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Dragan Stojkovic, sélectionneur de la Serbie, joue sa crédibilité contre le Danemark
Le sélectionneur de la Serbie Dragan Stojkovic vivra un tournant de sa carrière de technicien, mardi soir face au Danemark, alors que son équipe ne compte qu'un point après deux matches. Une seconde élimination d'affilée dès le premier tour d'un tournoi majeur, après la Coupe du monde 2022, passerait mal.
Arsène Wenger avait dit de lui qu'il avait le profil idéal pour lui succéder un jour à la tête d'Arsenal : « Nous aspirons tous deux à un football parfait. » C'était en 2011, dans le média serbe Vecernje Novosti, un an après que Dragan Stojkovic est parvenu, pour sa première expérience sur le banc, à offrir au Nagoya Grampus le premier titre de champion du Japon de son histoire.
L'ancien milieu de terrain (59 ans), passé notamment par l'OM (1990-1994), y avait fini sa carrière de joueur, en 2001, après avoir notamment évolué deux années sous les ordres de Wenger (1994-1996). Il a eu plusieurs casquettes ensuite : président de la Fédération serbe, président de l'Étoile Rouge Belgrade (2005-2008), avant de bifurquer vers le métier d'entraîneur, au Japon d'abord, puis en Chine, au Guangzhou R & F (2015-2020), jusqu'à sa nomination au poste de sélectionneur de la Serbie, le 3 mars 2021.
Un cursus atypique pour l'ancienne légende du football yougoslave, un joueur dont Diego Maradona avait fait l'éloge après avoir croisé sa route avec l'Argentine lors de la Coupe du monde 1990 (0-0, 2-3 aux t.a.b., en quarts de finale). « En général, on devient sélectionneur quand on a déjà dirigé beaucoup de matches dans sa vie. Lui, il a fait le contraire, souffle Dusan Savic (69 ans), ancien attaquant de l'Étoile Rouge Belgrade et de la Yougoslavie (12 sélections). C'est un grand nom du football mondial, et je suis sûr qu'il a l'ambition de prendre un jour une bonne équipe en Europe. Mais pour ça, il faut faire de bons résultats avec la Serbie... »
Vidic lui a reproché son salaire
Ces derniers temps, Stojkovic a pu constater qu'il n'avait plus le vent dans le dos, après des débuts brillants matérialisés par une qualification pour la Coupe du monde 2022, arrachée sur la pelouse du Portugal lors de la dernière journée des éliminatoires (2-1). Les flèches sont notamment venues de l'ancien défenseur Nemanja Vidic, candidat battu à la présidence de la FFS en 2023, qui avait critiqué ses émoluments (8 M€ par an).
Mais les médias ne l'ont pas épargné non plus : l'élimination de la sélection serbe dès la phase de groupes, au Qatar, a marqué un virage, et la campagne de qualification pénible à l'Euro 2024 a encore accentué les doutes à son égard. Il lui a notamment été reproché les deux nuls concédés contre la Bulgarie (1-1, 2-2) et les deux défaites face à la Hongrie (1-2, 1-2). « C'est un grand nom du football serbe, et les gens imaginaient que le grand joueur serait forcément un grand entraîneur, souligne un proche de la sélection. Ils commencent à ouvrir les yeux. C'est quelqu'un qui improvisait avec talent lorsqu'il était joueur, et il pense qu'il peut aussi le faire en tant qu'entraîneur. Parfois, ça marche, comme au Portugal où il a fini avec quatre attaquants. Mais il ignore aussi certains fondamentaux. Il n'y a pas d'équilibre dans son équipe. »
« Il lui manque probablement de l'expérience dans des clubs européens pour connaître vraiment le métier, souligne encore Savic. Aujourd'hui, quand je regarde la Serbie, je ne vois pas un style de jeu identifiable. À partir du moment où on n'a pas été capable de terminer premier de cette poule - qui était probablement la plus faible -, on pouvait légitimement se demander ce qu'on allait faire en Allemagne. Les résultats sont en train de le confirmer. »
Battue d'entrée par l'Angleterre (0-1), la Serbie a limité la casse en fin de match contre la Slovénie (1-1), mais elle se retrouve à un pas de l'élimination avant sa confrontation contre le Danemark mardi. « Pour moi, c'est le match le plus important de sa carrière d'entraîneur, conclut Savic. C'est là qu'il peut faire de grandes choses ou perdre beaucoup. Si la Serbie est encore éliminée dès le premier tour, ça va être un coup très dur pour Piksi et notre football. » Réputé proche du pouvoir, Stojkovic a assuré ses arrières en prolongeant son contrat jusqu'en 2026 avant le début du tournoi.