par Dragan » 10 Aoû 2024, 08:30
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Koji Nakata Marseille (janvier 2005-janvier 2006) “cet a priori était méprisant”
C’est une séquence d’à peine quelques secondes, “un mème” comme on dit maintenant, c’est-à-dire une vidéo devenue virale. Tellement “mème” qu’elle en reste culte. Au point que le nom de Koji Nakata, dont le passage à l’OM aurait dû rester confidentiel, est, quasiment vingt ans plus tard, parfaitement identifié par les suiveurs de Ligue 1. Pas grand monde n’a oublié ce 6 mars 2005 où, sous la neige recouvrant Geoffroy-Guichard, Nakata avait tenté un enchaînement contrôle de la semelle du gauche–passe du gauche, sans se rendre compte qu’entre les deux gestes le ballon avait fichu le camp. Souvenir cocasse en apparence, l’affaire est pourtant plus révélatrice qu’il n’y paraît, comme nous l’explique Philippe Troussier, qui avait fait venir Nakata sur la Canebière à l’hiver 2004-2005.
“J’ai découvert Koji en sélection du Japon U20, avec laquelle on a atteint la finale mondiale 1999 face à l’Espagne de Xavi (0-4). Après, je l’ai pris aux Jeux de Sydney en 2000 puis à la Coupe du monde 2002. Il jouait souvent comme milieu défensif, il avait une belle intelligence de jeu, belle passe, pur gaucher et c’est alors que je l’ai mis central gauche dans une défense à trois, notamment pour sa qualité de relance.” Malgré le portrait-robot plutôt flatteur et un CV international solide, l’accueil de Nakata va se révéler des plus mitigés.
“Zidane a fait le même raté sans que l’on en fasse un plat”
“Quand il est arrivé, il y avait des réticences dans les médias et chez les supporters, se remémore Troussier. Un peu comme si je vous proposais une voiture slovène, vous auriez un réflexe de recul. Pour le foot, c’est pareil, un Japonais n’était pas synonyme de qualité.” Et selon Troussier, le traitement de la fameuse action traduit en réalité beaucoup de choses. “C’est très symptomatique de cet a priori hyper négatif, voire méprisant. J’ai vu Zidane faire plus ou moins le même raté quelques années plus tard, personne n’en a fait un plat. J’ai trouvé cet épisode navrant car on ne s’est pas moqué de l’action mais du joueur. C’est comme si cette séquence était la preuve qu’à l’époque un joueur japonais était forcément bidon. Beaucoup ont trouvé cet épisode très marrant ; moi, je le trouve affligeant. Koji était très pudique, donc il n’a pas montré si ça le touchait. Mais je pense qu’il en a souffert.”
Aujourd’hui, Troussier prend sa part de responsabilité. “En le faisant venir du Japon, j’ai sous-estimé la question de l’adaptation culturelle à un contexte marseillais tellement différent pour lui. Et je dois avouer que sous la pression médiatique et des supporters, je l’ai sans doute un peu lâché (5 matches sous ses ordres, 10 la suivante avec Jean Fernandez). Pour ne pas le mettre davantage en danger, et avec lui l’équipe et moi-même.” Tout bien réfléchi, oui, cette action était drôle. Mais peut-être pas tant que ça. h D. A.
L'Equipe
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