise. Les joueurs ont envie de lui faire plaisir. Ils adhèrent à la méthode, à l’objectif qu’il leur désigne tous les jours. C’est un tout, et sa façon d’être, de s’exprimer, c’est tout ce qui permet de réussir cette transformation.
« Oui, l’OM est le rival du PSG »
- Et dans le jeu ?
- La défense se met en place très rapidement dès la perte du ballon. Du coup, quand tu fais tout pour le récupérer très haut, tu es tout de suite en position d’attaquer. La transformation est là, tu ne perds pas de temps pour t’organiser pour repartir. Ainsi tu étouffes l’adversaire et tu relances immédiatement les actions. Et la récompense vient tôt car tu récupères très vite, dans une situation proche du but.
- Cela ressemble à une équipe marseillaise que vous avez entrainée ?
- La deuxième année (1989-1990), c’était à peu près ça. L’équipe ne reculait jamais et était en situation d’attaque, très vite et en nombre. On allait d’une récupération rapide à une phase finale d’attaque très rapidement.
- Vous voyez L’OM en rival du PSG ?
- Oui, je les vois en rival du PSG, car ils ont aussi un calendrier qui correspond à leurs moyens physiques. La récupération, ca pompe beaucoup d’énergie, on l’a vu contre Saint-Etienne où ils ont un peu faibli en seconde période avec un milieu déserté. Ce jeu exige une condition physique maximale mais l’OM doit surmonter ce paramètre, surtout avec une Ligue 1 aussi faible. Certaines équipes sont en Ligue 1 par hasard, et plus encore, pour moi, certains joueurs qui n’auraient jamais dû signer un contrat pro. Ils ne réussissent ni un contrôle, ni une passe, ils ne disposent d’aucune des qualités pour être pro.
« Accepter Bielsa tel qu’il est »
- Que pensez vous de la communication de Bielsa ?
- Il est venu ici en patron du sportif. Il est complètement autonome dans sa démarche, comme il l’a toujours été dans sa vie. Quand il ne l’est plus, il s’en va. Alors, oui, il s’est exprimé, et cela ne surprendra plus quand il le fera encore. Et je trouve très intelligente la position de la direction, de ne pas envenimer le conflit. Il faut prendre en considération la personnalité de Bielsa si l’on veut travailler avec lui. Un conflit avec lui n’avait aucun intérêt pour le club, n’en déplaise aux beaux penseurs en tout genre, adeptes de la sanction et du yaka. Cela a été géré intelligemment, parce que il n’était pas nécessaire de se mettre en opposition avec son entraîneur. Surtout avec les résultats qu’il a et le spectacle proposé. Il fait son job avec ses particularités, avec de l’énergie, du cœur.
- Labrune est en première ligne ?
- Mais c’est normal en tant que président. Il est le responsable du projet, c’est sa fonction qui l’exige d’assumer ce qui se passe.
- Donc aujourd’hui, vous êtes un supporter de cœur ?
- Je viens au stade avec un réel plaisir. Je suis vraiment dans la peau d’un supporter. Je suis au milieu des gens, dans l’ambiance du stade et je trouve ça très sympa. Et cette façon de jouer de cette équipe, de tout donner, de s’impliquer totalement rend encore plus supporter. Le plus flegmatique d’entre eux a envie de se lever, d’encourager cette équipe. Car on sent l’effort qui est fait à chaque instant, c’est tellement rare.