par Dragan » 27 Mar 2023, 08:22
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CORRECTIONNELLE; "L'agent de joueur nº1 se serait laissé impressionner ?"; Deux ans ferme ont été requis à l'encontre de Michel Gillibert et Richard Laaban pour des faits d'extorsion au préjudice de Jean-Pierre Bernès
C'est un petit geste amical qui pourrait bien faire basculer l'issue du procès. En arrivant au palais de justice de Marseille, ce mardi matin pour le deuxième jour du procès qui l'opposait à Michel Gillibert et Richard Laaban, Jean-Pierre Bernès a fait une bise au second.
Richard Laaban, affilié au grand banditisme marseillais, est pourtant soupçonné d'avoir tenté d'extorquer une rétro-commission occulte d'un million d'euros à Bernès, ex-dirigeant de l'OM et agent de joueur renommé. Me Bonfils, l'un des avocats de son co-prévenu, n'a pas manqué, dans sa plaidoirie, de relever le signe d'amitié, paradoxal dans une affaire où l'un est poursuivi pour tentative d'extorsion sur l'autre.
Prison ferme et fortes amendes requises
Après deux jours de débats, l'heure était hier aux réquisitions et à la défense. En 2014, l'ex-administrateur judiciaire Michel Gillibert avait été chargé par le tribunal de commerce de solder une vieille amende civile de plus de 11 millions d'euros datant de 1998. Jean-Pierre Bernès l'avait contractée lors d'une condamnation pour détournement de fonds quand il était dirigeant de l'OM. L'auxiliaire de justice avait alors mandaté Simon Fedon (décédé depuis) qui avait lui-même intégré Richard Laaban dans une boucle de négociations parfois tendues sur le montant (allégé) de l'amende assortie d'un dessous-de-table avec Jean-Pierre Bernès dans le courant de l'année 2015.
Pour la procureure Magali Raffaele, la menace et la connivence autour de l'administrateur ne faisaient aucun doute. "Il voulait 'faire raquer' Jean-Pierre Bernès et a donné en quelque sorte carte blanche à Simon Fedon pour arriver à ses fins. (...) Il n'est pas concevable que Michel Gillibert ait pu ignorer le projet qui se dessinait, la rétro-commission", a-t-elle pointé dans un réquisitoire précis, détaillant la chronologie des faits. "Pendant plusieurs mois, ils vont souffler le chaud et le froid pour faire raquer et craquer Jean-Pierre Bernès. (...) On est clairement sur une association de malfaiteurs". Et de conclure : "Michel Gillibert, en donneur d'ordre, provoque à la commission de l'infraction par ceux qui vont en devenir les acteurs principaux".
À l'encontre de Michel Gillibert, Magali Raffaele a requis 5 ans de prison dont 2 ferme et 150 000€ d'amende ; 3 ans de prison dont 2 ferme et une amende de 60 000 € pour Richard Laaban.
Du côté de la défense, les avocats, eux, racontaient une histoire différente. "Richard Laaban était dans une optique de séduction et non de menace", a affirmé avec énergie l'élève avocat Thomas Galtier, dans la première plaidoirie de sa carrière. Il en voulait pour preuve le ton amical relevé à de nombreuses reprises dans les écoutes téléphoniques entre son client et Jean-Pierre Bernès ("Je t'embrasse", "Je te laisse choisir le lieu et l'heure du rendez-vous"...). En écho, Me Selmi a appuyé pour dédouaner Richard Laaban : "Une contrainte morale, ce n'est pas un casier judiciaire". S'il a nié toute tentative d'extorsion, il a admis que le bakchich faisait "partie du logiciel" de son client.
"C'est peut-être juste une histoire d'amis et non de voyou", a tenté de son côté de démontrer Me Mathieu, conseil de Michel Gillibert. Son confrère, Me Bonfils, s'est chargé d'enfoncer le clou : "Le plus grand agent de joueurs d'Europe, habilité à négocier des contrats faramineux, s'est-il laissé impressionner ? Jean-Pierre Bernès n'a été ni menacé, ni contraint. Il leur a d'ailleurs raccroché au nez lors de l'un de leurs échanges..."
Ce sera au tribunal de trancher. Le délibéré est attendu lundi prochain.
La Provence
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Blanco / J. Firpo, Gigot, Seidu, R. Pereira / Harit, Soumaré, Ounahi, Mughe/ Ndiaye, Vitinha
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