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Accusé de racisme, l’entraîneur de l’US Orléans Bernard Casoni suspendu et visé par une enquête préliminaire
L’ancien international est visé ce mardi 10 octobre par une enquête préliminaire notamment pour injures publiques à caractère raciste après avoir été mis en cause par France Bleu. «Ils ne sont pas plus cons que des Maghrébins», a-t-il notamment dit à propos de ses joueurs.
par LIBERATION et AFP
publié aujourd'hui à 12h34
Le football français secoué par de nouvelles accusations de racisme. L’entraîneur du club de football d’Orléans (USO), Bernard Casoni, a été suspendu par son club après l’ouverture d’une enquête préliminaire consécutive à un article de France Bleu, publié ce lundi 9 octobre, qui le met en cause pour des propos racistes.
D’après le média public, cinq joueurs de l’USO font part de propos à caractère raciste tenus lors d’entraînements ou en vestiaire. Et même en conférence de presse. Une enquête préliminaire a été ouverte ce mardi 10 octobre par le parquet d’Orléans pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale et pour injures publiques à caractère raciste. La veille, c’est l’USO qui a annoncé l’ouverture d’une enquête interne après les révélations de France Bleu.
Le 21 septembre, à la veille d’un match contre Châteauroux, l’entraîneur avait livré en conférence de presse une sortie pour le moins problématique. «Ils [les joueurs, ndlr] ont des trucs où ils excellent. Mais il y a des choses où ce n’est pas suffisant. C’est là où tu dois être plus performant, où tu dois gommer ça. Mon rôle, c’est de leur dire, de leur montrer et de les aider à résoudre les problèmes. Voilà, c’est tout. Je l’ai fait dans tous les clubs où je suis passé, je l’ai fait avec des Maghrébins ! Ils ne sont pas plus cons que des Maghrébins, hein… Je veux dire, voilà, c’est le rôle d’un entraîneur.»
D’après France Bleu, ce n’est pas la première fois que Bernard Casoni sort cette phrase : «Vous n’êtes pas plus cons que des Maghrébins.» Plusieurs joueurs assurent qu’il en fait usage régulièrement. «Cette phrase sur les Maghrébins, on l’entend toutes les deux semaines à l’entraînement», assure un joueur auprès de la radio publique. Un autre rapporte une autre scène : «Nous étions en train de faire un exercice où deux équipes s’affrontent en cinq contre cinq. Mon équipe était composée uniquement de joueurs de couleur. Là, le coach dit “pas besoin de chasubles pour eux, ils sont déjà noirs”, soi-disant sur le ton de l’humour. Moi, ça m’a choqué.»
«Gravité des faits invoqués»
D’après un ancien cadre de l’USO, Bernard Casoni aurait aussi demandé à la cellule de recrutement du club à ce que l’effectif orléanais «soit blanchi». Son responsable, Matthieu Ligoule, ne confirme ni n’infirme les propos auprès de France Bleu : «Est-ce que l’entraîneur m’a demandé de blanchir l’effectif ? Je ne peux pas vous répondre. Il ne faut pas sortir cette phrase de son contexte. Il ne faut pas déstabiliser le club.»
«L’US Orléans a pris connaissance des accusations rapportées par France Bleu à l’égard de M. Bernard Casoni», indique dans un communiqué le club du Loiret qui occupe l’avant-dernière place du classement de National. «Au regard de la gravité des faits invoqués, le club a décidé de diligenter, sans délai, une enquête interne», ajoute le club, précisant qu’il «ne fera aucun autre commentaire sur cette situation avant le résultat de cette enquête». Il a également «pris la décision de suspendre M. Bernard Casoni de sa fonction d’entraîneur de l’équipe professionnelle pendant la durée de l’enquête interne».
Bernard Casoni, 62 ans, a été nommé entraîneur de l’US Orléans en juin. Joueur, il a remporté la Ligue des champions avec Marseille en 1993 et a été sélectionné 30 fois en équipe de France de football. Reconverti en entraîneur, notamment à l’Olympique de Marseille, il a également fait monter coup sur coup Evian Thonon Gaillard de National en Ligue 2, puis de Ligue 2 en Ligue 1 entre 2010 et 2012.
Contacté par France Bleu, il réfute les accusations de racisme. «Ma phrase sur les Maghrébins en conférence de presse, c’est pour dire à mes joueurs qu’ils sont aussi intelligents que des Maghrébins, répond Bernard Casoni. J’ai bossé six ans là-bas et vous pensez que je suis raciste ?» Concernant sa demande de «blanchir l’effectif», Bernard Casoni réfute avoir employé cette expression : «Je n’ai jamais demandé à blanchir l’effectif, moi je veux simplement qu’il y ait un équilibre dans l’équipe. Il ne faut pas qu’une communauté soit trop représentée. S’il y a trop de Créoles, ce n’est pas bon. Pareil s’il y a trop d’Africains ou trop de Blancs.» Enfin, à propos de sa phrase sur les Noirs à l’entraînement, le coach l’assure : «C’est du chambrage ! Je suis un gars du Sud [il est né à Cannes], c’est du football, ce n’est que du chambrage. Aujourd’hui, on ne peut plus rien dire.»